Garanties d'emprunt : en cas d'échec, Mercier envisage "une municipalisation" du Grand Stade

Grâce au renfort des élus socialistes, le président du conseil général a pu ce vendredi faire garantir par le Département l'émission obligataire lancée prochainement par la Foncière du Montout, filiale d'OL Groupe. Des CRS sont venus déloger des opposants au Grand Stade. Et des conseillers généraux se sont émus du risque assumé par la collectivité.

Le 25 juin dernier, le conseil général avait déjà été pris d'assaut par des pompiers en colère, et le préfet avait voulu en faire un exemple, engageant des poursuites. Ce vendredi matin, une nouvelle intervention de police a eu lieu en pleine séance publique départementale, alors que les élus votaient une garantie de la collectivité pour des emprunts obligataires contractés par la Foncière du Montout, filiale d'OL Groupe, en vue de réaliser le Stade des Lumières.

Vinci apporte 80 à 100 millions d'euros

Le chantier coûte un peu plus de 400 millions d'euros. 200 millions seront prêtées par les banques, 120 millions correspondent aux fond propres engagés par OL Groupe et Jean-Michel Aulas. Restent 80 à 100 millions d'euros. Vinci, qui se refusait à entrer dans le capital de l'entreprise tant que les recours n'étaient pas purgés, a annoncé ce mardi vouloir les apporter sous forme d'émissions obligataires. Mais le constructeur a exigé de la collectivité qu'elle en garantisse la moitié, soit 40 millions. Gérard Collomb a estimé ne pas avoir la majorité pour le faire. C'est donc Michel Mercier, jusqu'alors en retrait, qui est monté au front.

"Le peuple a faim"

Ce vendredi, il a à peine eu le temps de lancer les débats que des opposants au Grand Stade, notamment Carton rouge, se sont faits entendre. "Le peuple a faim. Vous construisez le stade avec notre argent", a lancé l'un d'eux. "Nos enfants, vous allez les nourrir avec le stade ?", a scandé un autre. Une banderole est déployée : "Non au stade". "Je vous invite à faire silence (…) Notre seul maitre, c'est le suffrage universel", a grondé l'ex-ministre de la Justice. Celui-ci a été obligé de lever la séance, le temps d'une intervention de police. Des CRS sont venus raccompagner à l'extérieur les plus radicaux du public.

"Ce sont les privés qui nous aident"

Le calme est revenu, les élus aussi. Michel Mercier a pu alors développer son argumentaire. "Ce n'est pas le public qui aide le privé : ce sont les privés qui nous aident. Si nous pensons que le Grand Stade est utile, on l'aurait fait. On aurait dû payer, en plus des accès, le stade. C'est une grande aide que nous apporte le privé", a répété Mercier. Il y a une "cohérence à aller de l'avant, a-t-il poursuivi : les 180 millions déjà engagés pour financer les accès "qui ne serviraient à rien du tout" si le projet capotait. Et Michel Mercier de pronostiquer en cas d'échec commercial du stade "une municipalisation" de l'équipement. Le président du conseil général imagine déjà les titres de la presse : "Pourquoi Mercier aide Collomb ?", un commentaire "petit bras", balaie-t-il. L'enjeu selon lui : "élever l'agglomération". Il ne veut pas répéter les conflits entre Herriot et Bonnevay. "Je ne suis pas socialiste, Gérard Collomb doit l'être puisqu'il le dit".

Président du groupe UMP, Christophe Guilloteau a invoqué "un risque juridique". "Aujourd'hui, on a une situation financière tendue qui justifie un recours, dans quelques mois, à l'impôt". Et d'interpeller l'opposition : "ils ont voté contre les rentrées d'argent (se votait ce vendredi le budget rectificatif, ndlr) et là, ils votent les dépenses". Effet garanti. Pour lui, mieux vaudrait encore renflouer TLM, la télé lyonnaise en difficulté, plutôt que le Grand Stade.

L'écologiste Béatrice Vessilller a comparé ces 40 millions équivalents, dit-elle, au budget annuel des collèges ou quasiment à celui de la politique d'insertion. Elle déplore que les documents transmis à la collectivité par OL Groupe ne comporte "pas de business plan", en particulier le taux de rémunération exigé par Vinci. "A ce jour, nous ne savons rien de la crédibilité financière de ce dossier". D'où "un risque d'une perte de 40 millions d'argent public" qui viendrait s'ajouter à "une fragilité" du Département confronté à ses emprunts publics.

"Un projet économique" comme Confluence ou la Cité Internationale

"Ce qui est demandé est une garantie d'emprunt, pas une subvention", a relativisé Max Vincent (UDI). "Il n'y a pas un chèque de signé", a abondé Louis Pelaez (Radical de Gauche). Jérôme Sturla (PS) a vanté "le volontarisme d'une collectivité pour sécuriser un projet économique". Une opération qu'il compare à la Cité Internationale et à la Confluence, où le public est venu en soutien d'investissements privés. Une centaine de PME et TPE vont selon lui travailler sur le chantier, de façon directe ou indirecte. Ce Stade des Lumières, il le vit comme "'un accélérateur de projets" pour l'Est lyonnais, notamment "en matière d'infrastructures de transport en commun".

Malgré un débat vif et animé, la délibération a été adoptée sans encombre, par 36 voix pour, 15 contre, et deux abstentions. L'UMP a voté à l'unanimité contre la délibération dont les vice-présidents Dominique Nachury et Michel Forissier. Ils ont été rejoint par les deux écologistes Béatrice Vessiller et Raymonde Poncet, les deux communistes vénissians Marie-Christine Burricand et Christian Flaconnet et le socialiste Bernard Chaverot. Seize conseillers généraux PS ont volé au secours du président Mercier. Martial Passi (PCF) et Bernard Catelon (PS) se sont abstenus. "Il est 11h57. Mon petit doigt me dit que certains contribuables vont déposer des recours", a lancé énigmatique Béatrice Vessiller. Confirmation nous a été donnée. Le recours a précisément été déposé une minute plus tard.(Lire ici)

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