La xénophobie ordinaire d'un élu

Le député du département de l'Ain, Olivier Eyraud (UMP) s'est fait remarquer dernièrement par la presse. Mais pas par ses propositions politiques, plus par ses propos un peu trop "patriotiques". Tollé chez les électeurs.

Dans le département de l'Ain, les conseillers généraux à la réputation "parfois xénophobe" se plaignent de n'être pas entendus par les médias. Ce n'est pas faute d'essayer. Dans sa lettre aux élus et présidents d'associations de son canton, Olivier Eyraud, élu UMP, l'avoue : "Oui, j'ai tout essayé : l'humour, le sensationnel, la provocation… Rien n'y fait. Peu importe le ton de mes interventions publiques lors des sessions du conseil général, tout cela tombe dans l'indifférence."

Alors deux fois valent mieux qu'une. Dans son bulletin de juillet (que Rue89 a pu consulter), il répète -par écrit- ce qu'il avait dit le 22 juin dernier, durant la séance publique rituelle entre le préfet de l'Ain et l'assemblée du conseil général : "Aujourd'hui, si vous êtes blanc, catholique, que vous avez un travail, que vous payez vos impôts, que vous respectez les règles et autrui, vous êtes redevable de tout et n'avez droit à rien. Nous vivons dans une société où nous ne retrouvons plus les valeurs qui ont fondé notre République, si bien que certains d'entre nous se sentent proprement “étrangers” chez eux. Nous ne demandons qu'à retrouver notre place dans la société."

Des propos "décomplexés".

Emoi local un peu tardif (« Sans doute la période estivale », dit une voix de l'opposition), mobilisation de SOS Racisme qui hésite à appeler à manifester devant le bâtiment du conseil général… C'est un article la semaine dernière dans Le Progrès qui a relancé la polémique.

Guillaume Lacroix est chef du groupe socialiste dans ce conseil général qui a basculé à gauche il y a deux ans, après trente-deux ans de gestion à droite. Pour lui, la sortie d'Olivier Eyraud relève moins d'une partie de chasse sur les terres frontistes que d'un symptôme plus vaste dans les rangs d'une droite décomplexée : "Depuis un peu plus de trois ans, on sent très clairement que la gestion nationale au sommet de l'Etat débride les élus locaux. Cet élu UMP a le verbe haut, il est parfois xénophobe… mais pas systématiquement, si j'ose dire. Ce n'est pas un Front national sous-jacent sous l'étiquette UMP, mais un de ces élus qui se sentent maintenant autorisés à formuler à voix haute des propos décomplexés."

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