Julie Rocheleau au MAC à l’occasion du Lyon BD Festival 2018 – © Tim Douet

Julie Rocheleau au Lyon BD : "Le story-board est le plus important"

À l’occasion du Lyon BD Festival qui se tient jusqu’à dimanche, Julie Rocheleau, illustratrice de La Colère de Fantomas et de Betty Boob a évoqué ce vendredi au cours d’une master class sa méthode et ses techniques. L’auteure Québécoise aux multiples influences dévoilait ses habitudes de travail dans la salle des archives de l’Hôtel de Ville.

"Personne n’est vraiment intéressé par l’évolution d’un story-board, les gens préfèrent regarder l’évolution d’une planche. Mais pourtant, le story-board c’est le plus important selon moi !" Invitée à la journée professionnelle, qui annonce l’ouverture du festival in du Lyon BD, Julie Rocheleau présente sa méthode de travail. La technique, le trait, la coloration, la jeune québécoise passe en revue ses planches et esquisses. Sur l’écran géant placé dans la salle des archives de l’Hôtel de Ville, elle fait défiler les images du storyboard de Betty Boob. Le story-board, c’est un outil indispensable aux auteurs de bande dessinée, qui projettent grossièrement les dessins dans les cases pour exprimer l’action et le temps. "Les cases évoluent, elles changent tout le temps. Là, cette case passe sur la page précédente pour que j’ai plus de place. Ici je change d’idée. Ça bouge beaucoup. Et il m’arrive parfois de revenir au story-board alors que je travaille sur la planche. C’est à ce moment que je transpire le plus. C’est une gymnastique mentale folle", décrypte la jeune auteure.

"La coloration est aussi importante que le trait"

Après La Fille invisible, une BD documentaire qui traite de l’anorexie, elle illustre les trois tomes de La Colère de Fantomas, scénarisés par Olivier Bocquet. Elle travaille aussi au côté de Normand Grégoire pour La Petite patrie avant d’illustrer sa première bande dessinée muette, Betty Boob, au scénario de Véronique Clazot. Entre meurtrier sanguinaire et histoire de réappropriation des corps, Julie Rocheleau s’attelle à des projets variés au cours desquels elle fait évoluer son style. "Quand on commence à dessiner, on ne se rend pas forcément compte qu’on répète les mêmes techniques, les mêmes schémas. Et quand on en prend conscience, alors on peut travailler avec, ou essayer de dépasser cela." La jeune femme qui avoue avoir beaucoup "chargé en couleurs" ses premières planches dans le tome 1 de Fantomas s’explique : "Avant je mettais énormément de couleurs, aujourd’hui, je me laisse parfois du blanc. La coloration est aussi importante que le trait. C’est un élément qui se pense en amont du dessin. Quand je dessine, je pense déjà les couleurs. Peut-être qu’à la fin elles seront complètement différentes, ou bien moins présentes de ce que j’imaginais, mais elles seront là."

Dans Betty Boob, l’auteure de Montréal illustre la vie d’une jeune qui se reconstruit après une ablation du sein. Elle trouve du réconfort au sein d’une troupe de spectacle burlesque qui l’aide à s’aimer à nouveau. "Betty Boob est un album assez long. Comme il n’y a aucun dialogue, il faut que tous les traits et les couleurs soient porteurs de sens, encore plus que dans un album classique. Je me suis vraiment amusée à prendre de la place. C’est un exercice qui m’a beaucoup plu. Il y a bien des choses qu’on peut dire sans texte." Dernier album en date, Betty Boob a été récompensé par le prix de la BD Fnac en 2018. "Je n’ai pas fait d’école de bande dessinée, donc chaque album est l’occasion d’essayer de nouvelles choses, ce que j’ai vu ailleurs", détaille l’auteure.

Créer à deux

Les binômes d’auteurs scénariste-dessinateur sont légion dans le monde du 9e art. Une collaboration qui doit se passer au mieux selon Julie Rocheleau. "Ça devient plus facile quand on a l’habitude de travailler avec quelqu’un. Par exemple avec Olivier Bocquet (scénariste de Fantomas) on se connaît, on sait comment l’autre fonctionne. Il m’a dit une fois qu’il fallait que l’on soit un seul auteur avec deux têtes. L’objectif est qu’on ne puisse pas dire qui a fait quoi dans la bande dessinée. C’est très important d’échanger beaucoup, sinon ça n’a pas d’intérêt et ça dessert le travail final."

Egalement en résidence au musée d’art contemporain, elle organisera une visite guidée de son exposition Scaphandrier à cheval ce samedi à 14h30. Elle sera le même jour à la Fnac Bellecour pour évoquer son travail autour de Betty Boob à partir de 17h30.

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