le retour de la viande dans les cantines
Photo d’illustration d’une cantine scolaire ©PHOTOPQR/VOIX DU NORD/Thierry THOREL
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Lyon lance un ambitieux plan en 5 ans pour les cantines scolaires

Le nouveau cahier des charges de la restauration dans les écoles de la ville de Lyon sera présenté en avril. Les élus verts ont remis à plat le marché public des cantines lyonnaises dans son ensemble, avec un objectif précis : 100 % de bio et 50 % d’approvisionnement local, dans un rayon de 50 kilomètres autour de Lyon, d’ici 2026. Sans majoration des prix. Un appétit qui pose de nombreuses questions.

Au pays du museau de bœuf et des oreilles de cochon, le nouveau maire de Lyon se dit volontiers flexitarien, soit un adepte des légumes et des légumineuses mais qui mange aussi un peu de viande. Si, quelques jours avant les traditionnelles giboulées de mars, en décidant de supprimer pour sept semaines la viande dans les 126 cantines lyonnaises, arguant la prise en compte de nouveaux protocoles sanitaires, Grégory Doucet a déclenché une levée de plateaux de cantine, jusque dans celles de l’Élysée, au point de rendre trois ministres – agriculture, transition écologique et intérieur – aussi rouges de colère que lui est vert, sa promesse de campagne comme candidat sur les menus scolaires était somme toute consensuelle. 100 % bio et 50 % local dans les cantines des écoles d’ici 2026. Un marketing politique concis, chiffré, daté. Et sans cravate. Le tombeur de Gérard Collomb, indifférent aux vieux codes de la politique, qu’il n’a guère pratiquée jusqu’ici, est en revanche "habité depuis longtemps par la chose politique".
L’homme, dont le regard espiègle et le collier taillé lui donnent des airs de (Frank) Serpico, celui de la série télé américaine, a beau être un néophyte en politique, il reprend volontiers la phrase de Victor Hugo, qui fut aussi maire, à Paris, “aucune armée ne peut résister à la force d’une idée dont le temps est venu”. Et entend bien revêtir le costume du "maire nourricier". Jusqu’à la fin du XIXe siècle, le maire était de fait en charge des approvisionnements alimentaires de sa ville – "il (utilisait) ses prérogatives de police des marchés, (surveillait) les boulangers, (fixait) le tarif du pain", mentionne Nicolas Bourguinat, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Strasbourg. Va-t-on assister au retour de cette figure tutélaire ?

Maire nourricier

Comme toutes les autres villes, Lyon s’est progressivement éloigné de son alimentation. Au point d’être aujourd’hui complètement hors sol. Dans la capitale des Gaules, les habitants consomment chaque année en moyenne seulement 20 euros de produits agricoles locaux. Un montant qui est à rapprocher de deux chiffres résumant l’absurdité de la situation lyonnaise : dans un rayon de 50 kilomètres autour de Lyon, 95 % de l’alimentation des habitants est importée alors que 95 % de la production agricole est exportée. Dès lors, nous ne consommons que 5 % de ce que nous produisons. Autrement dit, six jours par semaine, les habitants de la métropole mangent des produits agricoles extérieurs à leur territoire.

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