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Les "casseurs" devant la justice : la peine la plus lourde

Devant le tribunal correctionnel, mercredi 10 novembre, avait lieu une nouvelle audience pour un des "casseurs" de Lyon : Fabien, qui avait été arrêté le vendredi 15 octobre mais avait refusé la comparution immédiate. Trois semaines plus tard, il a écopé de la peine la plus lourde jamais prononcée dans ces affaires : 12 mois de prison dont 6 avec sursis et 6 en semi-liberté. Il a été également condamné à 2 mois de prison ferme en plus pour avoir refusé les prélèvements ADN des services de police.

La tension est palpable au Tribunal de Grande Instance de Lyon rue Servient. Des policiers surveillent l’entrée de la salle d’audience dans laquelle doit se dérouler le procès de Fabien, 22 ans, étudiant en science politique et en droit à l’Université Lumière (Lyon 2). Dans la salle, on remarque la présence importante de forces de police en civil ou en uniforme. Venues pour soutenir le commandant de la BAC (Brigade Anti-Criminalité) Valéry Pastor ou pour prévenir les éventuels débordements que pourrait provoquer le procès.

Les accusations sont lourdes contre Fabien. Il aurait notamment cassé plusieurs voitures dans la rue St Hélène à l’aide d’une fronde artisanale puis jeté un fumigène dans l’une d’elle pour la faire s’enflammer. Interpellé à la suite de ces actes par des policiers de la BAC dirigés par le commandant Pastor. Il aurait cassé l’auriculaire de ce dernier en lui donnant volontairement un coup de pied dans la main. Le commandant, venu témoigner à l’audience, explique la rage qu’il a vu dans les yeux du prévenu, le regard qu’ils ont échangé pendant l’échauffourée et qui ne lui a laissé "aucun doutes sur ses intentions".

Une action politique

Dans une sacoche retrouvée près du lieu de l’arrestation, les policiers ont saisi un descriptif des comportements à adopter lors d’une manifestation ou d’une arrestation. Ce type de document est distribué par des activistes, plutôt situés à l’extrême gauche, parfois lors de mouvements d’émeutes comme il y a eu en marge des contre-sommets internationaux. Pour le procureur Buffart, qui brandit ce tract à l'audience, Fabien aurait appliqué ces comportements : "Il est conseiller de se débattre lors de l’arrestation, d'appeler à l’aide, de donner une fausse identité, de donner une fausse adresse et de refuser tout type de fichage", explique le procureur. Pendant sa garde-à-vue de quarante-huit heures, Fabien a notamment refusé la prise d’empreintes génétiques - Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG).

Le procureur Buffart, s’attarde également sur le fait qu’il porte un tatouage de casque Trojan, symbole d’une appartenance à la mouvance "red skin" . Le prévenu se défend et explique que ce tatouage symbolise le logo du label de musique reggae Trojan. Pour lui, cela ne suppose donc pas une appartenance aux skinheads tels que nous les connaissons. Au contraire, ce symbole est représentatif des racines de la mouvance skinhead apparu à la fin des années 60 qui prônait un antiracisme et une union de la jeunesse. Le procureur demandera finalement trois peines distinctes : 1 an de prison dont 4 mois du sursis et mise à l’épreuve pour la casse et la blessure du commandant, 3 mois de prison ferme pour le refus du fichage ADN ainsi qu’une privation pour 3 ans des droits civiques, civils et familiaux.

De la prison ferme mais sous le régime de la semi-liberté

La plaidoirie de Maître David Metaxas, s’attarde sur une forme d’irresponsabilité du prévenu. Me Metaxas parlera à de très nombreuses reprises d’un "gamin", d’un "gosse ". La défense s’attache également à démontrer le fait que la blessure faite au commandant de la BAC ne pouvait pas être volontaire du fait d’une situation chaotique qui ne permettait aucune certitude. La personnalité du prévenu joue pour le coup en sa faveur et les attestations morales sont nombreuses, allant des professeurs de l’université jusqu’à l’évêque Jacques Gaillot, réputé pour son engagement dans les luttes sociales, morales et politiques. Le mois d’emprisonnement préventif qu’à subit Fabien aura probablement fini de motiver la décision du tribunal qui le punira finalement à 12 mois de prison dont 6 avec sursis et 6 en semi-liberté. La surprise vient principalement du fait de la requalification des blessures infligées aux commandants de la BAC : de "violence envers force de l’ordre" en "rébellion". Il est également condamné à 2 mois supplémentaire pour le refus des prélèvements ADN et sera privé pour 2 ans de ses droits civiques, civils et familiaux.

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