Dans le Rhône, deux associations veulent "sauver l'âme" des entrepreneurs en difficulté

Les associations Second Souffle et 60 000 Rebonds s’associent pour venir en aide aux entrepreneurs en difficulté en Auvergne-Rhône-Alpes. L’objectif, "changer le regard sur l’échec" pour mieux rebondir. 

Ne pas considérer l’échec comme quelque chose d’insurmontable et de honteux, mais plutôt comme une expérience qui peut permettre de rapidement rebondir. Voilà l’objectif de Marc Rousse, président de l’association 60 000 Rebonds et de Guillaume Bourdon, président de l’association Second Souffle. En octobre dernier, lors du Bpifrance Inno Génération 2023 (BIG), un partenariat national a été signé entre les deux associations afin de "booster leur complémentarité au seul bénéfice des chefs d’entreprises en difficulté… en résumé, mettre en place un véritable SAV de l’entrepreneuriat", annoncent les deux associations. 

3 000 entreprises rhodaniennes en difficulté

Le partenariat, également signé avec le Mouvement des Entreprises de France (MEDEF) et l’Union de recouvrement des cotisations de Sécurité sociale et d’allocations familiales (URSSAF), a trois objectifs principaux, accroître la visibilité des associations, faciliter les échanges entre les deux associations et faciliter les partenariats avec les organismes consulaires et les tribunaux de commerce par exemple.

"Lorsque l’entrepreneur vient chez nous, il est fatigué, au bout du rouleau. Mais nous, on est là pour sauver l’âme de ce patron pour qu’il puisse continuer"

Guillaume Bourdon, président de l'association Second Souffle.

Alors que l’année s’achève, un seul constat apparaît pour Second Souffle et 60 000 Rebonds, l'année 2023 aura marqué une importante recrudescence du nombre d’entrepreneurs de TPE et PME en difficulté ou qui doivent mettre la clé sous la porte. "Ce sont plus de 3 000 entreprises rhodaniennes qui sont en difficulté et près de 1 500 qui déposent le bilan", expliquent Marc Rousse et Guillaume Bourdon. Il est donc apparu presque évident pour les deux associations de travailler ensemble tant elles sont complémentaires.

Les associations, qui dressent un portrait robot de l'entrepreneur type estiment qu'il aurait en moyenne 46 ans, environ six ans d’expérience et un chiffre d’affaires d’environ 300 000 euros par an. Les deux structures affirment également que 52 % seraient des hommes et donc, 48 % des femmes. Longtemps jugés honteux, les difficultés et l’échec peuvent vite détruire le moral de ces chefs d’entreprise, alors quand faudrait-il demander de l’aide ? "Dès que l’entrepreneur ne dort plus", déclare Guillaume Bourdon, président de Second Souffle. 

50% de réussite avant un redressement judiciaire

Second Souffle peut être la première étape pour les chefs d’entreprise en difficulté désireux de remonter la pente. "Lorsque l’entrepreneur vient chez nous, il est fatigué, au bout du rouleau. Mais nous, on est là pour sauver l’âme de ce patron pour qu’il puisse continuer", explique Guillaume Bourdon. Alors que l’année dernière l’association assure avoir aidé plus de 100 entrepreneurs, en 2023 le chiffre a bondi jusqu’à 300. "Et l’année n’est pas encore tout à fait terminée", prévient son président. Chez Second Souffle, ce sont 150 bénévoles, appelés "antilopes", qui aident et accompagnent gratuitement les dirigeants d’entreprise qui rencontrent des difficultés "de pairs à pairs."

L’association a pour objectif d’agir pendant la crise "pour éviter l’isolement" et "organiser le chaos." Des soins psychologiques sont également prévus à cet effet lors d’une première rencontre avec les bénévoles et lors d’une deuxième avec des spécialistes si le mal-être est trop profond. L’association aide en parallèle la personne sur "les trois points essentiels" pour une entreprise, sa trésorie, son développement commercial et son modèle économique. Depuis sa création en 2013, Second Souffle aurait réussi à aider 400 entreprises. Aujourd’hui, le taux de réussite est de plus de 50 % si cela intervient avant un redressement judiciaire, et de 25 % s’il y a une liquidation. 

"Se faire accompagner, ce n’est pas honteux".

Marc Rousse, président de l'association 60 000 Rebonds

De son côté, Marc Rousse et 60 000 Rebonds peuvent intervenir dans un deuxième temps. "Se faire accompagner, ce n’est pas honteux", insiste le président de l’association. Une analyse rigoureuse du profil de l’entrepreneur est donc établie lors du premier rendez-vous pour l’aider au mieux. Ce sont 268 bénévoles repartis sur les sept antennes de la région qui se mobilisent pendant deux ans, aussi bien individuellement que collectivement. Les six premiers mois, sept séances sont organisées pour "redonner confiance et comprendre quelle est la part de responsabilité pour transformer l’échec", explique Marc Rousse. L’entrepreneur est enfin accompagné pour créer un nouveau projet viable et finançable. Une sorte de thérapie efficace puisque son taux de réussite serait de 96 %. En effet, 42 % des entrepreneurs auraient réussi à se relancer dans un nouveau projet, tandis que 58 % ont préféré opter pour un retour au salariat. 

"En accompagnant ces dirigeants, nous souhaitons leur donner les clés pour anticiper et le cas échéant rebondir et leur faire comprendre que cette épreuve est toujours génératrice d’enseignements. Changer le regard sur l’échec est un long parcours, mais nous nous y attelons en allant dans les écoles et les universités pour que l’on reconnaisse ce droit à l’échec et que l’on comprenne que l’on peut en sortir plus fort. Parlons d’expériences plutôt que d’échec !", concluent les deux hommes. 

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