Le grand retour des voitures à Confluence

En 2012, le nouveau centre-ville lyonnais va poursuivre sa mutation. La phase 2 commence, avec l'aménagement de la partie Est du quartier. Sur le quai Rambaud, le siège de GL Events va être inauguré. Surtout, les voitures devraient faire leur retour : la Ville a prévu deux nouveaux accès routiers, contredisant sa vision initiale plus écologiste.

Confluence, chapitre II. En 2012, prendra forme la 2e tranche du nouveau centre-ville lyonnais. Les premières démolitions sont déjà survenues sur le marché de gros. Enjeu : l'aménagement de la partie Est du cours Charlemagne, autour de l'hôtel de région. Un espace qui accueillera 2000 appartements et 5500 habitants. "D'ici à la fin de l'année, les premiers tandems promoteurs/architectes devraient être choisis au nord de la 2e phase, vers la rue Casimir Périer", précise Benoit Bardet, directeur de la communication de Lyon Confluence. Les premières esquisses de bâtiments suivront.

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© HdM MDP

L'arrivée de GL Events et d'Euronews

Alors que cet immense chantier est lancé, des améliorations sont portées à la phase 1 de la Confluence, déjà réalisée, sur le quai Rambaud. C'est presque en catimini que la Ville de Lyon revoit son projet d'éco-quartier, quasiment interdit aux voitures. Sont-ce les effets du lobbying opéré par les entrepreneurs déjà présents ou l'arrivée en 2013 d'Euronews et celle plus proche de GL Events sur cette langue de terre, coincée entre voies ferrées et Saône ? Les docks devraient bénéficier de nouveaux accès. On se souvient que le restaurateur Nicolas Le Bec avait poussé un coup de gueule dans Lyon Capitale il y a près d'un an. "Le Confluent, putain, on le porte sur les bras ! Malgré la reprise des travaux, ça stagne, c'est dangereux. C'est même inquiétant", tempêtait-il (lire ici). Gérard Collomb l'a entendu. Il vient de rompre avec la philosophie générale du projet en prévoyant deux nouveaux accès routiers. Ils devraient voir le jour en 2015.

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2 nouveaux accès routiers vers le quai Rambaud

C'est tout d'abord une nouvelle liaison entre le cours Charlemagne et le quai Rambaud, à l'approche du pôle de loisirs. Un chantier qui va nécessiter l'interruption de la circulation ferroviaire en 2014, puisqu'un passage souterrain va être creusé. Cet axe est notamment destiné à désengorger la rue Montrochet qui lui est parallèle. Un 2e accès au sud est envisagé qui consiste en une ouverture au bout des docks vers le carrefour Pasteur (et la station de tramway Musée des Confluences).

Voilà qui changerait radicalement la physionomie du quartier : les docks cesseraient d'être une impasse. Et y venir en voiture sera possible : un nouveau parking va être construit en 2012 sur le talus appartenant à Réseau Ferré de France. Il complétera le parking actuel, aménagé depuis l'été dernier, qui compte déjà 200 places, en lui faisant gagner une centaine de stationnements supplémentaires. Ces facilités données aux autos pourraient agir comme des pompes à bagnoles. Or les accès à la Confluence dans son ensemble ne sont pas améliorés. Ainsi le pont des Girondins, censé créer un passage vers Gerland, est repoussé sine dei.

Un parking proche des voies ferrées… et 3 autres à l'Est

Sur la partie nouvelle, à l'Est du cours Charlemagne, les voitures ont aussi droit de cité. Chaque résidence disposera de son stationnement en sous-sol. Et trois parkings publics d'un total de 3500 places seront accessibles depuis le quai Perrache, "dimensionnés par étapes". Il est ici cherché de mutualiser leur usage en refusant le principe de places réservées : "un salarié quittant son bureau libère une place à un habitant ; un habitant parti en week-end libère une place pour un visiteur", énonce le dossier de presse.

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Les voitures ne seront cependant pas complètement reines. La trame générale de la phase 2 sanctuarise une zone particulière, mi-citadine, mi-campagnarde : le champ. Comme si les urbanistes avaient eu des scrupules à bétonner un espace naturel exceptionnel, rencontre de deux fleuves. Ce projet remonte à loin : les penseurs de la Confluence l'ont toujours imaginée verte, un peu comme elle l'était à son état originel, prévu pour un futur idéalisé où l'autoroute et la voie ferrée auraient disparu. Autant dire que sauf extinction brutale de l'espèce humaine, cette chimère n'était pas près de voir le jour. Au final, ce vert dessein devra composer avec la réalité du jour.

"Des surprises verticales"

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L'espace à aménager est aujourd'hui occupé par le marché de gros. Les urbanistes prévoient de conserver 30% des halles existantes, de deux étages maximum. C'est ainsi que la halle aux fleurs est maintenue. Un équipement sportif et un groupe scolaire sont attendus. Un patrimoine qui va conférer au quartier son identité, moins futuriste que celui qui s'organise déjà autour de la place nautique. Les rues Smith et Delandine sont prolongées vers le sud. Le projet donne une grande variété de hauteurs : des maisons de ville nichées à l'arrière, jusqu'à des gratte-ciels de 16 étages en passant par des immeubles de 5 à 9 étages. Voilà qui promet, selon le dossier de presse, "des surprises verticales". Les édifices de 8 à 9 étages sont plantés le long des grands axes, comme le cours Charlemagne, le quai éponyme ou la transversale, pour protéger le reste du quartier des bruits. C'est aussi en bordure de cet axe que deux tours verront peut-être le jour, de 40 étages. La Ville ne souhaite pas pour l'instant donner réalité à ce projet, concentrée à impulser un nouvel élan à la Part-Dieu.

Un parc en trompe l'oeil

Cette partie très urbaine s'arrête avec une transversale. Une frontière bordée par la Maison de la Danse (visible depuis le quai Perrache) et par d'éventuelles tours. Au sud de cet axe, apparaît le champ qui occupe l'emplacement aujourd'hui dévolu à la station service et par les forains. Il prend la forme d'"un parc ramifié". Il serpente, s'inspirant des formes épousées par le Rhône à l'époque de la digue de Perrache, où émergeaient de petites iles dessinées par les alluvions. L'astuce consiste en un cheminement public parmi des jardins privés. "On donne l'impression qu'il y a un espace public alors que n'est public que le cheminement", souligne Michel Desvigne, paysagiste urbaniste.

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Pour que le trompe l'oeil opère, certaines contraintes vont peser sur les propriétaires de parcelles qui, à cet endroit, sont des entreprises ou des services publics. Pas question pour eux de se barricader derrière des haies opaques. Une même grammaire végétale s'imposera, composée de plantes liées à l'eau. Les chemins sont bordés par des noues qui forment les limites avec les jardins privés. Ces noues stockent l'eau de pluie. "En tout point de la Confluence, on sera proche du réseau de parc", indique Michel Desvigne.

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