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Zone à faibles émissions à Lyon : pragmatisme contre idéalisme ?

Si elle a été adoptée à l’unanimité, la délibération sur la zone à faibles émissions a été le théâtre de dissensions idéologiques sur ce que doit faire le Grand Lyon contre la pollution émise par les véhicules à moteur. David Kimelfeld a mis en avant une délibération “équilibrée” quand plusieurs élus ont critiqué le manque d’ambition de cette zone.

Pragmatique pour les uns, sans ambition pour les autres. Bien qu'adoptée à l'unanimité, la délibération sur la zone à faibles émissions (ZFE) a montré les divergences importantes qui existent au sein du conseil de la métropole, mais aussi dans la majorité, sur la lutte contre la pollution à Lyon. C'est Gilles Vesco, ancien conseiller délégué chargé des mobilités sous Gérard Collomb, qui a tiré le premier sur la ZFE. Il a critiqué l'absence d'exclusion des véhicules individuels, qui “sont la moitié du problème”, selon lui. “En ne prenant pas en compte ces véhicules, ce sera encore des années de perdues et on n'évitera pas une condamnation de la métropole”, a-t-il lancé. Pierre Hémon, pourtant membre de la majorité de David Kimelfeld, a lui aussi tiré à boulets rouges sur cette ZFE. Selon l’élu EELV, si l'exécutif a réagi, “c'est pour mettre en œuvre une réponse a minima permettant d'éviter les sanctions financières” de l'Europe. Une réaction qu'il a jugée tardive alors que “les premières alertes remontent à 2008”. Pierre Hémon a regretté que cette zone ne concerne pas l'ensemble de la métropole et ses 59 communes. “Nous avons fait des demandes d'étude sur le parc de véhicules particuliers, dès la commission générale présentant le plan Oxygène, en novembre 2017. Rien n'a été engagé et maintenant il nous est répondu que, comme on n'a pas engagé les études, on n'a pas d'éléments à soumettre au débat public. Quelqu'un de moins aimable que moi se demanderait : de qui se moque-t-on ? Quelqu'un de plus poète se demanderait à quoi bon déverser son surplus hydrique dans un instrument à cordes” a-t-il ironisé. L'élu écologiste a aussi dénoncé le manque d'ambition du Grand Lyon sur “l’éradication des véhicules diesel” : “Fixons-nous comme objectif 2024 ou 2025, comme Amsterdam, Athènes, Grenoble, Paris, Rome ou Londres.” Il a enfin moqué la communication de l'exécutif sur la concertation organisée, qui “n'a recueilli que 154 avis”. “Comment peut-on encore parler d'une concertation exemplaire ? Pourquoi ne pas dire qu'on a complètement raté la concertation publique ?” a-t-il conclu. Les élus LR ont eux aussi pointé du doigt une ZFE réduite à son strict minimum et le manque d'anticipation de la majorité actuelle. “Ce qui est proposé n'est pas à la mesure des enjeux”, a tancé Gilles Gascon, le maire de Saint-Priest.

“Il faut être pragmatique”

Du côté de l'exécutif, Thierry Philip a assuré que cette zone était une des pièces d'un puzzle représenté par le plan Oxygène. David Kimelfeld a lui expliqué que le Grand Lyon avait pris ce sujet “comme un taureau par les cornes, avec la volonté politique d'aboutir parce que c'est une question de santé publique et d'attractivité du territoire”. Ce sont ces deux enjeux qui ont “fait bouger la métropole” et non “les menaces financières de l'Europe”, a-t-il ajouté. “Notre rôle depuis le début, c'est de trouver une position d'équilibre dans nos propositions pour entamer quelque chose d'ambitieux sans dégrader l’équilibre économique de nos entreprises et des plus précaires”, a-t-il fait valoir. L'objectif est de réduire de 50 % la population surexposée à la pollution. Critiqué sur le manque d'ambition de la ZFE et sur l'absence des véhicules individuels les plus polluants, David Kimelfeld a assuré que “la concertation [allait] continuer pour aller plus loin et plus vite”. “Il faut être pragmatique en démarrant quelque chose. Nous serons la zone la plus restrictive dès 2021. À partir de là, nous allons évaluer. Et si nous décidons d'aller plus loin plus vite, alors nous aurons l'expérience et les études derrière nous pour faire un plan ambitieux”, a-t-il conclu. Lyon, zone la plus restrictive en 2021 ? David Kimelfeld a raison : en 2021, le Grand Lyon sera la seule métropole à interdire dans sa ZFE les vignettes Crit'air 3. Mais le président de la métropole s'arrange avec la réalité, car les vignettes ne concerneront que les véhicules professionnels. Dans le Grand Paris, les vignettes Crit'air 3 seront exclues en 2022, en 2021 seuls les Crit'Air 4 y seront interdits, mais cette exclusion s'appliquera à l'ensemble du parc de véhicules, particuliers compris. La métropole parisienne a par ailleurs déjà adopté un calendrier pour exclure les véhicules les plus polluants, contrairement à Lyon ; en 2024, tous les véhicules Crit'Air 5, 4, 3 et 2 seront interdits dans la capitale, avec un objectif de 100 % de véhicules propres en 2030.

Zone interdite aux véhicules polluants : que prévoit Lyon pour sa ZFE

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