Kiss in : un face-à-face sans fin

Mardi soir, place Saint-Jean, le monde était divisé en deux. D'un côté, des catholiques et des militants d'extrême droite, de l'autre des homosexuels et des sympathisants de leur cause venus s'embrasser.

Le "Kiss in" qui devait avoir lieu samedi dernier a été reporté. Cette fois-ci, la préfecture a autorisé ce rassemblement « bon enfant », qui avait été interdit la semaine dernière pour une question de temps. Surprise en arrivant, les catholiques étaient déjà en place, un homme brandissait un crucifix. Les participants du "Kiss in" arrivaient en trombes. Deux assemblées bien distinctes ont été séparées par les policiers. D’un côté 400 homosexuels et sympathisants de la causes LGBT (selon la Ligue des Droits de l’Homme). De l’autre, une centaine de catholiques et militants d’extrême-droite. Chacun scandait ses slogans : « cathophobie ça suffit » pour les uns, « on veut l'égalité » pour les autres. Une jeune fille explique qu'elle est venue ici ce soir parce que « la vie, c'est un homme et une femme, c'est ce qu'on apprend ». Un homme d'une cinquantaine d'année lui a voulu protester contre « la régression que l'on subit depuis 3 ans de Sarkozy en matière d'égalité ».

Entre prières et revendications

L’embrassade générale, le "Kiss in", n'a pas eu lieu à 19h30 comme prévu mais bien plus tard alors que les catholiques chantaient des textes religieux. Il était intéressant de voir que l'homosexualité est interdite dans la religion selon les uns, quand un mouvement homosexuel chrétien (l'association David et Jonathan) se plaçait de l'autre côté de la barrière pour défendre le droit de s'aimer, même à travers la religion. Au bout d'une heure et demie, les catholiques se sont mis à genoux et ont commencé à prier sur le parvis de la cathédrale Saint-Jean. Les participants du "Kiss in" continuaient de scander des slogans, plein de jeux de mots comme : « on est gay vous êtes tristes » et de s'embrasser, face à eux.

Un départ chaotique

Et entre les deux groupes, un cordon de CRS. Un policier explique qu'ils resteront là « jusqu'à ce que la foule se disperse », un autre tente un brin d’humour : « on reste là jusqu'à ce qu'ils sympathisent ». Pourtant, vers 21h30, alors que le porte parole de la Lesbian and Gay Pride proposait un dernier "Kiss in" et de partir ensuite puisque « nous avons gagné ! », les policiers ont provoqué la fin du rassemblement et dans un mouvement de foule ont lancé des gaz lacrymogènes. Puis ils ont procédé de la même manière du côté des manifestants catholiques. Il était 22 heures quand les diverses associations qui soutenaient le "Kiss in" ont souhaité que tous les participants partent ensemble, afin d'éviter d'éventuelles agressions.

« Protestation contre la dispersion violente »

Dans un communiqué envoyé trois heures après la dispersion, la fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l’Homme interpelle la Préfecture du Rhône sur sa « gestion ubuesque » du "Kiss In". Le président Stéphane Gomez « s’interroge » : « Pourquoi la Préfecture n’a pas fait respecter la loi, en acceptant des manifestants fascistes présents illégalement et multipliant les propos et gestes à connotation raciste et homophobe punis par la loi ? Pourquoi la Préfecture a utilisé sans sommation des moyens violents et disproportionnés contre des militants des droits des LGBT totalement pacifistes ? » A suivre.

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