Hôtel-Dieu : le Grand musée de la santé verra-t-il le jour ?

Le projet de Grand musée de la santé de Lyon, qui devrait s’intégrer au projet de rénovation de l’Hôtel-Dieu prend tournure. Pourtant, même si les aspects architecturaux, culturels et scientifiques sont avancés, le financement reste toujours problématique.

A chaque fois qu’une réunion touche de près ou de loin au projet de l’Hôtel-Dieu, elle fait salle comble. Et celle du 30 mars, traitant du futur Grand musée de la santé, n’a pas fait exception. L’amphithéâtre Marcel Mérieux à l’ENS était plein comme un œuf. Un écran géant retransmettait même la réunion à l’extérieure de la salle. Le projet de Grand musée de la santé, porté par le professeur Mornex, vise à intégrer les quatre collections des musées lyonnais des Hospices Civils de Lyon, des facultés de médecine, de pharmacie et d’odontologie, dans le projet de rénovation du groupe Eiffage. Le but est d’établir un lien entre le musée et le centre de séminaire. "Un lien naturel" pour le professeur René Mornex, qui relève que 3 congrès sur 5 à Lyon, sont des congrès médicaux. Concrètement, l’espace dédié au musée, pourrait passer de 800 m² actuellement pour le musée des HCL, à 4000m² pour le Grand musée de la santé, soit autant que la zone de séminaire. Le projet se situerait dans la partie nord du bâtiment, tout autour du cloître qui deviendrait un jardin d’apothicaire, planté d’herbes médicinales et aromatiques.

Original et ambitieux

Pour le professeur Mornex, il est primordial que le musée reste tourné vers l’avenir. Et dans sa démarche, seul 1/3 de la structure sera consacré à une exposition permanente, articulée autour de quatre thématiques majeures : l’hôpital, le corps, l’instrument et les traitements. Le reste du musée sera dédié à des expositions répondant à des problématiques d’actualité. Sur 30 000 pièces dont regorgent les caisses du musée, très peu seront finalement exposées, le reste étant numérisé et consultable sur place. Car au-delà des traces physiques de l’histoire de la médecine, le professeur Mornex souhaite collecter le patrimoine immatériel de la santé. Il s’est lancé dans le recueil minutieux de la mémoire de nos contemporains qui ont fait avancer la médecine. Contexte historique, enjeux, anecdotes : tout y est dans ces interviews qui sont de véritables petites perles. Et pour le professeur Mornex, il y a urgence à réaliser ces entretiens : "la plupart des acteurs majeurs ont 80 ans ou plus, comme moi. Vous comprendrez donc qu’il va falloir se dépêcher de recueillir leur témoignage", raille-t-il. Mais chacune de ces vidéos a un coût : 12 000 euros, le prix de l’équipe de tournage et du travail de post production.

Le problème du financement

Et c’est là que le bât blesse. Car si le projet de musée est bien lancé, il n’est aujourd’hui qu’une "possibilité". D’autant qu’entre la location des murs à Eiffage et les coûts d’entretien, les frais de fonctionnement de la structure sont évalués entre 3 et 4 millions d’euros. Plusieurs possibilités de financement sont envisagées, comme le soutien pérenne d’une collectivité locale, la création d’un établissement public de coopération culturelle, ou encore un financement de mécènes industriels voire une dotation européenne. D’autant qu’avec la fermeture du musée des hôpitaux de Paris, le Grand musée de la santé lyonnais pourrait bien se revendiquer d’une dimension nationale, voire européenne. Mais malgré la difficulté à rassembler une telle somme, le professeur Mornex relativise. "Après tout, cela ne fait toujours qu’un demi footballeur", ironise-t-il. Du coté d’Eiffage, le soutien n’est pas exubérant, "Le projet est celui du professeur Mornex, Nous n’avons pas de velléité particulière sur le musée", explique Bernard Vittielo de Eiffage Immobilier. "Si le Grand musée de la santé ne pouvait voir le jour, celui des HCL resterait en l’état", précise-t-il. Mais pour lui, voir naître ce conservatoire pourrait bien réconcilier les Lyonnais avec le projet de l’Hôtel-Dieu.

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