TCL métro rails
© Tim Douet

Lyon : sans 3G / 4G dans le métro, pas de ville intelligente

La métropole intelligente : un thème cher à Gérard Collomb qui aime le décliner régulièrement dans ses discours. Cependant, alors que le sénateur-maire de Lyon présente les idées et concepts qui permettraient à la ville d'évoluer, les infrastructures nécessaires ne sont pas toujours au rendez-vous.

Grand Lyon, jeudi 24 octobre : Gérard Collomb inaugure les journées de la mobilité intelligente où pendant deux jours les experts du genre se réunissent pour débattre et imaginer les évolutions de demain. Fier de lui, le sénateur-maire de Lyon en profite alors pour présenter une nouvelle fois Optimod. Ce navigateur révolutionnaire pour smartphone qui sera lancé avant la fin de l'année, est capable de prévoir les bouchons et de conseiller le meilleur itinéraire et les moyens de transport les plus efficaces. Concrètement, un Lyonnais à Bellecour qui souhaiterait se rendre à Vaise pourra interroger Optimod qui lui dira s'il doit prendre le métro, un bus, la voiture ou un vélo, le tout en fonction de la circulation actuelle, mais aussi à venir. Cependant, il y a une limite : si ce même Lyonnais, se retrouve dans la même situation sur le quai de la station métro B à la Part-Dieu, il ne pourra tout simplement pas interroger Optimod.

Le manque de cohérence globale

Toute révolutionnaire qu'elle est, cette application se retrouve face à un problème de taille : l'absence de réseau 3G ou 4G dans les métros de la ville. 31 kilomètres de zones blanches quasiment sans connexion possible. Dans ce contexte, Optimod est une belle idée qui ne peut, pour l'instant, pas exploiter tout son potentiel. L'absence de réseau dans le métro lyonnais a également d'autres impacts sur la mobilité et la ville intelligente. Sans 3G ou 4G, il est impossible d'utiliser l'excellente application pour smartphone de TCL, de réserver une voiture Bluely, de connaître le nombre de Vélo'V dans une station à proximité, voir pour les touristes de surfer sur les sites institutionnels de la ville le temps d'un trajet. Alors que les grandes capitales du monde comme Paris se sont penchées sur la question pour la résoudre, la ville de Lyon reste déconnectée.

Quand Gérard Collomb se moque gentiment de la génération Rivalta

Régulièrement interrogé par nos soins sur la question, le président du Sytral, Bernard Rivalta, ne manque pas de ressource pour trouver à chaque fois de nouvelles réponses. Auparavant, il aimait expliquer que les trajets étaient courts dans le métro. Ce jeudi 24 octobre, Bernard Rivalta a montré qu'il manquait désormais d’argument, invoquant que cela : "pourrait nuire à la convivialité entre les générations dans les rames". Pour l'élu, les jeunes auront alors leurs yeux rivés sur leur smartphone durant tout le trajet et ne communiqueront plus avec leurs aînés. Bernard Rivalta oublie cependant que dans les années 80, on pouvait faire tout autant avec un livre, un journal ou un walkman. Visiblement amusé par la situation, Gérard Collomb n'a alors pas manqué de taquiner le président du Sytral expliquant qu'il y avait "la génération Rivalta et la génération Collomb". La première réticente au changement, la seconde l'embrassant totalement.

En finir avec les clichés

Reste un cliché qui a la vie dure : celui des nuisances sonores engendrées par ceux qui utiliseraient le réseau mobile pour appeler dans le métro, dérangeant ainsi les autres. Les faits sont pourtant loin de ceux que l'on peut imaginer. En effet, les usages voix ont tendance à diminuer. Nos smartphones désormais bardés d'applications sont davantage utilisés pour l'Internet mobile. Mais Bernard Rivalta a raison : il y a bien un problème de génération. Cependant pas celui que l'on pourrait croire. Selon une étude du cabinet Deloitte publié en mai 2013, ce sont surtout les 47-65 et les plus de 66 ans qui privilégient les appels. Les 14-46 préférant les SMS. Ce sont donc les plus anciens qui risquent surtout de gêner les plus jeunes !

Lyon déconnectée

Cela serait pourtant injuste d'accabler Bernard Rivalta de tous les maux à propos d'une ville de Lyon déconnectée. Il existe un chantier oublié par Gérard Collomb et ses équipes qui pourrait bien nuire à la ville intelligente : l'absence de wifi public dans certains lieux emblématiques de la ville. Bellecour, les Terreaux, place Saint-Jean : pas un seul accès Wifi mis en place par la ville.

On pourrait alors répondre que les Lyonnais dotés de smartphone ont sûrement des abonnements Internet mobile et que cela ne servirait à rien. Mais cela serait oublier le plus important : les visiteurs étrangers. Comment font-ils pour se connecter lors de leur séjour quand ils ne sont pas à l’hôtel ? Ils ne peuvent pas utiliser leur mobile personnel au risque de se retrouver avec une facture de plusieurs centaines d'euros. Aussi fou que cela puisse paraître, un visiteur qui demande aujourd’hui à l'Office du tourisme où se situe l'accès Wifi gratuit le plus proche se voit répondre qu'il doit se rendre au Mc Donalds ou au Starbuck. Nous avons nous-mêmes réalisé ce constat.

Rendez-vous manqué

L'absence de Wifi public est une erreur fatale pour la ville qui perd alors un moyen de capter les touristes et surtout ne peut pas leur proposer du contenu numérique dédié. En effet, s'il y avait un accès gratuit place Bellecour, la première page qui s'afficherait après la connexion pourrait être consacrée à Lyon proposant alors des services précis, traduits dans plusieurs langues. Mieux encore, la ville serait alors en mesure de récupérer des adresses mails, proposer des sondages sur le séjour, orienter le visiteur sur les événements à ne pas rater et même faire sa promotion. En attendant, sans wifi public, c'est surtout les entreprises privées qui profitent de tous les débouchés potentiels. Un rendez-vous manqué en somme. La ville se veut plus d'intelligence, mais oublie les fondations pour permettre toutes évolutions.

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