Fouziya Bouzerda

Fouziya Bouzerda (MoDem): “en finir avec le saupoudrage”

La vice-présidente du club “Rhône-Alpes Diversité”, candidate en mars prochain aux municipales, tête de liste centriste à Lyon 3e, regrette l’action menée par Gérard Collomb depuis deux mandats à Lyon. Seules des “poches de territoire” ont évolué, selon elle. ENTRETIEN.

Lyon Capitale : Quel bilan dressez-vous de l’action de Gérard Collomb depuis 2001 à Lyon ?

Fouziya Bouzerda : Avec tout ce qui a été initié, il aurait dû y avoir une grande amélioration, ce n'est pas le cas. On a voulu faire avancer des poches de territoire en fonction des seuls grands projets. Par exemple, ce n'est pas parce qu'on dessert le Grand Stade qu'on dessert correctement l'Est lyonnais déjà saturé.

Prenez la ligne C3, qui dessert Vaulx-en-Velin et qui traverse tout Lyon en passant par Villeurbanne, on savait qu'elle était sous-dimensionnée dès le départ, mais on a attendu 5 ans pour lancer des études ! A côté de cela, il y a des dessertes réussies avec le métro à Vénissieux. Il ne suffit pas de mettre tous les moyens dans les grands projets comme le stade des Lumières. Le quotidien des Lyonnais et des habitants de notre agglomération est aussi important qu'un bel ouvrage construit pour accueillir l'Euro de football.

Bernard Rivalta, proche de Gérard Collomb et président du Sytral, vient d’annoncer que la ligne C3 serait rénovée durant le prochain mandat, qu’en pensez-vous ?

Je regrette qu'il ait mis 5 ans à faire les études en sachant dès l'origine que cette ligne, la plus fréquentée, était sous-dimensionnée et qu'il faille encore attendre pour faire des travaux indispensables à son amélioration.

En dehors des transports, quel bilan tirez-vous de l’équipe Collomb dans les banlieues autour de Lyon, la Duchère et les autres ?

Il y a une amélioration, mais cela reste bien souvent du saupoudrage. Cela ne ressort pas de la seule responsabilité de Gérard Collomb puisque d'autres acteurs, tels que l'Etat, interviennent dans le cadre de la politique de la ville, avec des financements complexes sans réelle lisibilité. Les subventions à elles seules ne sont pas suffisantes et certains quartiers vivent sous perfusion.

Cela n'empêche pas de nombreuses associations d'intervenir sur l'insertion, le soutien scolaire, etc. Mais j'ai l'impression que les actions ne sont pas coordonnées.

Résultat, venir de certaines villes comme Vaulx-en-Velin, Vénissieux et de certains quartiers est toujours stigmatisant. La simple mention de l'adresse sur un CV entraîne des préjugés négatifs.

Et dans Lyon, quel est le bilan de Gérard Collomb ?

Il n'y a d'ailleurs pas besoin de sortir de Lyon puisque certains quartiers de notre ville sont mal desservis et méritent une réhabilitation profonde. Le développement urbain s'organise, se planifie, mais pas au seul niveau de l'urbanisme, qui reste un instrument parmi d'autres. Ce qui a été mené à Lyon, en particulier en matière de commerces et de développement économique à l'échelle des quartiers n'est pas satisfaisant.

Le 3e arrondissement, le plus peuplé de Lyon, présente des poches d'insalubrité avec de l'habitat indigne dans le quartier Moncey-Voltaire, certains immeubles rue de Créqui présentent des fenêtres murées et éventrées. Autour du centre commercial, où l'on a favorisé le tertiaire, le secteur est désert en dehors des heures ouvrables, et les petits commerces qui participent à la vie du quartier vivotent. La rue Montebello, qui a été entièrement refaite, ne parvient pas à renaître. On injecte beaucoup d'argent sur les places, les espaces publics, mais on oublie souvent que l'équilibre et la réussite d'un quartier passent par une offre équilibrée de commerces, de services, d'équipements.

Pourtant, il existe des outils pour diversifier la nature des commerces : la préemption des fonds avec la mise en place d'un périmètre de sauvegarde, comme sur les pentes de la Croix-Rousse ; l'inscription au PLU. Il faut que, dans un rayon assez proche, vous puissiez trouver une boulangerie pour permettre aux habitants et aux commerces de vivre, pouvoir accéder à des transports en commun facilement, déposer vos enfants à l'école... Tout cela participe d'un équilibre harmonieux qu'il faut préserver là où il existe et créer dans certains quartiers.

Les quartiers oubliés de la politique de la ville peuvent-ils peser contre le maire sortant aux prochaines municipales ?

C'est très subjectif, un bilan. Parfois, on se garde volontairement de se donner les outils de mesure de l'efficacité d'une action, pour ne pas avoir à mesurer le manque d'avancée significative. Certaines choses s'améliorent doucement, d'autres se dégradent. Je pense que les usagers de la ligne C3 sont mécontents, que les riverains du projet Part-Dieu sont insatisfaits et inquiets.

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