Journée des femmes : "Le temps a un sexe"

Vice-présidente du Grand Lyon "chargée de l'Espace des temps", elle a pris une heure de son emploi du temps overbooké pour nous expliquer pourquoi les femmes n'ont plus le temps de vivre.

Lyon Capitale. Les femmes courent-elles plus que les hommes ? Peut-on parler de discrimination au temps ?
Certainement. Dans leur majorité, les femmes éprouvent le problème de la double journée. 80% des femmes travaillent et assument 80% des travaux ménagers ; même si grâce au progrès technique, le temps consacré à ces tâches a diminué. De plus, ce sont elles qui s'occupent des personnes âgées dépendantes et des enfants. Ce sont encore elles qui subissent le plus le temps partiel et les horaires décalés, avec parfois jusqu'à cinq heures de coupure au milieu de leur journée de travail.

La vie des femmes serait donc plus stressante que la vie des hommes ?
Quellles que soient les enquêtes, les femmes se déclarent plus stressées et fatiguées. On leur demande d'être des travailleuses, des mères et des amantes. Mais c'est difficile de tout concilier. Elles ont du mal à tenir et culpabilisent. Un tiers des femmes renonce à avoir un enfant pour des raisons d'organisation de leur temps ! Beaucoup se retirent en partie du marché du travail par le temps partiel contraint. La majorité des femmes au foyer préfèrerait travailler.

Qu'ont de commun une femme du 6e, cadre sup' et une de Vaulx-en-Velin, caissière à Carrefour dans leur rapport à l'espace temps ?
Toutes les deux ont des problèmes de temps. Mais les femmes qui ont des revenus plus importants peuvent acheter des services : s'il n'y a plus de bus, elles prennent le taxi, elles peuvent faire garder leurs enfants, s'offrir une femme de ménage ou s'inscrire dans un club de sport privé. En clair, elles achètent le temps des autres.

Le Grand Lyon a initié des services urbains à horaires décalés : une crèche ouverte 24h/24, les mairies qui ne ferment pas entre midi et deux heures,... Cela paraît bien faible au regard de l'ampleur du problème !
Ah non ! c'est un début, significatif (et parfois coûteux) de l'importance de la prise de conscience. Le Grand Lyon est la plus grande collectivité de France à avoir mis en place un "bureau des temps" (appelé "Espace des temps" et dirigé par Thérèse Rabatel, ndlr). Et on ne perd pas notre temps ! On fait du diagnostic, de la sensibilisation et des actions. Par exemple, j'ai participé à la création de la crèche inter-entreprise de Gerland, avec des horaires élargis. Mais cette question de temps des femmes interroge la société toute entière : les hommes, les entreprises, les élus et l'Etat. Il faut que le travail des femmes soit assumé par tous, et pas seulement par les femmes !

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