Victoire Bern et Maxence Laurent, cofonfateurs de Libelaw
Victoire Bern et Maxence Laurent, cofonfateurs de Libelaw

"Le client n’a plus à payer les frais de déplacement de son avocat" assure Victoire Bern

Victoire Bern et Maxence Laurent, cofondateurs de Libélaw, sont les invités de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

"J'ai dû récemment aller à Quimper pour chercher un calendrier de procédures (qui permet de fixer un cadre à un litige, en fixant la date de la clôture et celle des plaidoiries, NdlR). Quinze heures de train pour cinq minutes, non pas d’audience, mais de procédures. Désormais, avec Libélaw, je publie ma demande sur la plateforme, j’indique mon besoin à un avocat à Quimper, je fixe mon prix, et l'avocat sur place gère mon besoin. Aussi simple que ça."

Libélaw ? Une plateforme de mise en relation qui permet à un avocat de trouver un confrère pour se substituer à lui si besoin, le plus rapidement possible, n’importe où en France pour un dossier de contentieux. Dit autrement, un outil qui permet aux avocats de trouver rapidement un remplaçant en France métropolitaine et en outre-mer sans avoir à quitter son cabinet.

Dans le jargon juridique, on parle de gestion des substitutions. Un véritable casse-tête quotidien pour les 77 190 avocats français * et un travail assez pénible, stressant pour l'avocat et surtout chronophage, donc coûteux pour le client.

* source : Annuaire des avocats de France établit par le Conseil national des barreaux

Concrètement, un avocat poste sa demande sur la plateforme web (avec la règle selon laquelle c'est l'avocat demandeur fixe son tarif), un algorithme propose un confrère, s'ensuit un échange sécurisée entre les deux confrères et le paiement est effectué.

"On répond à un vrai besoin chez les avocats"
Victoire Bern

Quelle sécurité ? "C’est une plateforme réservée aux avocats et nos serveurs sont 100 % français, et donc hébergés en France, assure Victoire Bern. Évidemment, nous sommes ultra-conformes au RGPD, c’était la base du projet Libélaw."

1er prix de Lyon Start Up

Pour quel business model ? "On a deux modèles économiques. Le premier, c’est une commission sur chaque mission, explique Maxence Laurent. Le deuxième, c’est pour les grands cabinets : un abonnement, sous peine que cela leur coûte beaucoup plus cher avec une commission à chaque mission."

Selon Victoire Bern, la facture finale du client est divisée par quatre.

Libélaw a raflé le 1er prix du concours de pitch 2024 de Lyon Start Up, soutenue par la French Tech Lyon Saint-Etienne.


La retranscription intégrale de l'entretien avec Victoire Bern et Maxence Laurent

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd’hui deux invités : à ma gauche, Victoire Bern, bonjour, et à ma droite, Maxence Laurent, bonjour. Alors, vous êtes tous les deux frère et sœur. Victoire Bern, vous êtes avocate. Maxence Laurent, vous avez une formation en école de commerce et vous venez de créer une plateforme de mise en relation qui permet à un avocat de trouver un confrère pour le remplacer, si besoin, le plus rapidement possible et partout en France. Pour être très concret, donnez-nous un exemple.

Victoire Bern : Alors, avant Libélaw, avant le lancement du 14 avril, comment faisait-on pour trouver des confrères pour nous substituer partout en France ? Par exemple, le mois dernier, j’ai dû aller à Quimper pour chercher un calendrier de procédures. J’ai fait quinze heures de train juste pour cinq minutes, non pas d’audience, mais de procédures, pour prendre ce calendrier. Maintenant, avec Libélaw, comment ça se passe ? Je publie ma demande sur Libélaw.fr, j’indique que j’ai besoin d’un avocat à Quimper, je fixe mon prix, et les avocats qui sont sur place acceptent ma demande et gèrent mon besoin. Aussi simple que ça.

C’est donc un gain de temps phénoménal. Maxence Laurent, de quel constat c’est né Libélaw ? Y avait-il un réel besoin sur cette question de substitution et de postulation des avocats ?

Maxence Laurent : Tout à fait. Alors moi, je ne suis pas avocat. Victoire est avocate. Elle est venue me voir un jour, on parlait autour d’un café, et elle m’explique qu’elle va à Quimper ou à Brest pour rechercher un calendrier de procédures. Je creuse, parce que je trouve ça un peu irréel et un peu étrange, et on se rend compte que les avocats en France dépensent 9 tonnes de CO2 chacun à voyager pour des petites procédures. Et je dis à ma sœur : en fait, la technologie existe pour ça. Donc on a regardé comment on pouvait intégrer la technologie dans ce besoin, et c’est là qu’est née l’idée de Libélaw.

Donc il y a deux volets : un gain de temps pour les avocats, et un volet empreinte carbone, très d’actualité. La substitution, c’est de l’argot juridique, mais "substitution" et "postulation", finalement, de quoi parle-t-on au juste ?

Victoire Bern : Les avocats qui font du contentieux adorent plaider. Une audience de plaidoirie, c’est génial. Mais avant la plaidoirie, il y a des audiences de procédures. Il faut qu’il y ait un avocat, mais n’importe quel avocat. C’est ça la force de Libélaw : mettre en relation les avocats partout en métropole et outre-mer pour se rendre service lors de ces audiences préalables à la plaidoirie. Bien sûr, nous voulons continuer à plaider nos dossiers avec nos clients, c’est ce qui nous plaît. Au-delà du CO2 et du gain de temps, c’est un gain d’énergie énorme, et c’est un sujet important dans une profession soumise à un stress considérable. Enfin, c’est un gain économique pour le client, qui n’a plus à payer les frais de déplacement de son avocat : il paye uniquement la substitution ou la postulation. La facture est réellement divisée par quatre. On a créé un cercle gagnant-gagnant-gagnant.

Une facture divisée par quatre. Libélaw a été sélectionné dans le programme Lyon Start-up, porté par la French Tech Lyon Saint-Étienne. Vous avez été sélectionnés parmi les projets, et en plus, vous avez gagné le concours. Qu’est-ce que ça vous a apporté pour le projet Libélaw, dans sa construction et son développement ?

Maxence Laurent : C’était une sorte d’incubateur pendant quatre mois. On a fait une semaine à l’EM Lyon, on a passé énormément de temps avec beaucoup de professionnels qui nous ont aidés à affiner notre business model et à le rendre encore plus pertinent. Ce que cela nous a permis, c’est déjà d’apporter à Victoire une éducation business, et pour nous, c’était vraiment une validation complète que nous étions sur la bonne voie. Nous avons lancé il y a quatre semaines, et en quatre semaines, nous nous sommes rendu compte que nous étions plus que bien partis, parce que ça marche très fort.

Aujourd’hui, avec Libélaw, combien de professionnels avez-vous mis en relation ?

Victoire Bern : On parle de métropole et d’outre-mer. On a des relais, évidemment, à Nouméa, etc. On en est à plus de 50 mises en relation pour 250 inscriptions. On a lancé le 14 avril, donc ça marche déjà très bien, parce qu’on répond à un vrai besoin fort chez les avocats.

Il n’existait rien, pour le coup ?

Victoire Bern : Il existait des tentatives, mais nous, en passant plus d’un an à monter le projet avec une équipe de quatre développeurs entièrement dédiés à la structure Libélaw, on a passé un temps phénoménal à écouter les avocats, à recueillir leurs besoins, leurs envies, et à créer quelque chose de très intuitif et fluide.

Alors, il y a quand même une question : quand on parle d’avocats, il y a des dossiers confidentiels. La confidentialité, comment faites-vous pour que tous ces dossiers ne partent pas dans la nature ?

Victoire Bern : Bonne question. C’est une plateforme réservée aux avocats, premièrement. Deuxièmement, nous avons des serveurs 100 % français, complètement hébergés en France. Évidemment, nous sommes ultra-conformes au RGPD, c’était la base du projet Libélaw.

Sur quel modèle économique repose Libélaw ?

Maxence Laurent : On a deux modèles économiques. Le premier, c’est une commission sur chaque mission. C’est très simple : on n’a pas choisi l’abonnement pour ne pas compliquer l’expérience et la rendre la plus fluide possible. Vous arrivez, vous postez votre mission, et Libélaw prend une commission. Le deuxième modèle, c’est pour les grands cabinets : un abonnement. Sinon, cela leur coûterait beaucoup plus cher avec une commission à chaque mission.

Très bien. L'émission touche à sa fin. Merci Victoire Bern et Maxence Laurent d’être venus sur notre plateau. Si vous voulez plus d’informations, ce sera sur www.lyoncapitale.fr. À très bientôt, au revoir.

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