Renaud Payre

2022, le récap’ de la semaine : et si tout n’était pas encore joué ?

Chaque semaine, Lyon Capitale vous propose un récap’ des intentions de vote à la présidentielle en s’appuyant sur les sondages quotidiens Ifop-Fiducial pour Paris Match, LCI et Sud Radio. Renaud Payre, vice-président de la métropole de Lyon et ancien directeur de Sciences-Po, en donne ce vendredi sa lecture.

Sondage Ifop-Fiducial, le 25 mars 2022

Dans trois semaines, la campagne officielle pour le premier tour de l’élection présidentielle s’achèvera. Les sondages désignent, tous instituts confondus, une même issue : un second tour en guise de revanche de 2017 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Pour un même résultat deux semaines plus tard. Mais la semaine a été marquée par un rapprochement des courbes des deux candidats qui font la course en tête. Celle d’Emmanuel Macron est redescendue d’une marche depuis qu’il a présenté son programme d’après notre enquête Ifop-Fiducial pour Paris Match, LCI et Sud Radio.

Le président sortant a perdu trois points (28%) depuis son pic atteint le 9 mars. Marine Le Pen est au contraire en dynamique : +3% cette semaine. Elle creuse l’écart avec ses rivaux de premier tour : Valérie Pécresse, Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon. Elle semble même profiter de l’érosion des intentions de vote du polémiste d’extrême droite.

Au second tour, la présidente du Rassemblement national est toujours donnée battue (46,5%), mais elle se rapproche d’Emmanuel Macron (53,5%). Le 15 mars dernier, elle n’était créditée au second tour que de 42% d’intention de vote.


“Ce qui me frappe, c’est l’abstention”

Renaud Payre, vice-président de la métropole de Lyon en charge du logement et ancien directeur de Sciences-Po, considère que les chances de Jean-Luc Mélenchon d’accéder au second tour sont infimes. Il s’inquiète aussi d’une probable hausse de l’abstention.

Cette semaine a été marquée par un affaiblissement de la dynamique Macron et un sursaut dans celle de Marine Le Pen. A-t-on eu tort de croire que tout était déjà joué ?

Je pense que tout est joué, mais on sent un tassement de “l’immense victoire” annoncée par les partisans d’Emmanuel Macron. Mais au second tour, le rapport de force est clair et ne donne pas à penser qu’il pourrait y avoir une surprise. Ce qui me frappe dans ce sondage, c’est le niveau de l’abstention qui est 7 points plus importants qu’en 2017. La présidentielle, c’est normalement l’élection la plus mobilisatrice. Cette abstention peut s’expliquer par une résignation quant au résultat de l’élection, mais aussi parce qu’Emmanuel Macron a fracassé le clivage gauche-droite. Il y a aujourd’hui à gauche une incapacité à produire un projet mobilisateur. Aujourd’hui, elle ne se fait entendre qu’en se tirant dessus. La gauche n’est pas morte, mais elle doit mener une bataille culturelle et inventer un projet mobilisateur à construire autour de la transition écologique et de l’accompagnement des plus modestes.

Pensez-vous que dans votre camp, à gauche, Jean-Luc Mélenchon s’impose dans la dernière ligne comme le candidat du vote utile et parvienne ainsi à se faufiler au second tour ?

Je n’y crois pas. Son réservoir de voix est très faible, car Anne Hidalgo ou Yannick Jadot sont crédités de petits scores. Jean-Luc Mélenchon n’est pas loin d’avoir atteint son socle. Il compare sa trajectoire à celle de 2017, mais il l’avait construit en siphonnant Benoît Hamon qui était parti de plus haut. Là, les proies sont à des niveaux plus bas. Et puis le delta entre Marine Le Pen et lui est important.

Marine Le Pen semble profiter d’un effet vote utile en montant à mesure qu’Eric Zemmour s’affaisse. Comment expliquez-vous son regain de dynamique ?

C’est la vieille loi du Rassemblement national : l’original est toujours préféré à la copie. Cette règle n’a eu qu’une exception en 2007 quand Nicolas Sarkozy a flirté avec ces thèmes. Elle progresse significativement au second tour par rapport à 2017, car Eric Zemmour l’a dédiabolisée. Elle apparait plus calme dans cette campagne qu’il y a cinq ans. L’extrême droite est aujourd’hui à un socle autour de 30%. Ils sont en passe de gagner le combat culturel. Cela montre aussi que la digue avec Les Républicains a sauté et le score plutôt bas de Valérie Pécresse le montre.

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