Guillaume Gourgues, maître de conférences en science politique à Lyon 2 © DR
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Démocratie participative : la grande duperie – Entretien avec G. Gourgues

“Lyonnais en colère” – Dans le cadre de notre enquête sur les collectifs “en colère” de Lyon, nous avons interrogé Guillaume Gourgues, maître de conférences en science politique à l’université Lyon 2, spécialisé en démocratie participative et participation publique.


Lyon Capitale : De plus en plus de collectifs citoyens ou d’associations de protestation émergent. Qu’est-ce que cela dit de notre société ? Guillaume Gourgues : Cela montre à quel point les promesses de la démocratie participative locale ne sont pas tenues. On est sur un mouvement complètement paradoxal où à la fois les leviers décisionnels tendent à s’éloigner des gens, avec une prise de distance et une grande opacité des grandes décisions locales, et de l’autre côté une multiplication des dispositifs de participation mais totalement déconnectés, qui ne servent au final qu’à amuser la galerie. De la poudre aux yeux ? C’est plus subtil que ça. Il n’y a pas forcément d’intention claire de manipuler les citoyens. En fait, c’est la manière dont ces dispositifs sont mis en place, fonctionnent et sont gérés qui donne la sensation à beaucoup de gens qu’on les fait participer à côté de la décision et surtout à côté de ce qui pose réellement problème dans une ville (foncier, fiscalité, etc.). Du coup, les dispositifs institutionnels de participation ont généré de la frustration dans la population. Quel bilan dresser des conseils de quartier, créés en 2002, censés “rapprocher le pouvoir du citoyen” ? Les conseils de quartier servent à beaucoup de choses – organiser un pique-nique, un vide-grenier, etc. – mais, s’il y a bien une chose sur laquelle ils se montrent peu efficaces, c’est à faire émerger des conflits et à créer le débat. Les gens sont encore contraints de se situer à l’extérieur de ces espaces institutionnels pour créer du rapport de force. Dit autrement, pour se faire entendre aujourd’hui, mieux vaut faire partie d’un collectif mobilisé qui fait des actions coups de poing. À Lyon, le processus de métropolisation a enfanté une grande machine technocratique très peu lisible, un rouleau compresseur institutionnel qui laisse peu de place aux gens pour se faire entendre. Ce n’est donc pas très étonnant de voir des gens reprendre le chemin de la rue et de la conflictualité pour se faire entendre. Ça permet de temporiser le discours sur la grande duperie participative.

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