A la Doua, on stocke la mémoire de l'Univers

Le centre de calcul IN2P3 de la Doua, à Villeurbanne, est de la fête.

En ce mois d'octobre, il y a Halloween et la Grid Fest. Comprenez "le soir de tous les saints du paradis" et la "célébration de la grille".
Cette dernière, beaucoup moins connue que la première et qui n'a lieu que le 3 octobre 2008, se déroule à Genève, ce vendredi, au Cern.
Le Cern, c'est l'organisation européenne pour la recherche nucléaire dont les médias du monde entier ont récemment parlé pour son extraordinaire projet d'accélérateur de particules appelé LHC (Large Hadron Collider). Un anneau de 27 kilomètres de long, logé à 100 mètres sous la surface de la terre pour éviter la moindre radiation, dans lequel des milliards et des milliards de protons vont tourner, à raison de 11 000 fois par seconde à une vitesse de 99, 999999% de celle de la lumière à -271èmeC. Jusqu'à la collision. Astronomique. Et pourtant plus petite que l'énergie d'un moustique en vol !
A ce moment, se forment des milliards de "débris". Les collisions de protons reproduisent alors les mêmes conditions que quelques micro-secondes après le "big bang", il y a 13 milliards d'années.
Le but pour les chercheurs, aujourd'hui, est de pouvoir étudier ces particules qui nous renseigneraient sur notre coneption de la matière, de l'espace, du temps et des origines de l'Univers.

L'équivalent de 20 km de CD de données par an
C'est là qu'intervient le CC-IN2P3, le centre de calcul de la Doua, à Villeurbanne. Car toutes ces données issues des collisions de particules vont devoir être stockées, fin d'être étudiées.
Les chiffres dépassent l'entendement : pendant un an, le LHC délivre 15 petaoctets d'informations, soit 15 millions de gigaoctets. Ce qui correspond aux données stockées dans une pile de 20 km de CD ! Le stockage en un seul endroit sur la planète étant irréalisable aujourd'hui physiquement et financièrement, onze centres se partagent les informations. Au Canada, en Allemagne, en Espagne, en Italie, dans les pays nordiques, aux Pays-bas, à Taipei, en Angleterre, aux Etats-Unis et en France. A Villeurbanne. Le centre de calcul de la Doua dispose d'un parc informatique de plus d'un millier de machines multiprocesseurs, soit près de 3 pétaoctets de stockage. Il y a tellement d'informations qui arrivent que la salle des machines du CC-IN2P3 serait intenable sans climatisation. "On dispose de quinze armoires de climatisation, précise Xavier Canehan, l'administrateur système. Ce qui baisse la température qui sort des processeurs d'une vingtaine de degrés". Mais le LHC pousse le centre de calcul de la Doua à s'équiper d'avantge en multiprocesseurs et donc, fatalement, à agrandir ses locaux (le centre atteint 1 mégawatt d'électricité).
Vendredi, la Doua joue donc dans la "cour des grands". Un enjeu de taille car outre le défi technologique de la machine, le LHC (à l'heure actuelle en panne), le défi technologique du fonctionnement de la grille de calcul à travers le monde est primordial. Comme le disait un chercheur du CNRS dans l'émission C dans l'air, "il serait frustrant que la machine fonctionne (...) qu'on écrive beaucoup de données et qu'on ne puisse pas les regarder"

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