Conférence des évêques de France à Lourde le 3 novembre 2018 (©ERIC CABANIS / AFP)

Pédophilie : les évêques de France réunis à Lourdes sans La Parole libérée

Alors que la conférence des évêques de France se tient ce week-end à Lourdes, l'association lyonnaise, La Parole libérée, qui a refusé d'y participé, doute de la volonté de l'Eglise catholique française de tout mettre en oeuvre pour éradique la pédophilie de ses rangs. La mise à l'écart du père Vignon il y a quelques jours est perçue comme un signal terrible.

"Plus une opération de communication qu'une réelle intention d'agir". Co-fondateur de l'association de victimes La Parole libéré, François Devaux est amer, après la mise au ban du père Vignon par le tribunal ecclésiastique de l'archevêché de Lyon, composé de 12 évêques de la région (lire ici). Alors que la conférence des évêques de France se réunit ce week-end à Lourdes, et recevra huit victimes d'abus pédophiles commis par des hommes d'Eglise. Du vent pour François Devaux. Dans une interview donnée à l'agence France presse (AFP) il rappelle que la CEF n'a même pas pris contact avec son association où des victimes de tous âges se rencontrent et échangent des dizaines et des dizaines de témoignages depuis trois ans maintenant. "Les victimes sont utilisées comme cautions morales, elles sont un peu reçues en catimini", pointe celui qui fut abusé par le père Preynat dans les années 1980-1990.

"La mise en place de cellules d'écoute des victimes, de sites internet ou la formation des prêtres ne vont pas éradiquer la pédophilie qui ronge cette Église dans une omerta générale depuis plusieurs décennies, tance François Devaux. On aurait aimé par exemple un rapport d'activités sur ce que fait la cellule permanente de lutte contre la pédophilie ou la commission Christnacht (vouée à conseiller les évêques dans l'accompagnement des prêtres pédophiles, NdlR)". "Aucun signal concret me permet de penser que l'Église va mettre en place les réformes qui s'imposent", tranche François Devaux, alors que plusieurs évènement sont venus illustrer cette omerta ces dernières semaines.

Omerta, toujours

Hasard du calendrier, le père Vignon qui avait soutenu La Parole libérée et même demandé la démission du cardinal Barbarin a été démis de ses fonctions cette semaine. François Devaux y voit "la démonstration de ce cléricalisme et de cette absence de volonté de se remettre en question". Autre signal négatif, le refus par le Sénat de lancer une enquête parlementaire sur la pédophilie au sein de l'Eglise, comme l'avait demandé un groupe de personnalités de tous horizons, dont François Devaux et le père Vignon. Et l'on continue de découvrir de nouveau cas de pédophilie, comme en Vendée cette semaine.

Pendant ce temps la justice des hommes, elle, avance, quand elle n'est pas entravée par l'omerta cléricale. Le 22 novembre tombera ainsi le verdict du jugement de l’abbé Pierre de Castelet, du diocèse d'Orléans, accusé d’atteintes sexuelles sur mineurs en 1993. Son évêque, Mgr André Fort, est également jugé pour ne pas avoir fait par de ses agissements à la justice et de l’ancien évêque de la ville, Mgr André Fort, pour non-dénonciation. "Ce jugement doit être un électrochoc", a réclamé le procureur de la République, qui a requis de la prison ferme à leur encontre.

 

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