Vendredi et mercredi, près de 200 enfants ont reçu des kits scolaire au Secours populaire de Lyon. (Photo Hadrien Jame)

Au Secours populaire du Rhône, les demandes augmentent de plus de 10%

Confrontées à l’inflation galopante, de plus en plus de personnes se tournent vers les associations de lutte contre la pauvreté. Dans le Rhône, en un an le Secours populaire a enregistré 10 à 15% de demandes en plus, mais il continue à faire face.

Deux jours après la rentrée des classes, mercredi 6 septembre, il n’est pas encore dix heures est déjà les familles affluent dans les locaux du Secours populaire installé dans le 7e arrondissement. Après quelques minutes d’attente, le temps que les bénévoles lancent la distribution, les premiers bénéficiaires viennent récupérer des colis de rentrée scolaire. 

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200 kits de fournitures scolaires distribués

Une poussette dans une main, Mbarime Ajdinaj repart avec un lourd cartable dans l'autre main et un sac rempli de fournitures scolaires sur l’épaule. "Cette année il y en a plus que l’année dernière", confie cette femme qui, à chaque rentrée depuis six ans, vient récupérer des cahiers, des stylos, des crayons de couleur ou encore des feutres pour ses enfants. Pour sa rentrée en classe de 5e, sa fille espérait un sac noir, la couleur n’est pas la bonne, mais elle aura au moins un sac neuf pour cette année. "Ils attendent à chaque fois ce moment", souffle cette maman dont le petit garçon fait sa rentrée en classe de CP. 

Un peu plus loin, Anila Ahmati attend de récupérer des dons pour ses deux garçons de 9 et 18 ans. Originaire d’Albanie, onze ans après son arrivée en France, Anila est une habituée du Secours populaire. "Cela fait 7 ans que je viens. Deux fois par mois pour les colis alimentaires et une fois par an pour les fournitures scolaires", précise-t-elle. Une aide indispensable pour cette femme qui, faute de titre de séjour, ne peut pas travailler et se retrouve frappée de plein fouet par l’inflation galopante depuis un an et demi. 

"Notre capacité d’accueil est atteinte"

Alors que selon l’Insee l’indice des prix à la consommation a progressé de 4,8% sur un an en août, quand en juillet il était encore de 4,3%, le Secours populaire enregistre plus que jamais une hausse des demandes d’aide. "Dans le département du Rhône, on enregistre 10 à 15% de demandes en plus entre le 1er semestre 2022 et le 1er semestre 2023. À un moment donné notre capacité d’accueil et de réponse est atteinte", explique Sébastien Thollot, le secrétaire général de l’association dans le Rhône. 

"On ne ressent pas une baisse des dons ce qui est très important. La difficulté est plutôt pour les petits donateurs, chez qui la question du don se pose"

Sébastien Thollot, secrétaire général du Secours populaire du Rhône

Lors de deux permanences organisées vendredi 1er et mercredi 6 septembre pour donner des fournitures scolaires, ce sont près de 200 enfants qui se sont vu "offrir une aide scolaire". Sur les quelque 200 kits scolaires créés pour l’occasion, 26 ont été offerts par la Ville de Lyon. Une aide bienvenue, mais l’association attend plus d'engagement des collectivités locales en cette période de crise.

"Est-ce que c’est le rôle des associations d’être les seules à répondre à une augmentation des besoins, alors que notre solidarité est volontaire et que les collectivités locales ont des compétences dans le social ?", s’interroge Sébastien Thollot. Aujourd’hui, le Secours populaire perçoit moins de 20% d’aides publiques sur son budget global. Pour autant, le secrétaire général de l’association ne demande pas plus d’argent, "on ne cherche pas à devenir une délégation de service public, insiste-t-il. On demande à l’État, en fonction de ses compétences, de prendre en charge directement les personnes".

Pas de baisse des dons

Au Secours populaire du 7e, ce sont près de 1 000 familles qui sont accueillies toute l’année, auxquelles s’ajoutent des étudiants venus chercher de l’aide. Lundi soir, ils étaient encore une soixantaine à franchir les portes de l’association, qui aide notamment certains jeunes à acheter des ordinateurs pour suivre leurs études. 

Au milieu de ce tableau bien sombre, Sébastien Thollot se raccroche toutefois au fait que malgré la crise économique qui touche les Français, le Secours populaire "ne ressent pas une baisse des dons" à Lyon. Et d’ajouter, "la question du don se pose plutôt pour les petits donateurs", mais "aujourd’hui par nos actions nous sommes connus et reconnus donc les gens nous font confiance et cela nous permet d’assurer les solidarités".

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