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House of Collomb, saison 4

L’édito du mensuel – Si vous pensez que l’on connaît déjà la fin, vous avez tort. Pour ceux qui ne connaissent pas, la série House of Cards suit l’ascension jusqu’à la tête des États-Unis d’un couple sans scrupules, Franck et Claire Underwood, puis leur combat acharné pour rester au pouvoir. Lyon vit pour sa part au rythme de la série House of Collomb, qui présente quelques similitudes.

Avec les municipales en ligne de mire, les deux prochaines années s’annoncent riches en rebondissements et en personnages nouveaux. Une bonne partie du personnel politique, élus et collaborateurs, majorité et opposition, semblent convaincus que les jeux sont déjà faits. Pourtant, les deux acteurs principaux, Gérard et Caroline Collomb, s’inquiètent. Oui, c’est la nouveauté de la saison 4, après trois mandats passés dans l’ombre d’un mari omnipotent, Caroline assume désormais pleinement ses propres ambitions. Comme Claire Underwood, elle sait que l’accusation de népotisme est le principal obstacle qu’elle aura à surmonter. Alors elle construit sa légitimité par la base. Caroline Rougé nourrissait des ambitions avant de devenir Caroline Collomb. Et les réussites de ses ex-amies Barbara Romagnan, devenue députée du Doubs, ou plus encore Najat Vallaud-Belkacem, toutes deux évincées du paysage politique lyonnais, ont dû la convaincre que la balance inconvénients/avantages d’être la “femme de” avait largement penché en sa défaveur.

Chacun de ses mouvements témoigne qu’elle a été à bonne école, privilégiant l’implantation locale (dans le 5e) et la construction d’un réseau militant. Ce ne sont pas les Collomb qui auraient fait l’erreur d’un Nicolas Hulot de partir au combat pour réaliser un an plus tard qu’il n’a “pas de troupes” et donc bien peu d’influence dans les arbitrages. Caroline Collomb jouera trop dans les mois qui viennent pour négliger le moindre détail. Et force est de constater que les cartes qu’elle a en main sont particulièrement complémentaires avec celles de son mari pour assurer leur mainmise sur la ville.

Gérard Collomb sait qu’il aura lui plus de droits à l’erreur. Il faudrait des scénaristes bien imaginatifs pour le voir perdre en 2020 une élection taillée sur mesure. Pourtant, il s’inquiète aussi. Parce qu’il a connu quatre défaites avant d’emporter la mise en 2001, il ne laisse jamais une élection au hasard. Et il y a objectivement quelques menaces sur son chemin. D’abord, un contexte national. Après l’été difficile d’Emmanuel Macron, qui peut garantir que l’étiquette présidentielle ne deviendra pas un fardeau un peu lourd à porter dans quelques mois ? Avec tout autre président, on devine qu’il n’en aurait pas fallu plus à Gérard Collomb pour claquer la porte, envoyer des piques bien senties sur les matinales, comme il l’a régulièrement fait par le passé pour s’assurer de n’être en rien comptable des difficultés de ses ex-camarades socialistes. Mais avec Emmanuel Macron, qu’il se vante d’avoir “fait”, difficile de ne pas être loyal… quitte sans doute à retarder un retour que ses proches réclament le plus rapide possible.

Car, pendant que le patriarche est en exil à Paris et se dépatouille de l’affaire Benalla, les ambitions se font jour parmi les autres personnages de la série. À sa gauche, comme à sa droite, l’opposition ne sait pas encore qui aura le rôle-titre pour contester l’hégémonie des Collomb. Mais, dans l’ombre, quelques acteurs redoutables sont déjà en action, dont un Laurent Wauquiez qui est, quoi qu’on en dise, d’une tout autre trempe que les précédents adversaires que Gérard Collomb a eu à affronter. Mais les dangers principaux viennent peut-être de son propre camp. David Kimelfeld a beau afficher sa loyauté, il n’oublie pas de marquer sa différence avec la ligne Collomb, pas assez écolo ni assez sociale à ses yeux. Et, autour de lui, les pousse-au-crime ne manquent pas…

Attention, spoiler, la saison 5 d’House of Cards s’achève sur une Claire Underwood parvenue à éliminer politiquement son mari qui lance face caméra : “C’est mon tour !” La série House of Collomb n’en est pas encore là, mais la question de la succession d’un patriarche élu depuis plus de quarante ans ne devrait pas manquer d’offrir de multiples rebondissements. On vous promet que vous ne raterez aucun épisode.

Découvrez notre dossier :

Lyon : le pouvoir absolu des Collomb

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