Jean-Jack Queyranne
© Tim Douet

Régionales : à gauche, une fusion sans effusion

Après 16 heures de négociations finalement très peu tumultueuses, le PS, le Rassemblement et le PC ont scellé une fusion technique de leurs listes. La participation à un exécutif a été balayée et l'accord programmatique ne surpasse les difficultés du mandat précédent. Nécessité a fait loi. Mais une autre alliance avec le PS pourrait peut-être apporter le supplément de dynamique qui ne transpire pas de l'accord passé avec Le Rassemblement et le PC.

Jean-Jack Queyranne lors des négociations d'entre-'deux tours des régionales

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Jean-Jack Queyranne lors des négociations d'entre-deux tours des régionales 2015

Des trois entre-deux tours qu'a vécus Jean-Jack Queyranne avec les écologistes, la cuvée 2015 restera la plus courte et la moins passionnée. "Il n'y a pas eu de cris, de menaces. Et on a mis une journée de moins qu'en 2010", se félicitait en fin d'après-midi ce lundi l'entourage du président PS du conseil régional sortant en Rhône-Alpes.

Au cours des 16 heures de tractations, très souvent entrecoupées par les apartés du Rassemblement, le fil des négociations n'a jamais été sur le point de rompre. Mais il n'a pas non plus créé un engouement en faveur de l'union. Les communistes ont rapidement donné leur accord et remisé leurs envies de tête de liste. Les écologistes l'ont, eux, joué profil bas. Les négociateurs du Rassemblement se sont bornés à demander à peine plus que ce que les tableurs Excel leur offraient.

Alors que de nombreux socialistes et le tête de liste PS dans le nouveau Rhône semblaient prêts à s'effacer au profit de Jean-Charles Kohlhaas, candidat régional du Rassemblement, ce dernier n'a pas formulé la demande. "Notre résultat décevant du premier tour ne nous permet pas d'avoir de grandes ambitions", explique le leader des écologistes. C'est au nom de cette même modestie que Le Rassemblement justifie son refus de participer à un exécutif au sein duquel un rôle marginal leur aurait été réservé. Loin du rapport de force de 2010 (Philippe Meirieu avait alors obtenu 17% des suffrages), le Rassemblement a décidé d'opter pour le service minimum : une fusion technique.

Jean-Jack Queyranne, qui voulait les intégrer dans son exécutif pour se prémunir de désistements au premier sujet sensible, a finalement plié devant leur refus. Les heures passant, la vision à court terme l'a emporté. "Discuter de l'exécutif avant l'élection n'avait pas vraiment de sens", démine-t-on dans l'équipe du candidat PS. Les socialistes ont donc accepté de ne pas compromettre les chances de victoire. Quitte à le regretter dans quelques semaines.

Jean-Charles Kohlhaas a justifié l'alliance, comme Cécile Cukierman et Jean-Jack Queyranne, par la nécessité de "faire barrage à la droite extrême représentée par Laurent Wauquiez". Au moment de recevoir la presse pour présenter leur union, l'ambiance n'était pas à la chaleur humaine entre les trois signataires. "L'accord positif et dynamique" décrit par Jean-Jack Queyranne peinait à s'incarner lors des interventions des trois alliés.

Une fusion a minima

Jean-Charles Kohlhaas, lors des négociations pour une alliance avec JJ Queyranne au 2e tour des régionales, le 7 décembre 2015 © Tim Douet

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Jean-Charles Kohlhaas, le 7 décembre 2015.

L'accord a minima signé ce lundi soir ne fait que perpétuer le mode de fonctionnement actuel des socialistes et des écologistes au conseil régional. Le rapport de force primera toujours en cas de victoire. Si le nombre d'élus écologistes est divisé par deux, ils formeront le groupe charnière capable de faire et défaire les majorités. Comme ce fut le cas pendant ces cinq dernières années parfois houleuses. Si Cécile Cukierman, chef de file des communistes, a promis que ses élus accompagneraient la majorité, Le Rassemblement est plus évasif.

Comme en 2010, des points de désaccord ont été clairement identifiés lors des négociations. "Nous ne sommes pas d'accord sur le Lyon-Turin ou d'autres projets en stand-by comme le Centerparcs. Ces désaccords, nous les avons depuis longtemps et on ne les effacera pas (…) Je n'ai jamais négocié ma liberté de parole. Ce qui s'est passé à la région continuera. Cela n'a pas empêché le conseil régional de travailler pendant cinq ans", avance Jean-Charles Kohlhaas.

Les tiraillements récurrents dans la majorité de gauche ont scandé le mandat qui s'achève et l'ont même terni pour de nombreux socialistes. Mais, face au péril Wauquiez, nécessité a fait loi pour Le Rassemblement et les socialistes. "Nos électeurs n'auraient pas compris que nous ne fassions pas alliance", répétaient en boucle les trois partis toute la journée de lundi.

Sur l'aspect programmatique, la poursuite du moratoire sur les OGM et les gaz de schiste a été actée. Jean-Jack Queyranne a aussi fait siennes quelques idées développées par ses alliés lors de la campagne : priorité à l'emploi ou création d'emplois dans le secteur de la rénovation thermique des habitations.

Une alliance avec les socialistes lyonnais ?

Jean-Jack Queyranne se montre plus rassembleur, mais à peine plus optimiste : "Nous verrons quand viendront les dossiers à l'ordre du jour. Mais chaque perspective est la bienvenue (…) On se retrouve sur l'essentiel." La fusion avec les communistes et Le Rassemblement scellée, Jean-Jack Queyranne a ouvert lundi soir un autre front. Celui de l'alliance avec les socialistes. Du moins ceux de Lyon.

Après des mois de tension ou d'ignorance, le dialogue semble reprendre entre le président sortant du conseil régional et Gérard Collomb. Leurs cabinets respectifs ont échangé depuis dimanche soir. "Le fait que notre liste arrive en tête dans la métropole et à Lyon peut inciter Gérard Collomb à nous soutenir", espère-t-on dans l'entourage du chef de file PS.

Le meeting de Jean-Jack Queyranne, initialement prévu jeudi soir, a été avancé à mercredi et relocalisé à Lyon. Le conseil métropolitain doit se réunir jeudi. L'équipe de Jean-Jack Queyranne s'adapte donc au calendrier du maire de Lyon. L'entourage de Gérard Collomb avance qu'une action publique entre les deux pourrait avoir lieu d'ici la fin de semaine, sans valider sa présence au meeting de mercredi soir. Les proches des deux barons socialistes s'accordent toutefois à dire que leur "guerre doit cesser". Lundi soir, Jean-Jack Queyranne semblait prêt à décrocher son téléphone. "Toutes les voix vont compter et, à Lyon, on peut trouver quelques réserves", espérait un candidat socialiste. Cette alliance apporterait aussi un supplément de dynamique à Jean-Jack Queyranne, dont l'alliance a minima avec les communistes et le Rassemblement manque.

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