Muriel Ferrari tient le Café des Artisans, un petit restaurant de quartier à Lyon. Née sous une drôle d'étoile, elle a vécu 1000 et une vies, avec un parcours hors-norme.
Certains naissent avec une cuillère d’argent dans la bouche. Pour Muriel Ferrari, les dés étaient “pipés dès le départ”. Montrée du doigt, le destin cabossé, elle trouvera refuge dans la rue, connaissant la faim, les galères, le ras-le-bol et “l’envie de crever parfois”. Mais aussi de “bons délires”, l’argent et “les draps de soie” du Negresco, du Ritz et du Crillon… puis le lendemain, le carrosse qui se transformait “en TGV pour Lyon”. Prisonnière de droit commun, condamnée à de multiples reprises pour vols, recels et proxénétisme, elle pourrait, comme elle dit, “faire le guide Michelin des prisons”. Elle a côtoyé la femme de Mesrine, celle de Louis Guillaud, dit “La Carpe”, condamné pour le rapt du petit Mérieux, Jean-Louis Fargette, le parrain du milieu varois, Momon Vidal, le chef du gang des Lyonnais, un ami. Aujourd’hui, Muriel Ferrari est devant ses fourneaux. Et la vie continue.

Vous êtes encore mineure lorsque vous êtes condamnée à six mois de prison à la maison d’arrêt de Fresnes. Comment le vit-on ?
Comme je l’ai dit, je jouais aux gendarmes et aux voleurs. Livrée à moi-même, crevant de faim, il a fallu que je vole dans le métro, à Paris, pour m’en sortir. Je savais que je me ferais pincer un jour, mais j’étais bonne perdante, c’est normal de payer. L’idée d’aller en prison ne me faisait pas peur. J’étais assez fière quand je suis allée quai des Orfèvres. J’avais l’impression que c’était une reconnaissance de plus, le rite de passage pour entrer dans la cour des grands. C’était la consécration. Quand je suis entrée dans la cellule de dix mètres carrés, avec un lit, une table, une chaise et la lucarne avec des barreaux, j’ai perdu de ma superbe et me suis effondrée.
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