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© Tim Douet

Grève à la raffinerie de Feyzin : vers une rupture d'approvisionnement des commerces de Lyon ?

La raffinerie de Feyzin bloquée, les transporteurs routiers redoutent une pénurie de carburant qui pénaliserait l'approvisionnement des supermarchés de la Métropole de Lyon et des commerces du centre ville de Lyon.

Entrées et sorties bloquées. A la raffinerie de Feyzin, au Sud de Lyon, qui traite chaque année près de 5 millions de tonnes de pétrole brut par an, acheminé par pipe depuis Fos-sur-Mer, le mouvement social est suivi par 100% des salariés.

A Feyzin, "plus une goutte n'entre ou ne sort"

raffinerie de Feyzin
©Eliot Lucas

"La direction communique sur 20% à 30% de grévistes mais cela ne correspond pas du tout à la réalité de notre nouvelle stratégie" assure, jeudi 6 octobre après-midi, Pedro Afonso, délégué syndical CGT de la raffinerie de Feyzin. La stratégie de la CGT ? La mise en place d'une grève générale au  service expédition de la raffinerie, qui gère l'entrée et la sortie des produits pétroliers. "Sur ce service, je peux vous garantir qu'on est à 100% de grévistes. Plus aucune goutte de pétrole n'entre ou ne sort de Feyzin."

Et d'ajouter, un brin désabusé, que mercredi, "10 camions ont pu sortir avec des intérimaires embauchés par la direction qui a ouvert les grilles pendant deux heures" soit environ "30 000 litres" Une goutte de pétrole sachant qu'en temps normal, entre 300 et 350 camions entrent et sortent chaque jour de la raffinerie. 


"On a des fonds pour combler les pertes de salaires des grévistes, Je peux vous dire que ça va pas s'arrêter de sitôt'."
Pedro Afonso, délégué CGT de la raffinerie de Feyzin


Pour la CGT, la mobilisation continue à Feyzin. "Une caisse de solidarité a été créée, on a des fonds pour combler les pertes de salaires des grévistes. Je peux vous dire que ça va pas s'arrêter de sitôt'!" poursuit Pedro Afonso.

Coordinateur CGT du groupe Total, Eric Sellini s'attend à une pénurie de carburant dans la région lyonnaise "dans les prochains jours". Les trois volets de revendication - revalorisation salariale de 10% pour l'année 2022, compte tenu de l'inflation, le "dégel des embauches" en France et "un plan massif d'investissements" dans l'Hexagone - font écho au versement de TotalEnergies à ses actionnaires d'un acompte sur dividende exceptionnel de 2,62 milliards d'euros. "Cela correspond à 300 euros d'augmentation mensuelle pour les 35 000 salariés du groupe pendant 12 ans' !" s'insurge Pedro Afonso. 

Pour Jean-Christophe Gautheron, secrétaire général de l'Otre (Organisation des transporteurs routiers européens) Auvergne-Rhône-Alpes, les routiers ont du mal à trouver du carburant. Une situation qui remonte néamoins au tout début du mois  de septembre quand l'Etat puis TotalEnergies ont accordé une ristourne de 30 centimes et 20 centimes d'euro par litre à la pompe.


"Quand un 38 tonnes débarque dans une station-service, cela crée quelques tensions palpables..."
Jean-Christophe Gautheron, secrétaire général de l'Organisation des transporteurs routiers européens en Auvergne-Rhône-Alpes


Le niveau d'impact se situe à deux niveaux selon l'Otre. D'abord sur le ravitaillement des camions dans les réseaux de distribution professionnels  AS24 (filiale de TotalEnergies), premier réseau de stations-services européen dédié aux poids lourds où "il y a de réelles tensions", et ensuite sur le "ravitaillement vrac" : les entreprises ont "des difficultés" à se faire livrer en cuve, inégalement dans la métropole de Lyon, selon les transporteurs qui sont soit "sur le réseau de distribution de Feyzin », « fortement impactés", soit "sur le dépôt de Saint-Priest relié par pipeline à Fos-sur-mer, où il y a moins, pour le moment, de soucis".

Le “click and collect” de la boutique spécialisée dans les ustensiles culinaires, Alice Délice, en centre-ville © Antoine MerletSi, dans la métropole lyonnaise, la pénurie de carburant est bien réelle, à la fois pour les particuliers et les transporteurs, les tensions entre les deux catégories d'usagers s'amplifie quand les seconds tentent de faire le plein dans les stations-services "classiques". "Quand un 38 tonnes débarque dans une station-service, cela crée quelques tensions palpables..."

Un rendez-vous a d'ores et déjà été fixé entre l'Otre et le préfet de Région Auvergne-Rhône-Alpes jeudi 13 octobre prochain.

Ces difficultés d'approvisionnement auront - c'est déjà le cas dans une moindre mesure - des conséquences en termes de logistique. "Si cela continue, les problèmes à venir promettent d'être énormes" assure Jean-Christophe Gautheron de l'Otre. A la fois pour la livraison "lourde" pour la grande distribution (hyper et super marchés...) mais aussi pour la partie logistique urbain et péri-urbaine avec des possibles effets sur les petits commerces de centre ville qui pourraient être "en rupture"

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