Alexandre Vincendet a annoncé faire appel de la décision d’exclusion des LR.

Vincendet : "il faut sortir des postures partisanes un peu stériles"

Alexandre Vincendet, député Les Républicains du Rhône et ancien maire de Rillieux-la-Pape, est l'invité de 6 minutes chrono.

Alors que le gouvernement cherche à réaliser des économies budgétaires, à hauteur de 10 milliards d'euros, Alexandre Vincendet, député Les Républicains du Rhône, se déclare prêt à les voter même si traditionnellement en France, voté tout ou partie du budget revient à sortir de l'opposition. "Il faut sortir simplement des postures un peu stériles, des postures partisanes, éviter de tout le temps de penser à 2027 et penser d'abord au quotidien des Français et également à nos finances publiques, puisque des finances publiques qui, demain, se retrouveraient bloquées, seraient évidemment des conséquences néfastes pour notre pays", justifie-t-il.

Il plaide une nouvelle fois pour un pacte de gouvernance avec la majorité présidentielle : "je pense qu'on est capable de trouver des points d'accroche et des points d'attache, en tout cas, pour trouver des accords politiques nécessaires sur quelques grands points pour faire avancer notre pays au bénéfice, encore une fois, des Français et non pas des partis politiques. Et d'ailleurs, c'est ça, être gaulliste. C'est d'abord faire passer les intérêts de son pays avant ceux de son parti".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Alexandre Vincendet

Bonjour à tous et bienvenue vous regarder 6 minutes chrono le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous sommes avec Alexandre Vincendet. Vous êtes député Les Républicains du Rhône, ancien maire de Rillieux-la-Pape notamment. On voulait revenir avec vous sur les annonces du gouvernement, un plan d'économies massives, on parle de 10 milliards d'euros d'économie, on ne sait pas encore totalement s'il va être amené à être présenté à l'Assemblée nationale. Vous, s'il l'est, est-ce que c'est des coupes budgétaires que vous pourriez voter ?

En fait, il n'y a pas d'autre choix aujourd'hui que de se dire que la situation économique de notre pays telle qu'elle est aujourd'hui amène à faire des choix. On a un déficit qu'il faut résorber, puisqu'on a aujourd'hui eu un dérapage des finances publiques, dû notamment au Covid, mais pas que, et puis aussi l'inflation. Il a fallu en fait faire de la dépense d'argent public pour faire un petit peu l'amortisseur, en tout cas, amortir le choc pour les Français sur la hausse des dépenses énergétiques, sur justement le sauvetage d'un certain nombre d'emplois et d'entreprises durant la période du Covid. Et donc, à partir de là, quand vous avez une croissance qui est un peu atone, on avait prévu, en tout cas, le gouvernement avait prévu, dans le budget 2024, 1,4% de croissance. On serait plutôt aux alentours d'1% de croissance. Il y a des économies qui sont inévitables. Ça veut dire qu'évidemment, il faudra des coupes budgétaires. Après deux solutions, soit le gouvernement, comme l'a annoncé Bruno Le Maire, le fait par décret et là, vous ne votez pas. Soit par contre, et je pense que ça serait quand même préférable, c'est qu'il y ait un débat au Parlement et donc qu'il y ait le vote d'un collectif budgétaire.Sauf qu'il y a toujours ce problème que nous connaissons depuis juin 2022, à savoir une majorité présidentielle relative et une impossibilité due à certaines postures politiques et partisanes, disons-le, parfois de trouver un point d'accord. On y était arrivés en début de mandat.

Mais vous, ce collectif budgétaire, vous le voteriez ?

Je pense qu'en tout cas, moi, je me pencherais dessus pour essayer de trouver la bonne solution, pour qu'on arrive à trouver des solutions pour les Français.

Parce que voter le budget, ça voudrait dire que vous appartenez à la majorité dans la tradition politique française...

Ne pas s'opposer à ce qu'un certain nombre d'économies soit faite, je pense que c'est des questions sur lesquelles on devrait pouvoir se positionner au niveau des Républicains. Et puis, je rappellerai une chose, c'est qu'au lendemain de l'élection présidentielle, à l'Assemblée nationale, en juillet 2022, nous avons voté le pacte sur le pouvoir d'achat, mais également un collectif budgétaire, ce qu'on appelait un projet de finance rectificative. Les Républicains, en juillet 2022, l'ont voté. Pour autant, est-ce qu'on était automatiquement la majorité ? Je ne crois pas, c'est simplement qu'il fallait débloquer des crédits pour soutenir le pouvoir d'achat de nos compatriotes. Donc, il y a un moment, je pense qu'il faut sortir simplement des postures un peu stériles, des postures partisanes, éviter de tout le temps de penser à 2027 et penser d'abord au quotidien des Français et également à nos finances publiques, puisque des finances publiques qui, demain, se retrouveraient bloquées, seraient évidemment des conséquences néfastes pour notre pays.


Vous, vous appelez depuis plusieurs mois un rapprochement, ou en tout cas un pacte de gouvernance ou de gouvernement entre les Républicains, votre famille politique et Renaissance, la majorité présidentielle. Qu'est-ce qui bloque ? Ça bloque des deux côtés ou ça bloque que chez vous, chez les Républicains ?

Je pense que d'un côté, la majorité présidentielle a une responsabilité puisque des fois, ils ne voient pas forcément les mains qu'on leur tend ou ils n'y répondent pas forcément. Mais de l'autre côté, il y a une volonté chez les Républicains parce qu'on se tourne vers 2027, alors que nous ne sommes qu'en 2024, on n'est même pas encore à mi-mandat présidentiel, de vouloir jouer le coup d'après. Je pense que c'est mortifère. Je pense que nous avons une responsabilité historique devant les Français. Si on ne règle pas un certain nombre de problèmes, si, en tout cas, on n'essaye pas de trouver des solutions au-delà des postures partisanes, au-delà de nos étiquettes politiques, alors on a un vrai risque, c'est de voir arriver l'extrême droite avec tout ce que cela veut dire derrière de saut dans l'inconnu, mais aussi de politique mortifère pour notre pays en 2027. Le vrai sujet, il est simple, c'est est-ce qu'on veut être utile pour le pays ou est-ce qu'on veut uniquement être dans la gestion des calendriers électoraux des uns et des autres ? Je pense qu'honnêtement, au vu de la situation du pays, au vu des différentes crises que nous traversons, il n'y a pas seulement la crise agricole, mais il y a aussi aujourd'hui de l'inquiétude sur le pouvoir d'achat. La crise inflationniste n'est pas terminée. Il y a la question de la réindustrialisation de notre pays. Il y a un certain nombre de questions aussi sur la politique de sécurité, sur la question de la libéralisation des énergies et sur la politique économique de la France. Je pense qu'on est capable de trouver des points d'accroche et des points d'attache, en tout cas, pour trouver des accords politiques nécessaires sur quelques grands points pour faire avancer notre pays au bénéfice, encore une fois, des Français et non pas des partis politiques. Et d'ailleurs, c'est ça, être gaulliste. C'est d'abord faire passer les intérêts de son pays avant ceux de son parti.

Est-ce que vous voyez une cohérence dans l'action du gouvernement et dans les coupes budgétaires, puisque il avait été annoncé priorité à l'éducation nationale, Gabriel Attal disant « j'emmène cette cause avec moi à Matignon », or c'est le premier poste d'économie dans les fameux 10 milliards. Est-ce que vous ne voyez pas des contradictions majeures, un gouvernement qui un peu navigue à vue ?

Mais c'est pour ça qu'en fait, je pense qu'un débat au Parlement, mais un débat constructif, positif, et non pas tout le temps être dans l'affrontement permanent, ce qui fatigue, je pense, les Français, devrait se tenir à l'Assemblée pour justement pouvoir discuter des orientations du gouvernement. Si ce débat ne se fait pas, ce qui, malheureusement, je le crains, sera le cas, bon ben oui, après, on pourra souligner les incohérences, ça et là, qui ont été décidées par Bercy, ça c'est un vrai sujet.

Il y a aussi cette difficulté, la crise agricole qui perdure, on l'a vu ce week-end au Salon de l'Agriculture, avec toujours cette tendance à ressortir un carnet de chèques ou en tout cas à faire des promesses qui peuvent coûter cher, à chaque fois qu'il y a une difficulté. Est-ce qu'il y a un autre moyen, quand on est politique, de répondre à un problème ?


Oui, je pense qu'il y a autre chose que le carnet de chèques, prenons justement l'exemple des agriculteurs, mais pas seulement, je peux penser aussi au chef d'entreprise qu'on a sur nos territoires, aux artisans, aux commerçants, mais regardez la suradministration de notre pays. On croule littéralement sous les normes administratives, sous la paperasserie et personne ne s'en sort. Vous savez qu'aujourd'hui, la suradministration de notre pays, ça coûte aux Françaises et aux Français 60 milliards d'euros. Ça veut dire que si déjà, et on le voit avec les agriculteurs, on arrêtait de mettre normes sur normes sur normes, qu'on arrêtait de surtransposer les directives européennes. Je vous donne un exemple, une directive européenne, notamment en matière agricole, quand une directive européenne est pondue par Bruxelles, quand elle est transposée en droit, prenons l'exemple de l'Allemagne ou de la Pologne, ça tient en deux pages, en France, c'est plus d'une centaine de pages. Ça prouve bien qu'aujourd'hui, notre administration est devenue complètement folle, puisqu'en fait, cette administration-là essaie de pondre de la norme à ne plus savoir quoi en faire et aujourd'hui, ça étouffe complètement notre économie. Je pense que si déjà, les agriculteurs, mais aussi encore une fois les chefs d'entreprise et tous ceux qui font face à l'administration dans leur quotidien, voient leur charge de travail allégée et qu'en plus, nous réalisions des économies, je pense déjà que ce sentiment de ne pas être écouté, d'être simplement un numéro de dossier face à une administration parfois déshumanisée, calmerait un certain nombre de colères. Je ne dis pas que ça réglerait tout, mais en tout cas, on ferait des économies et on donnerait au moins le sentiment aux Français de ne pas, excusez-moi le terme, les emmerder en permanence.

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