Lyon/Saint-Étienne : et revoilà l'Hyperloop

Alors que l’autoroute A45 a été abandonnée par le gouvernement, l’entreprise canadienne Transpod s’intéresse toujours à la liaison entre Lyon et Saint-Etienne pour installer l’Hyperloop.

Selon l'AFP, l'entreprise Transpod s'intéresse toujours à la liaison Lyon/Saint-Étienne pour mettre en place l'Hyperloop, le projet de train du futur du milliardaire américain Elon Musk. L'entreprise canadienne est une des trois à tester les possibilités techniques de ce “nouveau” - même si l'idée date du début du XXe siècle - mode de transport dans des capsules circulant à très grande vitesse dans des tubes, sous vide. Particulièrement intéressée par la France, elle souhaiterait aussi développer des liaisons Paris-Le Havre, Paris-Toulouse. Pourtant ce projet qui suscite l'adhésion de certains décideurs locaux ne fait pas l'unanimité dans la communauté scientifique. Comme nous l'écrivions en 2017, les 900 km/h annoncés seraient déjà contraints par la topographie entre Lyon et Saint-Étienne.

En prenant le parcours potentiel qui est celui de l’A45 on a vu qu’on avait des courbes et qu’on pouvait faire du 400 km/h maximum, mais que l’on pouvait donc mettre huit minutes”, expliquait Christian Brodhag, chercheur à l’École des mines de Saint-Étienne et ancien conseiller régional écologiste, qui porte le dossier dans la région. Une topographie qui en plus d'augmenter le temps de parcours ferait exploser les coûts. Elon Musk avait avancé un prix au kilomètre de près de 6,5 millions d'euros (11,5 millions de dollars par miles). Prix qui serait déjà très largement dépassé. Selon des documents de la compagnie Hyperloop One, concurrente de Transpod, obtenus par Forbes les projets à l'étude coûteraient au minimum 30 millions de dollars par kilomètre. Dans l'hypothèse d'un trajet Hyperloop qui suivrait le trajet Lyon-Saint-Étienne via l'A7 puis l'A47 (62 kms) la construction de la ligne coûterait 1,89 milliard d'euros. Avec un trajet plus direct autour de 50 kilomètres, le coût serait de 1,5 milliard d'euros, auxquels il faudrait ajouter le coût d'éventuels tunnels pour que la ligne soit la plus plate possible. Tunnel dont le coût de construction est évalué à 100 millions d'euros du kilomètre. Des projections bien loin des 700 millions d’euros annoncées initialement. En plus de son coût, l'Hyperloop fait toujours face à de nombreux problèmes techniques (freinage, distance de sécurité, pression dans les tunnels*). Problèmes identifiés par Elon Musk en 2013 quand il a lancé son projet, mais dont il n'avait pas apporté de réponse. 

Au-delà de ces contraintes, des doutes subsistent sur l’utilité d'un tel outil pour relier les deux villes de la région. Chaque jour, près de 90 000 personnes font le trajet entre Saint-Étienne et Lyon via l’A47 et 10 000 autres en TER. Mais pas forcément de centre à centre. “Les deux tiers des gens qui utilisent l’A47 font du cabotage  : ils font Saint-Chamont/Givors, Givors/Lyon ou autre. L’Hyperloop ne les prend pas en compte”, commentait Jean-Charles Kohlhaas, élu RCES au conseil régional en 2017. “Personne ne va avoir l’Hyperloop en bas de chez soi”, ajoutait Éric Vidalenc, spécialiste des questions énergétiques et de mobilités. Si l'Hyperloop devait voir le jour, les hypothèses les plus optimistes ne le prévoient pas avant 2026.

*Lire la critique de l’Hyperloop (ici) et la réponse de Transpod (ici).

Saint-Étienne/Lyon : les fausses promesses de l’Hyperloop

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