Hôtel de police Lyon 3e
Image d’illustration © Tim Douet

“Ripoux” de Vénissieux : un témoin clé a été instrumentalisé

Des procès-verbaux de confrontation entre plusieurs acteurs de l’affaire des “policiers ripoux” de Vénissieux soulèvent l'hypothèse qu’un faux témoignage ait pu ouvrir la voie aux premières investigations. Une enquête de Lyon Capitale-le mensuel. Extraits.

“C’est le bordel dans la police lyonnaise”, dixit un magistrat qui s’occupe de la très grande délinquance. Ripoux, problèmes de confiance, malaise, enquêtes des bœuf-carottes à répétition, détestation de la hiérarchie policière, règlements de comptes internes et guerre entre les services. Évidemment, cet état des lieux inquiétant n’est pas généralisable à l’ensemble de l’institution policière lyonnaise, loin de là. Mais c’est le constat accablant que l’on établit en enquêtant sur une affaire qui a fait grand bruit en septembre 2012*.

Une procédure en passe de s’effondrer ?

Sept policiers et deux délégués du procureur (un vice-procureur a même un temps été suspecté) étaient alors interpellés pour des faits de corruption et, entre autres, de trafic d’influence, nous disait-on. Ils ont été mis en examen pour avoir entretenu des relations troubles avec les membres de la famille Hammoud, bien connue à Vénissieux. (…) Plusieurs policiers affectés au groupe de sécurité et de proximité (GSP) du commissariat de Vénissieux, surnommée la Bac de Vénissieux, étaient donc traînés dans la boue avec déferlement médiatique et indignation de la hiérarchie policière. Depuis, certains ont quitté la région, perdu leur famille et sont suivis par des assistantes sociales après la perte de leur emploi. S’agissant d’une enquête judiciaire, tout cela n’est cependant pas complètement illogique. Encore faut-il que la procédure tienne debout. Or, elle est en train de s’effondrer. (…)

L’affaire était-elle montée de toutes pièces ?

Sans doute aurait-il fallu prendre avec plus de sérieux une note de synthèse de la police des polices, que nous nous sommes procurée, datant du 8 août 2012. (…) Prudente sur la forme, mais sans appel sur le fond : prescription probable de faits, corruption non établie… (…) Le plus souvent, les bœuf-carottes concluent que “les faits dénoncés dans les renseignements recueillis sous X… n’ont pu être confortés”. Le juge d’instruction Philippe Duval-Molinos, qui enquête à charge et à décharge, s’interroge donc sur les témoignages anonymes qui sont à l’origine de l’éclatement de cette affaire. (…)

L’hypothèse d’une affaire montée de toutes pièces a même été esquissée. Ce scénario fou émerge d’un procès-verbal de confrontation que Lyon Capitale a consulté, dans lequel le juge Philippe Duval-Molinos cherche à comprendre les circonstances dans lesquelles un témoignage sous X a alimenté cette affaire.

* Lire “Charges fragiles dans l’enquête sur la Bac de Vénissieux”.

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L’intégralité de cet article, avec le détail du procès-verbal de confrontation, est à lire dans Lyon Capitale 729 (janvier 2014), en vente en kiosques jusqu’au 30 janvier, et dans notre boutique en ligne.

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