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Menacée d’expulsion locative, elle se pend, à 70 ans

Une dame de 70 ans a été retrouvée pendue à son domicile de Vénissieux. Les fonctionnaires qui ont découvert son corps étaient venus pour l’expulser de son appartement.

Un drame de la solitude”. C’est en ces termes que la préfecture du Rhône parle du décès d’une Vénissiane de 70 ans, retrouvée pendue ce jeudi 25 avril, à son domicile. La vieille dame était sous le coup d’un arrêté d’expulsion depuis le 14 février dernier, qui devait être exécuté ce jour. Ce sont les fonctionnaires chargés de la mise en application de cet arrêté qui ont retrouvé son corps sans vie.

“La spirale de l’exclusion a fait une nouvelle victime”, juge Michèle Picard, la maire de Vénissieux. Une pression de trop pour une vie devenue insupportable. La première expulsion réalisée depuis la suspension de mes arrêtés, le 16 avril 2013, se termine par un suicide. Voilà l’atroce réalité de la détresse humaine et du désespoir”, appuie l’édile.

Cette expulsion avait été décidée le 6 octobre 2011. Le propriétaire de l’appartement que la dame occupait lui avait donné congé le 31 décembre 2010 pour le mettre en vente. “Plusieurs offres de logement de substitution avaient été faites et elles ont toutes été refusées, alors même qu’elles étaient situées dans le même immeuble”, précise la préfecture du Rhône.

Le concours de la force publique a été demandé au préfet par l’huissier le 19 juillet 2012. Il a été accordé le 14 février 2013, “alors que cette personne n’avait pas répondu aux convocations du commissariat pour faire le point de sa situation et n’avait donné suite à aucune demande de contact de la part des services sociaux”, relate la préfecture. “Elle avait été informée de cette décision. Appelée une nouvelle fois par les services sociaux, elle n’avait pas répondu.”

Du côté de la mairie de Vénissieux, on précise que la dame âgée n’était pas connue des services sociaux de la ville jusqu’à ce que l’arrêté d’expulsion soit pris. “Nos services avaient contacté cette personne par courrier, dès le 25 février, pour étudier les possibilités d’intervention auprès de son bailleur privé. Un rendez-vous avait été fixé, auquel elle ne s’est pas présentée. Si elle était inconnue de nos services jusque-là, sa situation isolée et fragilisée faisait l’objet d’un suivi par les services du conseil général et une mesure de protection était en cours”, explique Michèle Picard qui se dit “atterrée, révoltée et tourmentée”.

De son côté, Jean-François Carenco rappelle l'“important travail réalisé pour prévenir les expulsions locatives” et souligne que 85 % des demandes de concours de la force publique ne donnent pas lieu à une intervention des forces de l’ordre”. Avant d’ajouter que ce drame “impose un moment de réflexion et de fraternité. C’est, pour tous ceux qui ont été sur le chemin de ce drame, un choc profond.”

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