"Collomb est-il encore au PS ?"

Lors du dernier congrès, elle n'a pas suivi le maire de Lyon derrière Ségolène Royal, mais a préféré rejoindre le courant de Bertrand Delanoë. Elle raconte à LibéLyon que ce choix lui a valu une réaction peu " démocrate " de Gérard Collomb : " Il m'a personnellement menacée de représailles, raconte Nathalie Perrin. Cela s'est passé dans son bureau. Il m'a dit " Je vais te tuer politiquement. Tous tes dossiers d'arrondissement, je vais les planter. " Alors aujourd'hui, ses leçons de démocratie ont du mal à passer. " Elle s'en explique à lyoncapitale.fr.

Lyon Capitale : Gérard Collomb fait signer une pétition pour dénoncer les choix des candidats du PS aux européennes. Est-ce que sa colère est partagée par les militants ?
Nathalie Perrin-Gilbert : Je ne vais pas parler pour l'ensemble des militants socialistes. Mais je peux vous dire que nous avons eu une réunion de section lundi dans le 1er arrondissement, et qu'il n'y avait absolument aucune colère. Sylvie Guillaume (adjointe à la maire de Lyon, 2e sur la liste aux européennes) était là, les militants lui ont bien sûr posé des questions. Mais le climat était totalement apaisé.

Vous avez qualifié Collomb de " vierge effarouchée "...
On peut dire aussi " l'arroseur arrosé ". Les termes sont un peu fort, mais il y a un tel décalage entre ce qu'il dit et ce que l'on peut vivre sur le terrain, que cela m'a amené à réagir. Je suis secrétaire nationale au logement, nous avons aujourd'hui un parti et une direction au travail. Je comprends qu'il y ait des déceptions sur la composition des listes, ce n'est jamais facile. Mais les déclarations de Gérard Collomb et sa pétition viennent mettre le PS en difficulté, alors qu'il n'a pas besoin de ça. C'est irresponsable. Surtout que lorsque l'on fait de grandes déclarations contre les parachutages, il faut montrer l'exemple soit même.

Ce n'est pas le cas de Gérard Collomb ?
Regardez dans le 3e arrondissement : Thierry Philip n'avait jamais milité là bas avant d'être mis tête de liste aux municipales, Najat Vallaud-Belkacem non plus. On peut dire la même chose d'Heidi Giovacchini dans le 6e ou même de Pierre-Alain Muet en 2001 dans le 4e : il est venu de Paris à la demande de Gérard Collomb. Ça a marché, mais cela a pris un peu de temps. Moi-même en 1994, j'ai été parachutée sur le 1er arrondissement par Gérard Collomb ! Il faut donc arrêter de pousser des hauts cris contre les parachutages, quand on les pratique soit même. Surtout que cela crée un précédent pour les prochaines municipales. S'il y a de nouveaux parachutages, les militants se sentiront en droit de faire des pétitions, de menacer de ne pas faire campagne...

Aux yeux de Collomb, la démocratie c'est quand c'est lui qui choisit ?
Ça peut être un bon résumé (rires) ! En tout cas, Thierry Philip était son candidat. Les militants n'ont jamais été consultés sur ce choix.

Que pensez vous de Thierry Philip ?
Je l'apprécie comme un homme politique récemment arrivé sur Lyon et qui travaille. Mais le PS doit être cohérent entre ce qu'il dit et ce qu'il fait. Martine Aubry s'est engagée à limiter autant que possible les cumuls de mandat. Ségolène Royal avait fait des déclarations sur le mandat unique... Or Thierry Philip est maire du 3e, vice-président de la Région et vice-président du Grand Lyon, c'est déjà beaucoup !

Selon vous, quelle est au fond la raison de la colère de Gérard Collomb ?
Je crois que le problème de Gérard Collomb c'est qu'il pensait peser d'un certain poids avec sa motion et que donc il pouvait imposer le candidat qui lui semblait le meilleur. Cette histoire montre qu'il n'a pas le poids qu'il souhaiterait à Paris, alors que Jean-Noël Guérini à Marseille a réussi, lui, à pousser son candidat (Karim Zéribi, ndlr). Je ferais le parallèle avec l'amendement au Sénat sur l'OL (sur la déclaration d'intérêt général des grands stades, ndlr). Tout le monde sait que Collomb n'est pas très présent à Paris. Il est monté au Sénat pour défendre ce dossier aux côtés de Michel Mercier. Mais, comme il est peu présent, il n'a pas tissé les réseaux qui lui permettraient, quand il pousse un dossier, d'être suivi par d'autres. Il a donc été retoqué par ses collègues sénateurs, y compris ceux du PS.

Cela signifie qu'il n'est pas un homme d'appareil ?
Non, pas seulement. Je suis secrétaire nationale au logement, je ne crois pas être une apparatchik. C'est une question de travail. On ne peut pas monter à Paris de temps en temps pour faire un coup. Ça ne marche pas. Il faut aussi prendre des dossiers et s'engager sur des causes sur le long terme.

Comment va se terminer cette " crise " ?
Je pense que globalement les listes vont être ratifiées. Il faudra alors passer à autre chose. Mais les propos de Collomb doivent nous interpeller. Sur son blog, il va loin.

Faut-il le sanctionner ?
Pas forcément. Mais il doit y avoir une discussion politique. Fait-il oui ou non encore partie du PS ?

Vous pensez qu'il doit quitter le PS !
Je pense qu'il faut lui demander d'éclaircir sa ligne. Il ne peut pas nous demander sur Lyon une cohérence d'équipe quand lui-même ne le fait pas au niveau national. Est-ce qu'il reste au PS dans une minorité ? Est-ce qu'il quitte le parti ? Sous couvert de grandes idées, c'est plus un combat personnel qu'il mène aujourd'hui.

Sur le fond, Gérard Collomb reproche au PS de présenter un projet assez flou sur l'Europe, pour masquer le fait que les différents courants ne sont d'accord sur rien...
Qu'aujourd'hui on soit en train de refonder le PS, c'est une évidence ! Effectivement, il faut mettre à plat les dissensions, elles existent. Au PS, on est tous européens. Mais quelle Europe veut-on construire ensemble ? Le PS a été un peu bousculé par le référendum, la présidentielle, la crise... Nous devons mettre à jour notre logiciel ! C'est ce travail là qui est en train de se faire. Je peux vous dire qu'on bosse ! On a déjà réussi à se mettre d'accord sur un plan de relance, qui aille à la fois en direction de la croissance, tout en s'interrogeant sur la croissance que nous souhaitons. Il faut nous laisser travailler et être unis.

Mais on entend toujours très peu le PS !
J'ai l'impression qu'on recommence à nous entendre. Nous n'étions pas audibles ces dernières années. La confiance des Français ne se reconstitue pas d'un claquement de doigts. Mais sur les marchés, je sens que les citoyens sont à nouveau contents de nous voir, ils viennent discuter, échanger. Dans ce contexte, les initiatives des déçus sont irresponsables.

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