Thomas Rudigoz, chef de file de Renaissance aux élections municipales à Lyon de 2026, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Grégory Doucet a lancé, ce lundi 26 mai, sa tournée des arrondissements pour présenter le bilan de sa majorité. Une pratique qui interpelle le chef de file de Renaissance : "Le bilan de mi-mandat, c'est un grand classique pour les collectivités et pour les maires. On l'a toujours fait, tous les maires le font. Ce qui est plus rare, c'est de le faire comme cela en fin de mandat, et vraiment à quelques semaines, on va dire trois mois, avant la période où on comptabilise toutes les dépenses faites par les collectivités qui peuvent vous être imputées après sur vos comptes de campagne et avoir des conséquences très graves même pour vos comptes de campagne. C'est à partir du 1er septembre. Vous voyez quand même, on est quasiment le 1er juin, donc on est à trois mois de cette échéance et tout d'un coup, on voit des militants. J'ai même l'impression que des personnes qui sont payées pour cela, pour distribuer des documents qui font le bilan dans chaque arrondissement, plus les grandes réunions publiques, plus des vidéos, plus un document dans toute boîte, un numéro spécial du journal municipal, avec dans le jeu numéro spécial un supplément qui fait le bilan des réalisations sur cinq ans de Monsieur Doucet. Je trouve que là, il y a une forme de confusion des genres qui est très limite et qui en plus, encore une fois, c'est ça que je pointe, c'est aux frais du contribuable lyonnais".
Thomas Rudigoz revient aussi sur les premières heures de vie de l'oeuvre d'art installée pour rafraîchir la place Bellecour : "la plupart des gens qui m'en parlent, qui m'interpellent, sont absolument vent debout, sont choqués, qu'on ait mis en plus de ça, le coût. Moi, je trouve que ce n'est pas à la hauteur de la place Bellecour. Moi, je trouve ça assez moche. Franchement, je le dis. 1,6 million pour cela. Moi, je n'appelle pas ça une oeuvre d'art. En plus, on nous dit que c'est temporaire. C'est-à-dire qu'on a mis 1,6 million pour quelque chose qui va disparaître. Je ne vois pas où est-ce qu'on pourra le réinstaller. Puis ça vieillira mal. C'est une évidence que ça vieillira mal. Non, je crois là, on est vraiment dans une gabegie. La plupart de nos concitoyens sont choqués".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Thomas Rudigoz
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous accueillons Thomas Rudigoz. Vous êtes chef de file renaissance pour les élections municipales de 2026 à Lyon. Vous avez interpellé récemment Grégory Doucet et sa majorité sur une opération de bilan de fin de mandat qui a commencé ce lundi. Ils vont expliquer les réalisations qui ont été portées pendant le mandat. Vous dites que c'est finalement une opération presque électorale, c'est le début d'une campagne qui ne dit pas son nom aux frais du contribuable. Globalement, quand il a fait ça à mi-mandat, ça pouvait s'entendre aussi, et même aujourd'hui, dans une forme de redevabilité. Ils ont toujours parlé de redevabilité, d'associer les Lyonnais à ce qu'ils font. Est-ce qu'on ne peut pas le voir simplement dans cet exercice-là, plus que dans un exercice électoraliste ?
Le bilan de mi-mandat, c'est un grand classique pour les collectivités et pour les maires. On l'a toujours fait, tous les maires le font. Ce qui est plus rare, c'est de le faire comme cela en fin de mandat, et vraiment à quelques semaines, on va dire trois mois, avant la période où on comptabilise toutes les dépenses faites par les collectivités qui peuvent vous être imputées après sur vos comptes de campagne et avoir des conséquences très graves même pour vos comptes de campagne. C'est à partir du 1er septembre. Vous voyez quand même, on est quasiment le 1er juin, donc on est à trois mois de cette échéance et tout d'un coup, on voit des militants. J'ai même l'impression que des personnes qui sont payées pour cela, pour distribuer des documents qui font le bilan dans chaque arrondissement, plus les grandes réunions publiques, plus des vidéos, plus un document dans toute boîte, un numéro spécial du journal municipal, avec dans le jeu numéro spécial un supplément qui fait le bilan des réalisations sur cinq ans de Monsieur Doucet. Je trouve que là, il y a une forme de confusion des genres qui est très limite et qui en plus, encore une fois, c'est ça que je pointe, c'est aux frais du contribuable lyonnais. Je crois que l'argent public devrait être mieux utilisé que pour des opérations d'auto-satisfaction.
Vous chiffrez-vous à 700 000 euros ?
Jusqu'à 700 000 euros, alors je n'ai pas la capacité…
La Ville de Lyon dit que c'est 200 000 euros pour toutes les opérations que vous n'êtes mentionnées.
Ils disent plus que cela, je crois que la Ville de Lyon parle de 240 000 euros mais on ne va pas chipoter, je pense que I-Minor… Moi, je n'ai pas la capacité, donc on a fait rapidement avec des militants renaissance une estimation parce qu'on comptabilise tout, on comptabilise ce numéro spécial, un numéro de Lyon, au fil de Lyon, le journal municipal, ça coûte, ça c'est des chiffres connus, ça coûte 230 000 euros chaque numéro. A cela, c'est un numéro spécial, vous rajoutez le supplément qui est à l'intérieur, vous rajoutez les publicités sur les panneaux de caux, les vidéos, l'organisation des réunions publiques. Alors moi, c'est difficile à donner un chiffre. C'est pour ça d'ailleurs que j'ai interpellé le maire de Lyon pour qu'il soit transparent et qu'il détaille et qu'il montre devant chaque opération le coût avec facture qui va à l'appui.
La Ville de Lyon dit aussi que c'était organisé, Gérard Collomb aussi faisait des restitutions de fin de mandat. Vous qui avez été maire d'arrondissement sous Gérard Collomb, vous avez souvenir de ce type d'opération ?
Non, je n'en ai pas souvenir. Je n'en ai pas souvenir. Bon, après, je ne ferai pas le pari. Moi, bon, quand j'étais maire de 2014 à 2017, après, je n'ai pas été au bilan de mandat, de cette mandature de 2014 à 2020. Sur la précédente 2008 à 2014, j'étais conseiller municipal. Je n'ai pas souvenir. Mais moi, ce que je retiens, c'est que dans toutes les grandes villes de France et même dans notre région, par exemple, Villeurbanne, pour l'instant, je n'ai vu aucun maire ni à Paris, ni à Marseille, ni à Toulouse, ni à Villeurbanne faire une telle opération massive de communication. Donc, on voit bien la différence. Je pense que des maires sont prudents quand même sur ces questions là, parce qu'ils savent que ça peut être mal interprété par nos concitoyens, parce que c'est encore une fois de l'argent public. Alors, on ne va pas chipoter sur les chiffres, mais c'est plusieurs centaines de milliers d'euros d'argent public. Alors même que monsieur Doucet nous explique que les finances de la ville sont de plus en plus resserrées, parce qu'il y a moins d'argent qui rentre dans les comptes de la Ville de Lyon, du fait d'une baisse de l'activité immobilière, des droits de mutation, du fait de l'État, alors l'État toujours bondo, qui a vu ses dotations globales de fonctionnement baisser, les versements baisser. Donc, il y a une situation, selon monsieur Doucet, qui devient de plus en plus critique pour les collectivités comme la Ville de Lyon. Et à côté de ça, on dépense de l'argent comme cela pour une opération de communication à une période qui, j'estime, est assez limite et peut faire polémique.
Il y a un sujet qui a longtemps fait polémique, qui a beaucoup fait polémique. C'est la place Bellecour, cette installation d'une oeuvre d'art qui s'accompagne aussi d'une ambition de rafraîchir la place. Les Lyonais ont commencé à s'en emparer, alors qu'elle n'est pas totalement livrée définitivement. Il manque deux séries de volières. Est-ce que votre regard a changé sur cette oeuvre depuis finalement que les Lyonnais s'en emparent ? Et ce que vous dites, c'est peut-être pas si raté que ça, puisqu'on a beaucoup entendu de critiques sur ce projet.
Moi, je suis complètement contre. Non, franchement, je trouve que c'est un échec. Ecoutez, je ne sais pas quels Lyonnais s'en emparent. La plupart des gens qui m'en parlent, qui m'interpellent, sont absolument vent debout, sont choqués, qu'on ait mis en plus de ça, le coût. Moi, je trouve que ce n'est pas à la hauteur de la place Bellecour. Moi, je trouve ça assez moche. Franchement, je le dis. 1,6 million pour cela. Moi, je n'appelle pas ça une oeuvre d'art. En plus, on nous dit que c'est temporaire. C'est-à-dire qu'on a mis 1,6 million pour quelque chose qui va disparaître. Je ne vois pas où est-ce qu'on pourra le réinstaller. Puis ça vieillira mal. C'est une évidence que ça vieillira mal. Non, je crois là, on est vraiment dans une gabegie. La plupart de nos concitoyens sont choqués. Encore une fois, dans cette période où on nous dit que l'argent se fait rare, l'argent public se fait rare, qu'on a des besoins en matière de sécurité, en matière de propreté, en matière d'espace vert, en matière d'école. Et bien, mettre 1,6 million plus les sommes dont on vient de parler pour la communication de monsieur le maire de Lyon, ça fait vraiment beaucoup. Je crois que cette fin de mandat est très dépensière. Monsieur Doucet veut faire des effets d'annonce, veut faire des opérations comme pour essayer de finir en beauté son mandat, parce qu'il voit bien qu'une grande majorité de Lyonnais sont de plus en plus critiques avec son bilan et avec sa personne.
Pour finir, d'un mot, Jean-Michel Aulas candidat, ça a été annoncé par un de ses soutiens, un des derniers alliés, Christophe Marguin. Vous, vous êtes sûr que Jean-Michel Aulas sera candidat au bout du bout, sachant que Renaissance vous soutenait sa candidature ? Vous avez acquis cette conviction aujourd'hui ?
Je sais qu'il prépare de façon très sérieuse cette candidature. Je dois le revoir dans quelques temps. Il n'a pas encore pris définitivement sa décision. Je pense que ça ne devrait pas trop tarder, mais je ne suis pas le porte-parole de Jean-Michel Aulas. Effectivement, je vois d'un très bon œil que Jean-Michel Aulas puisse s'engager au municipal à Lyon, parce que je pense qu'il peut apporter beaucoup pour cette ville. Il peut être un véritable fédérateur, un véritable leader. Mais on aura encore un certain nombre de choses à discuter avec lui, notamment sur le projet pour Lyon à l'horizon 2035, pour les prochaines années. Et les Lyonnaises et les Lyonnais attendent beaucoup pour qu'il y ait une nouvelle majorité qui dirige cette ville.
Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des copains millionnaires qui ont des médias à votre service... 😉