"Nous avons besoin d'un De Gaulle du développement durable"

on en parle beaucoup, sans trop savoir ce que c'est. Quant aux actions concrètes, elles sont bien minces... Jusqu'au 7 avril, Le gouvernement organise la 5e semaine du nom, avec l'objectif de sensibiliser à l'écologie. Lyon Capitale a rencontré Laurent Jolia-Ferrier, consultant lyonnais en développement durable pour qu'il éclaire notre lanterne.

Lyon Capitale. On met tout et n'importe quoi derrière le terme de développement durable. De quoi s'agit-il vraiment ?

Laurent Jolia-Ferrier : Nous savons que mathématiquement et physiquement, une croissance infinie dans un monde fini n'est pas possible. Au rythme actuel, nous allons dans le mur. Il faut donc opérer un virage à 180 degrés. Le développement durable est donc un développement qui permet de préserver l'environnement et d'assurer le bien-être économique et social des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à assurer le leur.

Dans votre livre*, vous analysez tous les programmes des candidats. Y en a-t-il qui se démarquent dans une logique de développement durable ?

François Bayrou et José Bové se détachent. Car ils ont conscience que la croissance pour la croissance est un modèle qui ne peut plus durer indéfiniment. Contrairement à Sarkozy qui pense que la croissance n'est pas incompatible avec l'environnement. La grosse surprise vient de Ségolène Royal qui ne parle quasiment pas de développement durable dans ses 101 propositions. Quant à Jean-Marie Le Pen, il ne se débrouille pas trop mal. Sous l'effet d'une idéologie nationaliste, il est favorable à une agriculture de subsistance et s'oppose aussi à la brevetabilité du vivant.

Est-ce seulement une contrainte écologique ou une véritable troisième voie de développement, propre à changer nos vies ?

C'est une question de société sur laquelle les politiques devraient monter au créneau. Mais durant cette campagne, on préfère parler des drapeaux à agiter plutôt que d'aborder les vraies problèmes. Le stade de la sensibilisation est franchi. Maintenant, il faudrait un de Gaulle du développement durable pour mobiliser les Français et modifier en profondeur notre système économique et financier. Il faut rompre avec les rendements à deux chiffres exigés par les actionnaires, qui conduisent nécessairement à la destruction de notre environnement. A l'autre bout de la chaîne, nous devons nous poser les vraies questions, en nous recentrant sur nos vrais besoins. Veut-on réellement changer de portable tous les six mois ou vivre selon la simplicité volontaire, en limitant cette frénésie consumériste ?

*Il vient de publier aux éditions lyonnaises SAP, "Petit manuel du développement durable à l'usage de Ségolène, Nicolas et les autres..."

Semaine du Développement durable

89 initiatives en Rhône-Alpes

Un festival montagne-écolo aux Arcs, l'ouverture d'une station d'autopartage à Villeurbanne ou encore une série de conférences à l'Université Lyon 1... La 5e semaine du développement durable présente deux fois plus d'actions en faveur de l'écologie qu'en 2006. A voir dans les administrations, les écoles, les collectivités et les entreprises. C'est l'occasion aussi pour le Conseil général de présenter, mardi 3 avril, son "Plan de réduction de consommation d'énergie".

Rens : www.semainedudeveloppementdurable.gouv.fr

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