Manif3 © Mathilde Delacroix
© Mathilde Delacroix

"Contre la haine du quotidien" : la police manifeste à Lyon

À partir de 12h30, les syndicats de police appellent à manifester derrière la préfecture contre la "haine anti-flic", mais aussi pour de nouveau tirer la sonnette d'alarme concernant le sous-effectif.

"Sur les manifestations, on a affaire à des individus qui veulent réellement en découdre avec les fonctionnaires de police et clairement casser du flic. Cette minorité de casseurs cause des blessures aux fonctionnaires et met un coup au moral des troupes". C'est le constat qui règne au sein du syndicat de police SGP, énoncé par le délégué départemental du Rhône, Sébastien Thilliet. Pas plus tard qu'hier, cinq fonctionnaires de police sont blessés par des affrontements dans les rues de Lyon. L'un d'entre eux grièvement par une pierre reçut au niveau de la pommette. "Les fonctionnaires de police sont les garants de la paix de la République : ils agissent, ils obéissent, et ils sont bien obligé de répondre aux agressions, bien évidemment avec toute la mesure qui s'impose, ça va de soi" poursuit Hervé Redon, délégué du Rhône, représentant cette fois le syndicat Alliance.

"De la pure provocation face aux garde-fous de la République"

Sur les réseaux sociaux, les violences policières sont sans cesse décriées en marge des manifestations. Pour Hervé Redon, il s'agit avant tout d'incitation à la haine : "c'est de la pure provocation. Nous devons subir la provocation physique sur les lieux des manifestations, mais aussi les provocations sur internet. Il faut pouvoir gérer les provocations sur place à l'instant T, mais aussi dans la communication par la suite : appréhender les choses, analyser ce qu'il s'est passé et ce qui est susceptible de se passer. Nous devons prévenir et parvenir à ce que tout le monde réagissent comme il faut en cas d'agression". Selon lui, en cas de débordement, l’inspection générale de la police nationale ne fait pas de cadeaux : "L'IGPN est certes, un service de la police, mais il est complètement indépendant. Les gens savent très bien qu'ils font ce qu'ils ont à faire et que quand il faut sanctionner, ils sanctionnent. Moi même je siège en conseil de discipline, je suis bien placé pour le savoir. L'IGPN et la justice ne font pas de cadeau à la police quand il n'y a pas lieu d'en faire. Malheureusement, il faut qu'on ait suffisamment de patience et d'intelligence pour répondre avec mesure face à ces agressions, qui je le rappelle, sont gratuites. Nous ne sommes malheureusement que le tampon, le garde fou de la République".

De l'adulation à la haine, il n'y a parfois qu'un pas

Les deux représentants des syndicats de police s'attendent aujourd'hui à une forte mobilisation et à un mouvement conséquent au vu de la tension qui règne. Ils partagent de nombreux constats : sous-effectif chronique, manque de moyens et fort dénigrement de la part d'une petite frange de la population : "ce qui est scandaleux, c'est que ces gens profitent des manifestations pour semer le chaos. Il y a quelques mois, nous étions adulés par la population en tant que sauveurs alors que maintenant nous sommes les pires. C'est difficile à admettre" déplore Hervé Redon. Pour Sébastien Thilliet, la haine et la violence sont ressenties au quotidien, malgré un soutien de la part de la population : "on a reçu des coups de téléphone de la part de citoyens qui ont cherché nos coordonnées pour nous apporter leur soutien et qui seront présents sur les coups de midi et demi à la préfecture, c'est bon signe. La majorité des gens apprécient et aiment le travail que fait la police nationale, c'est la minorité qui casse et effectue des délits sur la voie publique en dégradant les biens publics et en agressant physiquement les policiers qui dérange. C'est là ou l'on veut interpeller les autorités de la préfecture et les autorités au niveau du ministère pour que cette haine anti-flic s'arrête".

Entre reconnaissance, renfort et protection

Le syndicat SGP réclame que les policiers soient mieux protégé sur les manifestations : "aujourd'hui, on a à disposition du matériel qui n'est peut-être pas employé à la hauteur de ce qu'il devrait être. Je pense aux canons à eau, barrages de pont, mais aussi aux interpellations qui peuvent être faites, et ce de manière régulière. En terme de gestion, maintien de l'ordre, il y a de quoi faire. Nous souhaitons aussi une reconnaissance pleine et entière par rapport à la dangerosité du métier de policier, métier sous-payé à notre sens qui est aujourd'hui insulté, caillassé, huer, et blessé dans leur chair au quotidien". Sébastien Thilliet déplore également l'annonce d'un renfort de 249 policiers par Bernard Cazeneuve à Lyon : "en réalité, quand on regarde le détail des effectifs qui vont arriver, on s'aperçoit que ce sont 75 gardiens de la paix et 133 emplois jeunes adjoints de sécurité. Clairement, ce n'est pas satisfaisant, ce n'est pas ça que les fonctionnaires de police de terrain demandent en terme de renfort. La mécanique normale des mutations a aussi lieu au moins de septembre. Pour l'année prochaine, on a à peu près 100 ou 120 collègues qui vont partir dans d'autres villes de France. Même si on rajoute les 75 qui sont supposés arriver au mois de septembre, on va être encore en sous-effectif, et de manière inférieure à l'effectif qui est le nôtre actuellement".

Pour Hervé Redon, le sous-effectif est aussi au cœur des problématiques actuelles : "vient s'ajouter au violence la fatigue physique, psychologique ou morale. Ça fait bien longtemps qu'on tire la sonnette d'alarme sur le sous-effectif, tout le monde est au courant. Il nous manque au bas mot plus de 200 fonctionnaires sur le Rhône. Quand le chaos s'installe, il a la particularité de pouvoir s'installer localement, comme il peut s'installer à plusieurs endroits différents au même moment, c'est là où l'on sera vite débordé". À seulement quelques semaines de l'accueil de l'Euro 2016 et toujours en état d'urgence, les policiers du Rhône semblent inquiets, mais conscient qu'ils "devront faire face" quoi qu'il arrive.

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