Carole Castellani

LOU féminin : "la Coupe du monde arrive à un bon moment"

L'équipe de France de rugby féminine a d'une certaine façon déjà réussi sa Coupe du monde. Alors qu'elle affronte ce mercredi le Canada en demi-finale, elle a déjà séduit les téléspectateurs français. Une revanche pour les quatorze mille licenciées de rugby qui ont longtemps dû lutter pour être reconnues en France. Carole Castellani, joue au LOU Rugby depuis 2007 et est aussi préparateur physique des "rouges et noirs". Elle revient pour Lyon Capitale sur la pratique du rugby féminin en France et à Lyon.

Comment êtes vous venu à la pratique du rugby?

J'ai débuté le rugby lorsque je suis arrivée à Lyon 1, dans le cadre de mon Master 1 Staps. J’ai commencé par préparer des jeunes dans le milieu du rugby et je me suis dit que pour être plus compétitive, je devais essayer. Je m'y suis mis rapidement et j'ai débuté en universitaire. Cela fait maintenant 7 saisons que je suis joueuse au LOU. Mon arrivée dans le rugby coïncide d'ailleurs avec la création de l'équipe du LOU féminin.

On constate un réel engouement très récent dans les médias et chez les spectateurs autour du rugby féminin. Comment l'interprétez-vous?

C'est une très bonne chose pour le rugby féminin. Le fait que la Coupe du Monde se déroule en France, à Marcoussis et que les matchs passent à la télévision est une bonne publicité. En temps normal, le rugby féminin n'est pas assez diffusé. Cette année, la France a remporté le tournois des Six Nations en réalisant un Grand Chelem, pourtant il n'y a eu que le match contre l'Angleterre de télévisé. C'est d'autant plus dommage qu'on constate qu'il y a un réel engouement autour de cette équipe. Les filles gagnent, produisent un beau jeu et c'est tant mieux. Cela donne une bonne image du rugby féminin alors qu'il ne bénéficie pas toujours d'une représentation très positive.

Quel regard portez-vous sur les différents commentaires qui entourent le rugby féminin lors de cette compétition ?

Il y a encore malheureusement des gens qui pensent que le rugby n'est pas un sport pour les femmes. Mais le rugby féminin est très différent du rugby masculin. Pour moi qui entraîne aussi des équipes masculines, je trouve que les filles sont plus rigoureuses dans le jeu. Elles sont plus pointilleuses sur l'aspect purement rugby. Ce n'est du coup pas le même jeu que lorsqu'on regarde un match de rugby chez les hommes. C'est vraiment joli à voir.

Alors que championnat français de rugby masculin (Top 14) est l'un des plus puissants financièrement au monde, qu'en est-il du rugby féminin en France ?

Il n'est pas assez développé. Il n'est pas assez reconnu, notamment dans les statuts. Il n'y a pas de joueuses professionnelles comme il en existe chez les hommes, et c'est dommage, car à un certain niveau, les joueuses font énormément de sacrifices. Les joueuses élites par exemple ont deux entraînements par jours. En septembre, cela va un peu bouger puisque les joueuses du rugby à 7 pourront bénéficier d'un statut semi-professionnel. Puis il y a plus de choses qui se mettent en place aussi, comme les pôles élites à la fédération française de rugby (FFR), et c'est tant mieux. Je pense que la Coupe du monde arrive à un bon moment.

Comment se caractérise la pratique de votre sport à Lyon et au sein du LOU votre club ?

Il existe quelques clubs dans les environs, mais il n'y a pas aujourd'hui d'autres clubs à Lyon. Le LOU a créé sa section féminine il y a 7 ans et joue depuis deux saison en en Élite 2 (deuxième division nationale). Il compte trois équipes féminines au sein du LOU : deux équipes seniors et une équipe de cadets (-18 ans). Le gros avantage du club, c'est qu'on peut y bénéficier de toutes les infrastructure. Le soutien de la part du LOU est réel, et il permet aux joueuses de profiter des installations des joueurs professionnels. On peut par exemple utiliser la salle de musculation et bénéficier aussi d'intervenants de haut niveau.

Quels sont les objectifs de l'équipe du LOU féminin pour la saison à venir ?

Il faut voir ça avec le coach... (rires). Il y a beaucoup de nouvelles recrues et je pense qu'il y a vraiment de belles choses à faire. L'an dernier après la montée de Fédérale 1, on a connu une saison plus difficile avec un petit creux. Maintenant, on repart à 0 et pourquoi ne pas accrocher les phases finales en fin de saison ?

A l'heure actuelle, quelles solutions voyez-vous afin d'attirer un plus large public vers le rugby féminin ?

Il me semble que la voie universitaire est déjà bien exploitée, mais elle pourrait l'être encore mieux. Il y a tellement peu de filles qui jouent au rugby que l'université me semble un bon moyen pour faire découvrir ce sport. Les partenariat le LOU et les universités de Lyon ou les journées portes ouvertes sont aussi positives pour l'exposition de notre sport. Le plus important est de faire découvrir aux femmes le rugby. Bien souvent, il existe une réticence de la part des famille, ou des adolescentes qui se disent « je suis une fille je ne vais pas jouer au rugby ». Il faut passer outre cette image. Généralement, lorsqu'une fille essaie le rugby, elle est rapidement conquise.

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