La fresque du cinéma, devant laquelle avait été installé un urinoir temporaire, devrait être protégée avec la réhabilitation de la place de la Poste. (Photo Hadrien Jame)

Une envie pressante

Le mieux-vivre ensemble à Lyon passe aussi par des urinoirs mobiles. L'éditorial du rédacteur en chef de Lyon Capitale.

"Qui c’est les plus forts ? Évidemment c’est les Verts. On a un bon public et les meilleurs supporters." Ah, la grande époque de l’ASSE… Printemps 1976, finale, perdue, contre le Bayern Munich en coupe d’Europe des clubs champions. La faute aux poteaux carrés. Si seulement ils avaient été ronds…

C’est ce qu’on appelle être coiffé sur le poteau. Les malheureux montants font aujourd’hui l’objet d’un culte, quasi vaudou, au musée des Verts de Saint-Étienne. Bouc émissaire gri-gri, le poteau carré est même devenu une expression. Comme dirait Boris Vian (écrivain) : "Avec des si, on scierait."

À Lyon aussi, les plus forts évidemment c’est les Verts. Ils ont des solutions à (presque) tout. C’est utile. Ils le font avec entrain. C’est agréable. "C’est beau quelqu’un qui sourit et ça ne coûte rien." (Sébastien Renard, candidat de "Top Chef"). Et, en prime, avec les Verts c’est carré comme en Corée.

En attendant les vergers et les fermes urbaines promis par la municipalité, les habitants de la place Gabriel-Péri peuvent désormais se soulager dans de nouveaux urinoirs mobiles et donc portables (l’aspiration des fluides souillés est un préalable fortement recommandé).

Il faut bien admettre que la miction sauvage est une pratique assez répandue à la Guillotière, certains ayant la vilaine manie de se soulager quand l’envie leur prend, c’est-à-dire grosso modo n’importe où. À la décharge de ces objecteurs de patience, une envie pressante n’autorise pas un gymkhana au milieu du marché sauvage (mot-valise très ciblé) pour gagner des toilettes publiques, sous peine de se faire pipi dessus, ce qui serait un peu ballot.

Ces us et coutumes topographiques ont été remontés par les habitants à la mairie centrale, lors des ateliers participatifs qu’elle a organisés "pour mieux vivre ensemble" place du Pont. La concertation a du bon : la municipalité a installé une dizaine d’urinoirs mobiles en plastique, extrêmement pratiques pour pouvoir être déplacés "en fonction des besoins des habitants".

Sauf que les gens n’étant jamais contents, un tollé général a éclaté sur les réseaux sociaux. Pensez donc, les habitants demandaient de “vraies toilettes”, fermées, permettant l’intimité des pisseurs et plus d’hygiène pour les riverains.

Certes, les barils à aisance ont parfois été installés dans des endroits saugrenus, en dessous de fenêtres d’habitations, à côté de l’entrée d’un supermarché ou d’une église, mais alors, si on ne peut plus faire pipi tranquille ?!

Bref. En ces prémices de printemps, éclot comme un bourgeon le hashtag #urinoirgate (à ne pas confondre avec le Watergate). De là à dire que les Verts prennent des vessies pour des lanternes, il n’y a qu’une flaque.

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