Halles Bocuse
©J.Bernard

Aux Halles Bocuse, Monsieur Paul laisse un souvenir impérissable

Le grand chef lyonnais Paul Bocuse est décédé ce samedi à son domicile de Collonges-au-Mont-d'Or. Ce samedi, dans les Halles qui portent son nom à la Part-Dieu, les commerçants, les Lyonnais et les touristes rendent hommage à Monsieur Paul.

Paul Bocuse dessiné sur la fresque d'un immeuble cours Lafayette.

© Lyon Capitale
Paul Bocuse dessiné sur la fresque d'un immeuble cours Lafayette.

"C’était toute ma famille, toute ma jeunesse, j’ai fait 10 000 choses avec lui", confie, émue, Renée Richard, fille de la Mère Richard, fournisseur historique de Paul Bocuse en Saint-Marcellin. Elle se souvient avant tout d’un quotidien jamais banal avec un homme qui fourmillait d’idées. "Je me rappelle de voyages au Japon, aux Etats-Unis et de soirées chez lui avec Claude François", se remémore-t-elle. Monsieur Paul, comme elle et d’autres commerçants l’appellent, avait comme but "la perfection, le travail bien fait et le bonheur des clients".

Ami proche de longue date, Paul Bocuse a toujours fait partie de la vie professionnelle et personnelle de Renée Richard. Son principal trait de caractère : sa générosité. "Il n’a jamais rien gardé jalousement pour lui, il a tout fait partager aux autres et il donnait de grandes fêtes pour tout. La générosité qu’on trouvait dans l’assiette à Collonges, il l’a mise dans sa vie", raconte Renée Richard.

"Bocuse a fait sortir les cuisiniers de leur cuisine"

Trolliet Halles ()

Très ému, Maurice Trolliet se souvient quant à lui d’un homme "qui a fait sortir les cuisiniers de leur cuisine". Il le rencontre dans les années 1970 et devient un ami proche au fil des ans. "C’était l’un des rares cuisiniers à faire son marché et à connaître la qualité des produits, raconte le boucher lyonnais ce triste 20 janvier. Il s’arrêtait quand il voyait quelque chose d’exceptionnel".

Il se rappelle des casse-croûtes improvisés le matin, en compagnie de "son maçon, son menuisier, son électricien et quelques collègues". "Il aimait s’entourer de gens simples qui avaient les pieds sur terre À la fin il nous disait : 'allez vous dégagez !', il n’aimait pas perdre de temps", sourit Maurice Trolliet. Jusque dans ses phrases, qui restaient parfois en suspend et dont il fallait deviner la fin. "Mais ce n’était pas très compliqué, il avait un sourire qui parlait et que j’aimais beaucoup"...

"Ca va gamin, ça se passe bien ?"

"C’était le papa et le grand-père de beaucoup de cuisiniers. On a l’impression de perdre quelqu’un de sa famille", confie de son côté Bruno Bluntzer, aux commandes de la charcuterie Sibilia, qui compte parmi les fournisseurs historiques du restaurateur.

Son souvenir le plus marquant remonte à l’époque où il était stagiaire les cuisines Paul Bocuse. "En tant que stagiaire, je faisais la mise en place mais je ne devais plus toucher à rien pendant le service. Un jour, j’étais dans cuisine et j’ai vu tout le monde qui rigolait autour de moi. J’ai senti une main sur mon épaule et j’ai entendu une voix qui me demandait : 'ça va gamin, ça se passe bien ?'. C’était lui", se souvient Bruno Bluntzer.

Pour lui, Paul Bocuse a donné ses lettres de noblesse au statut de cuisinier et a permis aux commerces des Halles de Lyon d’être reconnus partout dans le monde. Même son de cloche chez Florent Pugeat, gérant du comptoir de la Maison Pupier, qui rend hommage à "un grand monsieur de la gastronomie". "Il a nous a beaucoup aidés grâce à son nom", reconnaît-il.

"Il a fait connaître Lyon partout grâce à sa cuisine"

Poissonerie Pupier

©J.Bernard

Contrairement aux artisans de la bouche presque tous au courant du décès de Paul Bocuse, les touristes et les Lyonnais qui flânent ou font leurs achats aux Halles Paul Bocuse ce samedi après-midi ont été, pour certains, surpris, choqués et tristes à la fois. Par exemple, Christelle a "du mal à le croire. Je suis très surprise. En tant que Lyonnaise, je suis fière qu’il soit originaire de ma ville. Je ne pense pas que l’on verra une nouvelle figure comme lui dans la gastronomie lyonnaise et même française", disait-elle émue.

Pour Bruno, "c’est un bout de l’histoire de Lyon et de la gastronomie qui s’en va. C'est le premier qui a exporté la gastronomie lyonnaise et française dans le monde. Il a fait connaître Lyon partout grâce à sa cuisine", assure-t-il. Très touchée, Jacqueline parle, elle, d'un "homme magnifique, plein de vie, très généreux". "C’était l’homme de la gastronomie, un homme qui aimait bien vivre. C’est difficile de parler d’un grand personnage comme ca. Il avait toutes les qualités", selon elle.

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