Radiant prog 2014

Bellevue sur le rock : le Radiant s’équipe sauvage

En injectant quelques doses, à vrai dire surprenantes, de musiques actuelles dans une programmation jusqu’ici largement orientée vers la variété française, le théâtre et le spectacle vivant, le Radiant-Bellevue, qui fête son premier anniversaire, est en train de grignoter la concurrence en la matière.

Fauve, Black Rebel Motorcycle Club, Metronomy et Within Temptation

Si l’on va, au hasard d’un baguenaudage sur le Web, faire un tour sur le site Internet du Radiant-Bellevue, on sera surpris d’y voir succéder à la belle tête de vainqueur d’Alain Delon en fond d’écran les banderoles de Metronomy et de Fauve, deux des groupes les plus en vogue du moment. Symbole de la politique programmatique d’une salle, il faut bien le dire, en pleine bourre dans un contexte où ses concurrents tirent furieusement la langue. À ce niveau-là, on ne parle plus d’éclectisme mais de bouillabaisse.

Suite à son relooking réussi et à sa réouverture sous l’égide de Victor Bosch (ex-directeur du Transbordeur, ex-rocker, producteur de spectacles à succès, et on en passe), la salle emblématique de Caluire avait commencé par asseoir son identité sur une dialectique simple : théâtre/spectacle vivant et variété française. Bourse du Travail mise à part, il manquait en effet à la variet’ (de qualité ou pas) un écrin douillet où accueillir le public dans les meilleures conditions (la halle Tony-Garnier, c’est sympa, mais il faut vendre des tombereaux de disques pour y passer et en plus ça sonne comme un hangar à bateaux). Ajoutez à cela une petite salle et des spectacles dédiés à la découverte de jeunes talents et vous aviez là un équipement multicarte qui avait tout pour tourner confortablement sur un fonds de commerce solide. Ce qui semblait bien être le cas, malgré les difficultés d’accès.

Black Rebel

Black Rebel Motorcycle Club

Sauf que, depuis la rentrée, aux côtés de Joyce Jonathan, Jean-Marie Bigard ou Inconnu à cette adresse, on a vu fleurir dans la programmation de l’autoproclamé “Olympia lyonnais”, auquel Bosch lui-même déclarait que la chanson donnerait sa couleur, quelques noms pas vraiment raccord avec ce qu’on supposait de la politique maison. Au compte-gouttes, puis de plus en plus franchement.

Si l’on peut considérer qu’IAM ou ces irrécupérables alternos de Têtes Raides ont vieilli et leur public avec, les imaginer il y a quelques années enflammer la salle de Caluire était déjà improbable. Mais c’est quand on a vu apparaître le nom de Black Rebel Motorcycle Club qu’on s’est pincé.

Comme son nom emprunté à L’Équipée sauvage (avec Marlon Brando) l’indique, le trio américain de garage-rock est le genre de groupe qui ne laisse pas une salle de concert tout à fait dans l’état où il l’a trouvée. Trop rock pour le Radiant ? A priori, oui, si l’on se fie au cahier des charges initial, visiblement légèrement en trompe-l’œil. Puis ont été annoncés Metronomy, l’une des pépites de la pop branchée et dansante anglo-saxonne, qui a tout défoncé en 2011 avec The English Riviera ; Fauve, énigmatique collectif indé, insaisissable et intransigeant, dont le travail est tout sauf grand public mais déjà culte ; Within Temptation, groupe de metal symphonique néerlandais ; le collectif de hip-hop Chinese Man

Astérios

Autant de concerts que l’on aurait davantage imaginés à l’Épicerie Moderne ou au Transbordeur mais qui, ceci expliquant cela, comme pour la partie variété, émanent en grande partie du carnet d’adresses de Victor Bosch et surtout de son programmateur Olivier Poubelle. Ce dernier est le fondateur d’Astérios Spectacles, avec lequel travaillent nombre d’artistes programmés, tel Fauve, groupe sans label mais porté par Astérios en live ; il est aussi gérant de plusieurs salles parisiennes. De quoi attirer les artistes d’autres programmateurs, comme Metronomy (Les Derniers Couchés) qui s’était déjà produit au Kao puis au Transbo, et faire de l’ombre à la concurrence. À commencer par le Transbordeur et sa programmation davantage estampillée Eldorado/Alias (dont les actionnaires sont à la tête de la salle villeurbannaise), sur les créneaux les plus porteurs des musiques actuelles.

Il reste du chemin à faire, mais il semble que Victor Bosch, à travers cette programmation tous azimuts quelque peu déroutante, soit en passe de réaliser son rêve d’Olympia lyonnais. Après tout, l’Olympia, ce n’est rien d’autre : un beau et prestigieux fourre-tout.

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À l’affiche du Radiant-Bellevue (1 rue Jean-Moulin, à Caluire) cette semaine : Black Rebel Motorcycle Club, lundi 10 février à 20h. Patrice, jeudi 13 février à 20h. Jamie Cullum, vendredi 14 février, à 20h30.

> En mars : Pierre Perret, le 22 ; Fauve, le 26 ; hommage à John Barry, le 29.

> À suivre : en avril, Juliette, Thomas Fersen, Within Temptation et Metronomy ; en mai, Jeanne Cherhal, William Sheller, Chinese Man & Deluxe et Dub Inc.

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Cet article est paru dans le supplément Culture (janvier-juin 2014) de Lyon Capitale.

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