plan part dieu

Nouvelle Part-Dieu, post-2020

Oublions un peu les tours. Le Grand Lyon souhaite insuffler un peu de vie et de confort dans un secteur où, selon Gérard Collomb, "on se croise mais où l'on ne se rencontre pas". Serre géante à l'entrée du centre commercial, toit animé de terrasses de café au-dessus de la galerie marchande et agrandissement du hall de gare figurent parmi les pistes à l'étude. Tour d'horizon des possibles.

Il n'y a pas que la Confluence, Carré de Soie ou Décines qui sont promis à des mutations urbanistiques. La Part-Dieu est au cœur de projets multiples. Prolongement de la ligne T4, réaménagement de la rue Garibaldi, extension récente du centre commercial, érection de la tour Oxygène et celle, annoncée, de la tour Incity ont tous pour théâtre ce deuxième cœur de Lyon, né en 1957 quand Louis Pradel a racheté les terrains militaires pré-existants et boosté par l'inauguration de la gare TGV, en 1983. A court terme, se pose la question de la saturation de la gare. Et le Grand Lyon a mandaté le cabinet l'AUC pour imaginer le quartier dans un avenir proche, 2020 et un peu au-delà. Des pistes de changements se dessinent.

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Démolition de l'immeuble sur le parvis de la gare

La Part-Dieu est soumise à des mutations que l'enjeu de la construction de nouvelles tours vient un peu occulter. Oui, Incity devrait se faire : le chantier de démolition de la tour UAP va reprendre cet été et durera dix à douze mois. Mais pour le reste, les tours constituent souvent "des mythes", comme l'affirme François Decoster, architecte urbaniste chez l'AUC. Oublions un peu le quartier d'affaires. Bien que très central, le secteur ne fait pas rêver. "Il a surtout une visée utilisatrice", souligne l'urbaniste. "C'est un lieu où l'on ne se croise mais où l'on se rencontre pas", affirme le maire de Lyon. C'est vrai qu'il y a un peu de Chatelet les Halles à la Part-Dieu. Un symbole de la ville-vite, de la trépidante urbaine.

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Il faudra d'abord réconcilier la Part-Dieu avec la ville. Comme le fait remarquer Gérard Collomb, un voyageur qui sort de la gare ne voit pas où est la Presqu'Ile. Sa perspective bute sur l'immeuble de bureaux planté au milieu de la place Béraudier qui sera démoli d'ici un à deux ans. "Aujourd'hui, pour rallier la gare depuis la rue Garibaldi, beaucoup traversent la galerie marchande. Demain ce sera davantage possible par la rue Servient et par la rue docteur Bouchut", explique l'urbaniste. Le cabinet pose la question du prolongement de la rue du docteur Bouchut, aujourd'hui fermée à l'entrée sud du centre commercial et prolongée par un mail piéton jusqu'au boulevard Vivier-Merle (voir photo ci-contre). Ce passage pourrait être élargi en rognant sur les terrains de France Télévision et complété d'une voie routière (esquisse ci-dessous).

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Une nouvelle entrée du centre commercial

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De l'autre côté, la rue Servient serait repensée de façon à faciliter les déplacements. Les piétons qui osent l'emprunter le font "à leurs risques et périls, serrés contre le mur", selon le maire de Lyon (voir photo ci-contre). Pour leur aménager plus de place, il faudra revoir l'entrée au parking LPA qui se fait par cette voie (la sortie se fait rue de Bonnel). "Il faudra peut-être relier les deux parkings, LPA et Cuirassiers, situé rue docteur Bouchut", suggère Bernard Badon, directeur de la mission Part-Dieu. La place gagnée serait réservée aux piétons, dans un cheminement couvert intégré au centre commercial. A l'angle de la rue Servient et du boulevard Vivier Merle, l'AUC imagine une serre géante, destinée à marquer une nouvelle entrée de la galerie marchande, plus dans l'axe du parvis de la gare (esquisse ci-dessous). L'autre entrée, l'actuelle, devient inutile, redondante avec celle du cours Oxygène mitoyenne. La serre fait aussi office de vitrine. "Elle vise à montrer que le centre commercial a plusieurs niveaux et un toit accessible", explique Bernard Badon.

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Un toit terrasse équivalent à Bellecour

Car le toit, aujourd'hui couvert par les autos, deviendra un lieu de vie, animé par des bars et des restos à ciel ouvert. "C'est une surface équivalente à la place Bellecour", réalise Gérard Collomb. Le potentiel clientèle grouille en-dessous, entre les différents niveaux de boutiques visitées par 100.000 visiteurs quotidiens. Des stationnements pourraient ainsi être supprimés. Le toit accueillera peut-être aussi les cinémas qui ne sont pas de première jeunesse, méchamment concurrencés par les UGC.

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Ce projet s'insère dans la volonté de créer une diagonale d'intérêt, depuis la halle Bocuse dont le toit sera aussi végétalisé d'ici à un an, vers la gare en passant par l'Auditorium et le lot État, un terrain vierge qui borde le centre commercial et qui fait face au Grand Lyon (voir ci-contre). Cet espace pourrait accueillir une autre serre, abritant un jardin et des cafés en mezzanine. Mais l'AUC souhaite surtout y valoriser un espace public gratuit et pas seulement des terrasses de café.

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Aux alentours, Gérard Collomb veut animer les rez-de-chaussée, aujourd'hui dévolus aux activités de service. L'urbaniste relève des architecture intéressantes à valoriser, comme l'Auditorium. "Nous n'avons pas une démarche de tout construire, tout reconstruire, une démarche de table rase", prévient-il. Ce sont paradoxalement des constructions récentes qui sont amenées à disparaître, comme l'immeuble de bureaux de la place Béraudier ou les hôtels Novotel et Athena, au sud, que l'urbaniste imagine remplacés par des enseignes plus modernes. Accor et Intercontinental pourraient se partager un complexe de 600 chambres, répondant à un besoin exprimé par la communauté urbaine. Les hôteliers actuels, qui constatent l'obsolescence de leur bâtiment, pourraient participer au tour de table.

"Déconverger" les transports collectifs ?

Un débat porte enfin sur la convergence des transports en commun. Aujourd'hui, il y a la station de métro, sous le centre commercial, la station de tram T1 et de bus, entre le centre et la gare, et la station des T3 et Rhônexpress, à l'est de la gare, place de Francfort. Un problème ? Pas pour François Decoster qui "veut desserrer les surfaces d'échange" . Selon lui, les différentes lignes n'ont pas vocation à converger en un seul point, au risque de saturer. Il est vrai que 70.000 usagers se croisent tous les jours sur ces plateformes d'échange. D'ailleurs, l'urbaniste envisage qu'une station desserve le site depuis la rue Garibaldi, si un transport en commun en site propre suit cet axe. "La Part-Dieu doit être accessible depuis ses quatre faces. Les stations Brotteaux et place Guichard sont proches et doivent aussi conduire au site grâce à un aménagement de l'espace public". Une vision hasardeuse qui suppose que les usagers sont prêts à marcher un peu pour leur correspondance... Le maire de Lyon prévoit "lors du prochain mandat", d'accroître la capacité des rames du métro. "Ce qui implique de casser certaines stations", prévient-il.

Quel devenir pour la gare ?

La gare, menacée d'embolie avec ses 120 000 usagers/jour, va devoir muter. La saturation annoncée des quais pourraient amener à la création d'une gare TGV souterraine, comme à Barcelone à horizon 2025-2030. En attendant, à la fin de l'année sera inauguré un nouveau quai, le n°K. Serait aussi à l'étude un quai L, à moyen terme. Mais ce projet ne résout pas le problème de l'asphyxie du hall actuel, soumis à d'importants flux piétons. Au lancement de T3, il avait été question de créer un passage souterrain avec tapis roulant sous le hall actuel, entre la station de métro et l'arrêt de tram de la place Francfort. Un projet sans doute onéreux : le cabinet d'urbanisme préfère envisager l'élargissement du hall actuel. D'ici à 2018 à 2020, la mission Part-Dieu pense multiplier les entrées pour mieux répartir les flux. "Pourquoi ne pas envisager des ouvertures sur les rue Lafayette et Paul-Bert ?", avance Bernard Badon.

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