Lyon : l'idée d'une autoroute "propre" prend encore du plomb dans l'aile

À Lyon, certains candidats aux élections, comme Gérard Collomb, défendent l'idée d'une nouvelle autoroute qui serait "propre" et "écologique", grâce aux voitures électriques et à hydrogène. Après une publication française, une étude anglaise balaie le fantasme "du zéro émission".

La future autoroute urbaine de l'Anneau des Sciences, censée boucler le périphérique à l'Ouest, pourrait-elle être "propre" et "écologique" grâce aux voitures électriques et à hydrogènes ? C'est ce que défend le candidat aux élections métropolitaines Gérard Collomb, quitte à se faire taxer une nouvelle fois de "greenwashing" après les bacs à fleurs condamnant les voies de bus et vélo dans le centre-ville de Lyon.

En juillet, une étude de l'Anses sur les "Particules de l'air ambiant extérieur" rappelait  qu'une partie de ces particules ne sont pas émises par les pots d'échappement, mais issues de l'usure et de l'abrasion : pneus, freins, chaussée... Véhicules thermiques comme électriques ou à hydrogène participent ainsi à l'émission de ce type de particule, souvent de plus petites tailles (les PM 2.5 sont 40 fois plus fines qu'un cheveu). Ainsi, elles peuvent passer dans le sang, atteindre le cerveau ou se loger dans le placenta des femmes enceintes et ne sont pas bloquées par les masques ou muqueuses.

Pour l'Anses : "les preuves d’effets néfastes sur la santé liés à l’exposition aux émissions issues du trafic routier sont fortes". Elle préconisait de "réduire drastiquement l’émission de polluants","le renforcement des transports en commun, de l’intermodalité et de modes actifs de transport comme la marche à pied ou le vélo", encourager des alternatives comme l'électro-mobilité, mais "surtout la réduction du trafic" (l'électro-mobilité étant également source de particules).

Une nouvelle étude britannique

En 2019, une étude venue du Royaume-Uni indiquait déjà que 50 % de l'émission de l'ensemble des particules dues aux transports sont issues des freins, pneus et routes, sans distinction de motorisation. Début 2020, une publication scientifique dans la revue Metallomics (lire ici) suggère que les particules issues du freinage sont aussi dangereuses que celles de la combustion du diesel. Métalliques, elles représenteraient un risque pour le système immunitaire, et augmenteraient la probabilité de développer un cancer des poumons.

Pour les chercheurs, seulement "7 % des particules très fines de type PM 2.5, provenant du trafic routier, viendraient des gaz d'échappement. Le reste est issu de sources comme l'usure des pneus, des embrayages, des freins, mais aussi de la remise en suspension de la poussière sur la route". À elles seules, les poussières issues du freinage représenteraient 20 % de l'ensemble des particules fines PM 2.5 dont l'origine vient du trafic.

"Il n'y a pas de véhicules zéro émission"

Selon les chercheurs, même s'il est important de se pencher sur les émissions dues à la combustion, ce n'est pas le seul problème. "Il n'y a pas de véhicules zéro émission. Avec les mesures de réduction des émissions d'échappement qui entrent en vigueur, les autres sources d'émissions de particules sont susceptibles de devenir plus importantes" précisent-ils. En effet, si les voitures électriques bénéficient de système de récupération d'énergie au freinage, ce qui réduit les émissions, elles sont aussi plus lourdes, ce qui a tendance à augmenter les émissions de particules non liées aux gaz d'échappement.

L'idée d'une autoroute "propre" qui accueillerait uniquement des voitures électriques et à hydrogènes reste donc un mythe. D'autant plus que pour l'instant, les ventes de véhicules dans le Rhône font la part belle à des voitures thermiques dont le poids moyen augmente. Plus lourdes, elles pourraient donc générer potentiellement plus de particules dues aux freinages (lire ici). Ces derniers mois, la science ne va donc pas dans le sens... de l'Anneau des Sciences.

Lyon : le mythe de l'Anneau des sciences "propre" balayé par une étude

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