Le triomphe mesuré des militants socialistes

REPORTAGE - Les militants et sympathisants socialistes ont répondu présents à l’invitation de leur fédération, pour autant, même si leur candidat a viré en tête au premier tour, leurs manifestations de joie se sont faites discrètes, quitte à paraitre parfois un tantinet éteints. Eux, assurent rester dans la mobilisation jusqu’au second tour. Récit.

Heureux mais pas triomphalistes. C’était un peu le mot d’ordre tacite des militants et sympathisants socialistes pour cette soirée du premier tour de l’élection présidentielle. La fédération PS du Rhône avait installé un vidéoprojecteur et prévu que les militants puissent également se retrouver dans un bar à deux pas de leurs locaux du cours de la liberté. A 19h, les locaux sont loin d’être bondés, Une quinzaine de sympathisants dehors, grillent leur clope et une trentaine d’autres, à l’étage, regardent, studieux, les chaines d’informations qui ressassent les chiffres de l’abstention. Assez rapidement les locaux se remplissent. Pas de cadors du parti. Seul Jacky Darne et Martine Roure sont présents. Najat Vallaud-Belkacem et Gérard Collomb sont à Paris. Les jeunes présents à la "fédé" ont visiblement sonné le rassemblement puisqu’ils représentent l’immense majorité des personnes présentes.

19h30, on ramène des chaises, on se tasse dans la salle, certains commencent à s’attaquer au buffet. Beaucoup sont connectés sur les réseaux sociaux, les premières estimations circulent. Déjà, ce n’est pas tant la première place de François Hollande qui "questionne", mais plutôt le score de Jean-Luc Mélenchon jugé "bizarrement faible" et surtout, celui de Marine Le Pen "horriblement haut". A quelques minutes de l’annonce des résultats, des adhérents distribuent quelques drapeaux du parti à agiter au moment du résultat, pour faire une belle image pour les nombreux journalistes qui ont convergé. Mais si l’ambiance est bonne, et les militants plutôt rassurés par les estimations qui ont circulé, ce n’est pas vraiment la liesse.

Entre joie et "amertume"

Dès 19 heures 30, abreuvés d'estimations, Jacky Darne et Martine Roure peaufinent leurs discours pour les militants et la presse. François Hollande va virer en tête, ils le savent et se concentrent sur les cas Mélenchon et Le Pen. Ils évoquent déjà l'entre-deux tours et des discussions avec le leader du Front de Gauche. Quelques minutes avant l'annonce des résultats, nous leur soumettons une estimation donnant la candidate frontiste à 20%. Ils la jugent fantaisiste. Vingt minutes plus tard, Martine Roure réagit avec effroi au score de Marine Le Pen. Jacky Darne s'amuse lui des 0,36% de Jacques Cheminade. Quelques mètres plus loin, il est 20 heures et les militants s’enflamment. Des "François président" de circonstance, fusent.

Jacky Darne prend la parole, juché sur une chaise : "On pousse un ouf de soulagement. L'écart de 3 points me paraît être un avantage incontestable. Mais rien n'est acquis. Marine Le Pen fait un score plus élevé que prévu. Mélenchon est plus bas. Grâce à notre mobilisation, le résultat est bon mais la mobilisation doit être encore plus forte. J'appelle à dire que rien n'est gagné. Le pire serait de perdre de peu dans 15 jours". Le score de Marine Le Pen marque les esprits. "ça fait peur, ça laisse un goût amer à la soirée" estime une militante. Un autre commentant le score des Verts, estime que "l'accord des législatives est cher payé". A 20h15, il fallait "marquer le coup". Direction le bar à deux pas. La joie d’avoir un candidat au deuxième tour plus un bar nommé "le Mistral", c’était un peu Plus belle la vie à la fédération socialiste. Sur place, les militants se sont installés les yeux rivés sur les chaînes d’info en continu.

"On en garde sous le pied pour le 6 mai"

Martine Aubry apparait à l’écran et commence à dérouler son discours, avant d’être coupée, pour diffuser l’intervention de Marine Le Pen. Les militants enragent. La leader frontiste se fait copieusement huer et insulter. Malgré tout, les militants semblent plutôt sur la réserve, même lorsque leur candidat prend la parole, on est loin de la liesse à laquelle on aurait pu s’attendre. Beaucoup préfèrent écouter sagement, attentifs, buvant leur jus de fruits. Lorsque Hollande parle de la jeunesse, des "mercis" se font entendre, mais les acclamations ne sont pas tonitruantes, le mistral est beaucoup plus calme que l’auditoire de Tulle devant lequel le candidat tient son discours. "On en garde sous le pied pour le 6 mai", explique un militant.

A la fédération, Nathalie Perrin-Gilbert et Jean-Louis Touraine sont passés. Tous deux sont confiants pour le deuxième tour, tout en insistant sur la nécessité de continuer à mobiliser. Le Mistral se vide peu à peu, à la fédération, on ressort quelques cubis de vin et de quoi grignoter, pour le noyau dur des forces vives du parti qui pressentent que deux grosses semaines les attendent. Thibaud Roche, responsable fédéral du mouvement des jeunes socialistes, en est conscient, il s’apprête à "fêter la victoire de François Hollande avec d’énormes valises sous les yeux ".

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