LC 717 p. 14-15

Michel Mercier, l’homme qui va nous coûter un milliard

Dérapages pharaoniques du musée des Confluences, opération désastreuse de la CNR, coût monstrueux des prêts toxiques... La gestion du département par Michel Mercier s’avère calamiteuse et devrait se traduire par une forte hausse des impôts locaux. Ça commence dès 2013, avec une hausse qui pourrait atteindre 300 euros par foyer fiscal imposable.

François Hollande prépare une “nouvelle étape de la décentralisation” qui sera présentée en 2013. S’il se plongeait dans la gestion du conseil général du Rhône, cela refroidirait sans doute ses ardeurs... Car la collectivité présidée par Michel Mercier (UDI) condense à elle seule tout ce qui peut se faire de pire en matière de gestion de l’argent public. Avec au point de départ le musée des Confluences, qui semble devenir un énorme péché d’orgueil.

Depuis son lancement, il y a quatorze ans, Lyon Capitale s’est plutôt enthousiasmé pour ce projet culturel ambitieux, cette architecture audacieuse (enfin à l’extérieur, parce qu’à l’intérieur les visiteurs pourraient être déçus par la banalité des espaces blancs et droits qui n’épousent pas du tout le nuage extérieur), porté les premières années par le stimulant Michel Côté... Mais il faut savoir arrêter les frais. Le Québécois, qui a défendu avec passion le projet pendant onze ans, a lâché l’éponge en 2010. La première société retenue pour réaliser le musée a préféré payer pour se retirer d’un projet démesuré, posé à la confluence de deux fleuves parmi les plus grands d’Europe. On a connu sol plus stable... Y faire tenir un projet aussi lourd en acier que la tour Eiffel était sans doute une gageure !

Michel Mercier semble être comme ces joueurs de casino qui pensent avoir déjà trop perdu pour reculer, et espèrent toujours une occasion de se refaire. Seule nuance, mais elle change tout : il ne joue pas avec ses propres deniers. Dans le cadre feutré de la préfecture, ce sont bien les impôts des contribuables lyonnais qu’il gage et regage pour les décennies à venir, à chaque nouvel amendement au plan initial de financement du musée. Et la note s’emballe. Alors que la crise est partout, que toutes les nations d’Europe font des coupes douloureuses dans les dépenses publiques, le conseil général du Rhône accélère sa course en avant.

En 2002, Michel Mercier avait déjà augmenté les impôts locaux de la bagatelle de 36 %. La même année, le centriste visionnaire avait cédé toutes ses parts dans la Compagnie nationale du Rhône : une opération, d’ailleurs encore assez opaque, qui s’avère être encore pire que la rue Grôlée pour Gérard Collomb ! Les 63 millions encaissés alors représentent à peine trois années de dividendes et sont capitalisés aujourd’hui à 400 millions d’euros de plus... Parallèlement, la note du musée – initialement de 60 millions – n’a cessé d’enfler.

Les bijoux de famille envolés, Michel Mercier pensait avoir trouvé le filon pour se refaire : négocier pour sa dette des taux d’emprunt particulièrement avantageux, grâce à des prêts qu’on appelait alors “structurés”. On les appelle aujourd’hui “toxiques” et, avec la crise, ils se sont impitoyablement refermés sur le département du Rhône, qui à lui seul a signé le quart des prêts toxiques contractés par les 101 départements français ! Selon l’hypothèse de Michel Mercier le département – donc ses contribuables – pourrait avoir perdu 200 millions d’euros dans l’affaire ! L’opposition estime plutôt la perte à 400 millions d’euros... En quelques années, c’est ainsi près d’un milliard d’euros qui ont été dilapidés simplement par une gestion calamiteuse. Et cela, alors que le musée n’est toujours pas payé.

Le plus détestable, finalement, c’est cette fâcheuse habitude lyonnaise de prendre les citoyens pour des andouilles. Gérard Collomb l’avait fait avec le Grand Stade, promettant qu’il ne coûterait pas un euro d’argent public. C’était à la fois une vérité – le stade en lui-même sera financé par le privé (et encore, cela semble moins sûr aujourd’hui) – et un gros mensonge par omission : puisque, entre les accès et le tram, la note atteindra 200 millions d’euros. Sans compter un métro dont on dit que Gérard Collomb pourrait l’inclure à son prochain mandat et dont le prix sera sans doute proche du demi-milliard d’euros. C’est quand même cher pour un projet qui ne coûte rien...

Michel Mercier fait de même sur le musée des Confluences, qui coûterait “à ce jour environ 180 millions d’euros” et qui “à ce jour” n’aurait “pas d’influence sur le budget”. Il clame cela avec son assurance bonhomme, tout en faisant passer des autorisations de paiement qui s’approchent du demi-milliard d’euros ! Le problème, c’est qu’il arrive toujours un moment où le plus dissimulateur des joueurs de casino s’approche de la banqueroute et se voit obligé de régler la note. C’est l’heure où Michel Mercier présentera la sienne aux contribuables. Il prépare les esprits à une nouvelle hausse massive des impôts et étudie une recette supplémentaire allant de 40 à 160 millions d’euros. Rapportée au nombre de foyers fiscaux imposables dans le département, c’est une rallonge qu’ils devront désormais acquitter chaque année comprise entre 75 et 300 euros !

Les joueurs de casino sont toujours confrontés au même choix : “Stop ou encore ?” Mais, pour Michel Mercier, ce sont les électeurs qui pourraient choisir, en 2015.

À lire dans Lyon Capitale-le mensuel de décembre :

• Musée des Confluences : la folie comptable de Mercier

• Finances : où est passé l’argent de la Compagnie nationale du Rhône ?

• Record : Michel Mercier a signé un quart des emprunts toxiques des départements français

• Grand Stade : cherchez l’embrouille

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Lyon Capitale n°717 est en vente en kiosques jusqu’au 20 décembre, et dans notre boutique en ligne.

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