Jean-Jack Queyranne
© Tim Douet

Quand la Région allouait 7 millions d’euros à Center Parcs

Mardi, le président du conseil régional, Jean-Jack Queyranne, réclamait la suspension des travaux du Center Parc de Roybon. Pourtant, il y a cinq ans, il souhaitait accompagner le projet, avec une convention à 7 millions d’euros.

Ce mardi, dans un courrier adressé au préfet de Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne réclamait la suspension des travaux du Center Parc de Roybon (Isère). "Compte tenu des incertitudes juridiques liées à la mise en œuvre du projet, il me paraît préférable de prendre les dispositions nécessaires à la suspension des travaux, jusqu'au prononcé de la décision qui sera rendue par la juridiction administrative", écrivait le président du conseil régional, qui semble plutôt frileux sur ce projet.

Pourtant, il n'en a pas toujours été ainsi. Rhône-Alpes a même vu d'un œil plutôt bon l'installation future du village-vacances en Isère. Lors de sa session des 8 et 9 juillet 2009, le conseil régional votait en effet une délibération de soutien au projet de Pierre & Vacances via "un accompagnement adapté". Montant de l'engagement : 7 millions d'euros en tout. Pas versés directement à Pierre & Vacances, mais aiguillés sur des actions ciblées, attenantes au projet de Roybon. "Il fallait inciter Pierre & Vacances à s'installer chez nous et en même temps essayer d'en tirer quelques bénéfices", explique un élu du conseil régional de l'époque.

Payer les surcoûts environnementaux

Parmi les axes alors défendus par l'exécutif de Jean-Jack Queyranne, on trouve une aide de 3,5 millions d'euros maximum pour "la prise en compte des surcoûts liés au développement des énergies renouvelables et à la maîtrise de l’impact environnemental du projet de Center Parcs, tout particulièrement dans la maîtrise des consommations d’eau, le respect de la biodiversité, l’intégration paysagère des réalisations, la limitation des consommations d’énergie et plus globalement du bilan carbone".

La Région prenait donc à ses frais une partie de la démarche écologique nécessaire pour ce projet implanté en pleine forêt de Chambaran, histoire d'amortir le coût des contraintes environnementales pour Pierre & Vacances.

1 million d’euros de communication

Plus surprenant, Jean-Jack Queyranne envisageait de mobiliser la structure Rhône-Alpes Tourisme pour "favoriser une promotion et une communication adaptée sur le projet Center Parcs en phase de lancement". Comprendre par là que la région endosserait la casquette de VRP de Center Parcs les premiers temps, dans la limite tout de même d'1 million d'euros. La délibération insistait toutefois sur la nécessité de "favoriser l’accès des familles modestes à ce village de loisirs". "Après, ce n'est pas nous qui fixons les prix... On ne va pas distribuer des tickets d'entrée", commente sobrement le même ancien élu régional.

"Il s'agissait de s'appuyer sur le projet de Center Parcs pour donner quelques coups de pouce à certaines filières", explique un collaborateur de Jean-Jack Queyranne. Ainsi, le conseil régional avait budgété 1 million d'euros de soutien à la filière bois en accompagnement du projet à Roybon.

“Un projet absurde”

L'exécutif comptait aussi sur l'implantation de la structure de Pierre & Vacances pour favoriser au maximum "l'insertion et la formation professionnelles de personnes de faible qualification". La convention prévoyait également l'embauche en CDI de tous les emplois permanents auxquels la région devait contribuer au travers du dispositif Cared (contrats d'aide au retour à l'emploi durable). Coût des formations et autres mesures d'accompagnement : 1,5 million d'euros.

Déjà, à l'époque, les Verts refusaient de voir encouragée l'installation de Center Parcs. Leur position est encore renforcée aujourd'hui. “Il s'agit d'un projet absurde, créateur d’emplois précaires, îlot d’un tourisme hors sol, juge Alexandra Cusey, coprésidente du groupe écologiste au conseil régional, qui estime que Rhône-Alpes "doit désormais soutenir ce territoire des Chambarans en affectant cette somme au développement d’un tourisme durable, à la hauteur des enjeux sociaux et environnementaux".

Contacté par Lyon Capitale, Jean-Jack Queyranne ne souhaite plus s'exprimer sur le dossier de Roybon.

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