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La ville héberge 140 jeunes migrants dans un gymnase du 7e arrondissement de Lyon depuis le 16 janvier. (Photo AP)

La mairie de Lyon met à l'abri 140 jeunes migrants : "On ne manquera pas d'envoyer la facture à la préfète"

Depuis le mardi 16 janvier et jusqu'au 31 mars, soit le temps de la trêve hivernale, la Ville de Lyon s'est engagée à héberger 140 jeunes migrants en recours dans un gymnase du 7e arrondissement lyonnais pour les sortir de la rue.

Mardi 16 janvier, peu après 10 heures, des bus déposent tour à tour des jeunes chargés de sacs devant le gymnase Gabriel Rosset, dans le 7e arrondissement de Lyon. Au total, 140 jeunes migrants en recours de minorité et qui se trouvaient à la rue vont pouvoir bénéficier de cet hébergement d'urgence ouvert jusqu'au 31 mars, date de fin de la trêve hivernale.

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Une situation "insupportable et insoutenable"

Une décision prise par la ville pour pallier l'inaction jusqu'ici de l'État et la Métropole de Lyon sur ce sujet et qui n'est pas sans rappeler l'opération conduite il y a un an dans ce même gymnase par la collectivité pour héberger 83 autres jeunes migrants en recours. Cette fois, les jeunes mis à l'abri ce mardi étaient "installés au square Sainte-Marie-Perrin depuis le mois d'avril. Il était insupportable et insoutenable de continuer à les avoir sous des tentes, dans le froid et sous la pluie", déplore Sandrine Runel, adjointe au maire de Lyon en charge des solidarités et de l'inclusion sociale.

"Avoir son lit c'est magnifique"

Abdoul, l'un des jeunes migrants en recours hébergés au gymnase

Après des discussions avec le diocèse de Lyon, qui accueillait depuis le 8 décembre une dizaine de ces jeunes au sein de l’église du Saint-Sacrement, la municipalité a également obtenu que l'institution religieuse prenne en charge 30 autres jeunes qui dormaient dans le square. Des sites ont été retenus dans les 6e, 7e et 8e arrondissements, ainsi qu'à Dardilly, pour les accueillir.

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Les jeunes sans-abris font la queue devant le gymnase Gabriel Rosset (Photo AP)

De son côté, le collectif de soutien aux migrants de Croix-Rousse, qui aidait les jeunes lorsqu'ils étaient au square, se dit "plutôt satisfait". Depuis plusieurs mois, ses membres alertaient la Métropole de Lyon sur la situation. "Nous avons manifesté tout l'été devant la Métropole. Pour nous, c'est elle qui est responsable en ce que les migrants sont présumés mineurs tant qu'un juge n'a pas décidé le contraire", explique Sébastien, un membre de l'association.

Qui plus est, une partie des jeunes n'ont pas été pris en charge après le démantèlement du campement. "Le recensement de la ville a été fait le 13 décembre mais la situation a évolué entre temps. Aujourd'hui, il nous reste 32 jeunes sans solution". Ainsi, le collectif doit payer 18 lits en dortoirs pour héberger certains d'entre eux. Sébastien indique qu'ils enverront la facture à la Métropole et à la Préfecture, "mais on se fait pas d'illusions".

Une opération financée par la ville de Lyon

En entrant dans le gymnase, les bénéficiaires, qui patientent dehors chargés de leurs maigres possessions, découvrent avec le sourire des lits, draps, serviettes et tout un kit de produits d'hygiène. La municipalité leur a également mis à disposition des micro-ondes et des bouilloires. Rapidement, des rires viennent réchauffer le grand bâtiment sportif pendant que les jeunes hommes s'installent.

"On fera un bilan à la fin de la trêve hivernale et on ne manquera pas d'envoyer la facture à la préfète"

Sandrine Runel, adjointe au maire de Lyon en charge des solidarités et de l'inclusion sociale

Toute l'opération est financée par la Ville de Lyon, dont les membres du Centre communal d'action sociale (CCAS) interviennent pour encadrer l'installation. "On fera un bilan à la fin de la trêve hivernale et on ne manquera pas d'envoyer la facture à la préfète", promet Sandrine Runel acerbe.

Pour Abdoul, venu de Côté d'Ivoire, "avoir son lit c'est magnifique". Passé par l'Italie dans un premier temps, ce jeune sans-abri est arrivé en France en novembre dernier. Jusqu'ici, il dormait au square Sainte-Marie-Perrin, aux côtés de ses compagnons d'infortune. "Ça n’a pas été facile depuis le mois de novembre. Les bénévoles nous disaient qu’ils cherchaient des solutions pour nous héberger à cause du froid. Ici c'est mieux, on est bien protégé", nous confie avec un certain soulagement Abdoul.

Sandrine Runel, adjointe municipale, questionne un jeune migrant en recours, Abdoul, sur son parcours. (Photo AP)

Un choix mûrement réfléchi

Au regard du nombre de jeunes devant être hébergés, la Ville a une nouvelle fois opté pour le gymnase municipal Gabriel Rosset. Un choix non sans conséquence pour la collectivité alors que le gymnase sert normalement aux élèves du collège éponyme. "C'est pourquoi nous ne l'ouvrons qu'aujourd'hui. Le choix a été longuement réfléchi", explique l'adjointe au maire.

"Ça fait six mois que ces jeunes dorment à la rue, nous avons fait le choix en responsabilité et humanité de les mettre à l'abri"

Sandrine Runel, adjointe au maire de Lyon en charge des solidarités et de l'inclusion sociale

Par conséquent, l'ensemble des cours et des activités associatives sportives de l'établissement scolaire a été déplacé dans autre gymnase de l'arrondissement. Et Sandrine Ruel d'insister en déclarant, "c'est une décision qui coûte humainement à la Ville de Lyon et aux collégiens. Mais ça fait six mois que ces jeunes dorment à la rue, nous avons fait le choix en responsabilité et humanité de les mettre à l'abri".

Récemment, la préfecture du Rhône a annoncé l'ouverture de 300 nouvelles places. Ainsi, d'ici au 31 mars, la ville de Lyon espère voir l'Etat et la Métropole de Lyon, responsables de l'hébergement d'urgence, se mobiliser pour prendre en charge les 140 jeunes logés au gymnase. D'autant que dans le même temps, 48 enfants et leur famille sont hébergés entre les murs de l’école Montel, dans le 9e arrondissement, depuis vendredi, à la suite d'une action du collectif Jamais Sans Toit.

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