Twilight chapitre 3 - Hésitation : Les dents de l'amour

Troisième épisode de la séduisante et ambiguë saga Twilight qui réussit le prodige d'être un hit adolescent mondial avec pour tout bagage une devise d'un autre âge : pas de sexe avant le mariage.

Il y a dans le romantisme une aspiration morbide qui n'en finit plus de séduire les adolescents depuis la nuit des temps. Ce n'est pas Edward, vampire aux yeux dorés et savant mélange entre un Lord Byron de cahiers de texte et un jeune Werther inabouti (vampire, il ne peut se suicider, lui), qui dira le contraire. Intéressant de voir d'ailleurs à quel point l'intrigue développée emprunte à celle de Goethe : Edward, conscient de la qualité de son rival Jacob, un jeune loup (au sens propre) au torse de téflon, est tenté de passer la main et de laisser sa mortelle bien-aimée Bella aux bons soins d'icelui. Tandis que lui, le vampire irait siroter du O négatif par dessus sa douleur pour toute l'éternité. Et l'éternité comme disait l'autre, c'est long, surtout vers la fin et surtout quand chaque année, on repasse le bac. Mais Bella est béa(n)te d'amour pour son beau vampire inexpressif et si elle se trouve également toute émoustillée par Jacob, dont les emportements sont une promesse de sexe haut de gamme pour toute la vie, ne rêve que d'un amour éternel et platonique. Ou plutôt elle n'aspire qu'à être transformée (sous-entendu, une fois désamorcée la métaphore, « déniaisée ») par Edward. Oui, mais Edward, lui, est, comme le souligne la jeune fille, de « la vieille école » et ne transforme qu'après le mariage (chez les vampires, on enterre, littéralement, sa vie de jeune fille après le mariage) ce qui motive moyen la belle. Bref, ça n'arrête pas : tu veux ou tu veux pas, tu couches ou tu couches pas, et vas-y tiens mord dans le fruit défendu, oh et puis non. Par moment, on se croirait dans la série Dawson's Creek.

Désir interdit

Voilà sur quel registre joue ce troisième épisode de la saga Twilight, intelligemment titré (mais en français seulement) : Hésitation. Comme le dit d'ailleurs, en un magnifique discours de remise des diplômes, la meilleure amie de Bella : « il est temps pour nous de faire des erreurs pour savoir ce qu'on veut faire vraiment ». Un résumé et même un manifeste de l'adolescence qui fait rapidement appréhender le pourquoi du succès de cette saga destinée aux adolescents, savant mélange de psychanalyse, de mythologie, de pédagogie puritaine habile et d'instantané politique de l'Amérique. Car ici les vampires sont le symbole de cette Amérique réactionnaire et bien pensante, mauvaise graine de pères pèlerins, qui rejette la réalité du corps quand les Quileutes lui vouent un culte à la limite du culturisme. La fille, l'humaine, juste bonne à être éventrée ou conquise, n'est qu'une pauvre petite chose qu'il faut protéger, notamment de ses désirs incontrôlés. C'est de cette Amérique puritaine qu'est issue Stephenie Meyer, auteure à succès de la saga Twilight et d'origine mormone, une communauté très à cheval sur les valeurs. Une saga dont le sous-titre est sans équivoque : « La Saga du désir interdit ». Les prochains épisodes déjà programmés mettront ainsi en scène mariage et grossesse (ne manquera alors que la retraite à compter ses fonds de pensions en buvant du jus d'orange sanguine, sous le soleil de Floride, malheureusement déconseillé aux vampires). Suprême ironie de l'histoire le réalisateur de ces deux opus ne sera autre qu'un dénommé Bill... Condon. Trop tard.

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