A la découverte d'Hugo Lloris

PORTRAIT - Le gardien de l’OL vit une saison exceptionnelle. Dernier rempart de la maison lyonnaise, il aura la lourde charge de garder les buts de l’équipe de France au mondial sud-africain.

C’est l’histoire d’un jeune niçois né un ballon dans les mains, et qui un jour, décida de d'évoluer au poste de gardien de but. Repéré à l’âge de dix ans dans un petit club amateur de quartier de sa ville natale, Hugo Lloris rejoint l’OGC Nice où il gravit tous les échelons. “A cette époque, il était fluet, presque chétif. Il prenait d'énormes initiatives en sortant de son but. Il se faisait parfois lober mais ses réflexes étaient déjà étonnants”, expliquait en 2009 Dominique Baratelli qui était son superviseur à Nice. “Il n’a pas intégré le centre de formation, car il tenait à poursuivre ses études sur Nice et ne dormait pas au club. Il a eu son bac S sans difficulté. Sur le terrain, il s’est alors libéré”, complète Bruno Valencony son mentor. A la fin de la saison 2008, l’Olympique Lyonnais, le Milan AC ou Tottenham s'intéressent à lui. Lloris décide, en concertation avec sa famille, de rejoindre le club septuple champion de France.

Le Niçois signe alors un contrat de cinq ans avec l’OL pour une indemnité de transfert de 8.5 millions d’euros. Il a la lourde tâche de succéder à Grégory Coupet, une figure emblématique entre Rhône et Saône. “Je n’ai jamais été un grand rêveur. Lorsque j’ai eu cette possibilité de venir à l'OL, ce qui me préoccupait avant tout, c’était moi, mes performances, et le futur, confie-t-il avec du recul. J'étais conscient qu'à Lyon, il y avait un passé avec un immense gardien. Chacun a eu son vécu. Moi, j’essaye d’avoir le mien avec Joël Bats, même si ce n’est pas évident”, soupire-t-il.

Le parallèle avec Fabien Barthez parît inévitable

Pourtant, pour son premier match officiel sous les couleurs lyonnais, le 2 août 2008, face aux Girondins de Bordeaux pour le trophée des Champions, il réalise un match de grande qualité, avec notamment plusieurs arrêts décisifs. Sa bonne saison 2008/2009 est récompensée par le titre de meilleur gardien du championnat de France, décerné par l’UNFP, devant le Marseillais Steve Mandanda. Devant une telle démonstration de maîtrise, le parallèle avec Fabien Barthez, paraît inévitable. Même précocité, même calme, même caractère et même capacité à sortir l’arrêt décisif. Il symbolise l’image du gardien enfermé dans sa bulle. “Il a une bonne analyse, il est intelligent, très au-dessus de la moyenne. Il va faire un grand leader à Lyon, et en équipe de France. Les leaders, ce ne sont pas ceux qui parlent le plus, ce sont ceux qui parlent juste”, déclarait récemment Frédéric Antonetti qu’il l’a eu sous sa coupe à Nice.

Ce concert de louanges ne monte pas à la tête du principal intéressé. “J’ai une certaine éducation. Il ne faut surtout pas croire que tout est acquis. Dans le football, ça peut aller très vite du jour au lendemain. C’est toujours dans un coin de ma tête”, indique-t-il un brin lucide. Hugo Lloris a conscience qu’il a encore des points à améliorer afin de rejoindre la sphère des plus grands. “Il faut toujours se remettre en cause, toujours chercher le meilleur. Il ne faut pas oublier que je suis jeune, je n’ai que 23 ans. A partir d’un certain âge, on a plus d'expérience, de vécu pour faire face à certaines situations. J’avance petit à petit, en essayant de prendre quelques conseils à droite, à gauche, en discutant avec des anciens joueurs, des internationaux. Mais il ne faut pas se mélanger les pinceaux et garder une ligne directrice.”

Timide et introverti, le gardien lyonnais n’aime pas les strass et les paillettes. Encore moins évoquer sa vie privée. “Ce qui m’intéresse le plus c’est ce qui se passe sur le terrain”, aime-t-il répéter à l’envi. Aujourd’hui, l’aspect médiatique a pris une part importante dans le football, mais il ne faut pas trop en faire.” Devant notre insistance sur ce qu’il fait une fois les gants rangés au placard, il nous confiera passer beaucoup de temps auprès des siens. “Je suis très famille. Je passe du temps auprès d’eux, avec mes amis, ma petite amie. Ce sont des valeurs qui comptent énormément pour moi. J’essaie de protéger mes proches au maximum.” Souvent souriant, disponible et d’une extrême gentillesse, Hugo Lloris passera sous silence, le décès de sa maman. Une douleur profonde qu’il partage seulement avec son entourage le plus proche. Deux jours après son décès, il tiendra à être sur le terrain. Une belle façon, pour lui de rendre hommage à celle qui était si fière de son minot.

Quid de son avenir ?

Hugo le taiseux. Lorsqu’il s’agit de parler des gens qu’ils aiment, Lloris préfère botter en touche ou du moins en dire le moins possible. Ainsi lorsqu’on lui demande d’expliquer la relation qu’il entretient avec Joël Bats, l’entraîneur des gardiens de l’OL. “Ce n’est pas évident de parler de lui car on partage beaucoup de choses qui nous appartiennent. Tout ce que je peux vous dire, c’est que je l’estime beaucoup. On peut dire que c’est une relation comme avec un père, un frère, un ami... J’ai une totale confiance en lui." A force de travail et d'abnégation avec la bande des gardiens de l’OL (Rémy Vercoutre, Joan Hartock), sous la houlette de Bats, Lloris s’empare à vingt et un ans du titre honorifique de gardien le plus précoce en équipe de France. Un bail, entamé le 19 novembre 2008 en amical face à l’Uruguay.

Depuis, il est devenu le numéro un des Bleus. Il aura la lourde tâche de garder le cage française lors du mondial sud-africain. Impérial à l'OL, de plus en plus à l’aise en équipe de France, Hugo Lloris attire tous les regards. Toutes les grandes équipes européennes souhaiteraient l’enrôler, même si pour l’heure, le gardien lyonnais affirme ne pas savoir de quoi serait fait son avenir. “J’ai toujours vécu au jour le jour. Je ne me suis pas fixé de limite, de date...” Sous contrat avec l’OL jusqu’en juin 2013, le Niçois semble enclin à rester dans le Rhône avant de peut-être tenter une aventure à l'étranger. Ambitieux et déterminé à poursuivre son ascension, Hugo Lloris a en tout cas, assurément, toutes les cartes en main pour devenir l’un des plus grands gardiens du monde.
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Hugo Lloris digest
Date de naissance : 26 décembre 1986, 23 ans Lieu de naissance : Nice Taille : 1m88 - Poids : 78 kg Palmarès : Finaliste de la Coupe de la Ligue en 2006 (Nice)
1er Match en D1 :
Nice - Nancy : 1-0 le 18/03/2006
1ère sélection chez les Bleus :
France - Uruguay ( 0-0, le 19 novembre 2008)

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