Régionales : l'UMP se voit déjà battue

Alain Marleix, secrétaire d'Etat à l'Intérieur, l'a confié : il ne croit pas que la droite puisse l'emporter face à Jean-Jack Queyranne. L'UMP espère un bon score d'Europe-Ecologie pour semer la confusion à gauche.

Avec des amis comme ça, Françoise Grossetête (chef de file UMP) n'a pas besoin d'ennemi. C'est ce qu'elle a dû penser en lisant l'interview d'Alain Marleix, secrétaire d'Etat à l'Intérieur et aux collectivités territoriales, dans Aujourd'hui-en-France ce dimanche . "Six ou sept régions sont objectivement à la portée de la majorité : Champagne-Ardenne, Basse-Normandie, Pays de la Loire, Centre, Franche-Comté et même Paca, sans parler de l'Ile-de-France", estime-t-il. Pas un mot sur Rhône-Alpes qui paraît perdue d'avance pour la majorité présidentielle. Certes, le secrétaire d'Etat nuance son avis : "cette liste n'est pas exhaustive. A chaque région gagnée ce sera une victoire". Mais il n'empêche, cette opinion vaut tous les meilleurs sondages provenant de cet expert électoral de l'UMP qui s'attelle au redécoupage des circonscriptions.

Grossetête sur la sellette ?
Alors c'est vraiment perdu ? "Apparemment l'UMP n'y croit pas", biche Jean-Jack Queyranne, le président actuel. "Ce n'est pas la région la plus facile", euphémise Thierry Cornillet, conseiller régional (Parti radical). "Je ne suis pas sûr qu'on se donne tous les moyens de gagner", lâche-t-il sibyllin. Ce dernier se verrait bien prendre la tête de la liste de droite à la faveur d'un accord national entre sa formation, le Part radical, et l'UMP. Voici donc revenus les doutes sur la notoriété suffisante de Françoise Grossetête pour battre Queyranne. La députée européenne manque peut-être d'envergure. Des rumeurs de parachutage d'une figure plus charismatique ont brui, mais Eric Besson et Laurent Wauquiez, pressentis, auraient déjà décliné. Il est vrai que le procédé n'a pas vraiment réussi à Dominique Perben lors des municipales, pas plus qu'à Vincent Peillon aux européennes. L'intéressée balaie ces rumeurs "de journalistes". Chef de file elle est, tête de liste elle sera. Il est vrai que Françoise Grossetête a été clairement investie par les militants pour conduire la bataille en mars dernier. Elle compte s'appuyer sur "une équipe renouvelée de jeunes talents" pour gagner, même si elle reconnaît que Rhône-Alpes sera "une région difficile à reprendre". "Il y aura beaucoup de bonnes surprises, nous allons incarner la rupture", affirme-t-elle.
"Seul Michel Barnier aurait été mieux positionné mais il est au Parlement européen", réagit Michel Forissier, secrétaire départemental de l'UMP. "On a toujours ce débat sur sa supposée non capacité à rassembler mais Grossetête a montré l'inverse aux européennes", poursuit-il. Il est vrai qu'elle a surpassé tous ses concurrents, avec 28,3% des voix en Rhône-Alpes, contre 19,5% pour Michèle Rivasi (Europe-Ecologie) et 15,3% pour Vincent Peillon (PS). "C'est une parlementaire européenne aguerrie, très présente à Strasbourg", commente, vachard, Jean-Jack Queyranne. Comprendre : on la voit moins en Rhône-Alpes.

Europe-Ecologie devant le PS ?
Le président sortant n'est pas très inquiet. "Les européennes, élection à un tour, exprimaient une préférence des citoyens pour un parti. Cette fois, il s'agit de voter pour un projet, une équipe, un président. L'UMP n'est pas en capacité de rassembler au second tour", analyse-t-il. En clair, Françoise Grossetête peinera à trouver des réserves de voix entre les deux rounds pour l'emporter.
Un argument boomerang qu'entonnent aussi les élus de la majorité présidentielle pour créer la surprise. "Le report de voix au second tour risque d'être catastrophique pour Queyranne", souffle Michel Forissier.
L'UMP compte sur un bon score des écologistes pour semer la confusion dans le camp adverse. Est même évoqué le scénario d'un PS devancé par les écologistes, comme pour les européennes. "Peu probable mais pas irréaliste", estime Béatrice Vessiller (Les Verts), devenue pour le coup très "normande". Selon l'adjointe villeurbannaise, Jean-Jack Queyranne ambitionne de fusionner avec le Modem dès le premier tour, notamment pour conjurer cette hypothèse. Quelques dizaines de milliers de voix supplémentaires ne seront pas de trop pour virer en tête de son camp. Les centristes, divisés sur la question, n'ont encore rien décidé. "Seul un partenariat avec l'UMP est exclu", annonce Eric Lafond, coprésident du Modem dans le Rhône. Fervent partisan d'une liste autonome au 1er tour, le centriste estime toutefois qu'une alliance de second tour avec Queyranne est "possible". "Europe Ecologie sera devant le PS et Queyranne sera un président de région minoritaire", pronostique Michel Forissier. Entérinant, sans y prendre garde, la défaite de l'UMP...

Fabien Fournier

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