"Marleix et Hortefeux n'en ont rien à faire de la parité"

La réforme des collectivités territoriales, examinée à partir du 15 décembre au Sénat, menace la parité en politique. Elle prévoit l'élection de nouveaux élus locaux : les conseillers territoriaux, moins nombreux, mais surtout plus masculins, qui remplaceront les conseillers régionaux et généraux (région + département) en 2014. Pascale Crozon, députée socialiste du Rhône, se bat contre la réforme.

Actuellement la loi prévoit qu'autant d'hommes que de femmes soient présentées sur les listes des partis aux élections régionales et municipales. Mais, le projet de loi porté par Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur et Alain Marleix, expert électoral de l'UMP pourrait sonner le glas de la parité en politique locale.

Dans les futurs conseils territoriaux qui remplaceront les conseils régionaux et généraux (région + département), le scrutin uninominal à un tour n'obligera plus les partis a assuré la parité parmi leurs représentants.

La réforme doit être examinée au Sénat à partir du mardi 15 décembre, et à l'Assemblée nationale à partir du 10 janvier. Pascale Crozon, députée de Villeurbanne, élue de la 6ème circonscription du Rhône et membre de la délégation “Droits des femmes“ de l'Assemblée nationale ne l'entend pas de cette oreille. Elle répond à nos questions.

En quoi cette loi menace-t-elle la parité ?
Si la loi est votée dans les conditions actuelles, c'est-à-dire avec un scrutin uninominal à un tour pour désigner les conseillers territoriaux, on a calculé qu'il y aurait moins de 20% de femmes dans les conseils territoriaux.

Dans la région, où en est la parité ? Vous êtes la seule femme député et il n'y a que deux femmes élues sur quarante huit députés dans la région Rhône-Alpes.
Il y a actuellement 48 % de femmes élues au conseil régional Rhône-Alpes : on atteint donc la parité. Mais dans les conseils généraux et pour ce qui est des législatives, on est encore loin d'atteindre la parité. Et encore, au niveau du PS, on n'a pas à rougir.

Certains hommes politiques se sont-ils engagés à défendre la parité à vos côtés dans la région ?
On a préparé un texte signé par les trois présidentes au droits des femmes au Sénat, à l'Assemblée et au CESE, ainsi que par un certain nombre d'associations féminines et féministes qui se battent pour la parité. Ce texte sera bientôt rendu public et nous appellerons alors les hommes et les femmes politiques à le signer. Dans la région, nous espérons réunir un maximum de signatures. Jean-Jack Queyranne, président de région, a déjà dit qu'il était d'accord avec nous, tout comme Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne. Heureusement, nous ne sommes pas seules à mener ce combat.

La fédération socialiste du Rhône va-t-elle prendre position ?
Jacky Darne et la fédération du Rhône prendront certainement position en faveur de notre cause, je ne suis pas inquiète. D'ailleurs le PS a fait d'énormes progrès en termes de parité depuis que j'ai adhéré en 1976. La parité a été votée sous Jospin et je peux vous dire que j'ai été secrétaire de section pendant des années à Villeurbanne et que je n'ai jamais rencontré de machisme. Mais avec cette réforme, nous sommes face à un véritable recul.

Croyez-vous qu'Alain Marleix et Brice Hortefeux se sont rendus compte de ce qu'ils faisaient en proposant un scrutin uninominal à un tour ?
Je pense que leur seul objectif est de regagner des régions et des départements. Le scrutin uninominal à un tour, on l'a vu aux Européennes, le leur permet. Aussi à mon avis, ils n'ont pas pensé du tout à la parité, parce que ce n'est pas dans leurs préoccupations. Ce qu'ils veulent à tout prix, c'est emporter des régions. Ils n'en ont rien à faire de la parité ! J'ai même écrit avec d'autres à Alain Marleix pour l'alerter. Il a répondu que c'était aux partis politiques de prendre leurs responsabilités. On sait bien comment ça se passe ! On offre aux femmes des circonscriptions imprenables. Or avant d'avoir des responsabilités nationales, il faut bien faire ses classes. J'ai moi-même était élue communautaire et conseillère régionale avant d'accéder à la députation. C'est un long chemin dont on veut nous couper aujourd'hui. Le gouvernement veut renvoyer les femmes dans les conseils municipaux.

(*) Les présidentes des délégations aux droits de femmes et à l'égalité des chances entre les femmes et les hommes de l'Assemblée nationale, du Sénat et du CESE (comité économique et social européen) ont alerté le gouvernement ce jour là par communiqué de presse sur le risque d'inconstitutionnalité du projet de loi relatif à l'élection des conseillers territoriaux.

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