La Maison Tellier, meilleur groupe de l’Hexagone ?

Avec trois excellents albums au compteur et malgré un succès d’estime, le quintet La Maison Tellier se démarque des productions françaises de par son obscur univers et des textes singuliers sur des rythmiques folk et country qui feraient passer leur Normandie natale pour le Far West Hexagonal. Des liens avec Sébastien Tellier ? La barbe peut-être mais rien de plus. Plutôt un hommage à une nouvelle de Guy de Maupassant, de celles qui traitent de prostitution et de maisons close de province. Une référence parmi les références qui plante, comme aucune autre, le décor. Rencontre avec Helmut Tellier, l’un des tenanciers de l’établissement.

Lyon Capitale : Pourquoi avoir choisi cette histoire de Maupassant ?

Helmut Tellier : Cette idée de maison était plaisante et la nouvelle est plutôt intéressante. Elle se passe dans un bordel en Normandie, ce qui nous fait un point commun qu’on trouvait assez drôle. Et puis, un univers féminin pour un groupe composé exclusivement de barbus, c’était rigolo.

Quand on vous écoute, on se dit pourtant que ça ne doit pas rigoler tous les jours dans la Maison Tellier…

Ça doit venir de nos lectures et des musiques que l’on écoute qui ne sont pas des choses super festives. Ça doit se ressentir même si j’essaie, quand j’écris, de ne pas trop remuer le couteau dans la plaie et de tomber dans le pathos. J’essaie toujours de trouver une petite touche d’optimisme. Mais effectivement, les thèmes qui reviennent souvent ne sont pas toujours drôles et j’ai du mal à écrire sur autre chose. Pourtant, nous ne sommes pas dans la déprime permanente.

On parle de littérature, mais votre musique évoque également le western et le film noir…

J’essaie d’aller vers d’autres univers artistiques comme la peinture de Hopper ou le cinéma. Je ne suis pas non plus un rat de cinémathèque et j’ai des goûts assez "mainstream" que je partage avec le reste du groupe. C’est assez générationnel, mais on s’est tous pris en plein visage, quand on était petits, les westerns de Sergio Leone par exemple et forcément, ça nous a marqués. Nous ne sommes pas Jack Kerouac, nous avons des vies raisonnables. Il faut aller chercher des thèmes là où on peut et on préfère éviter de puiser dans notre quotidien comme certains ont pu le faire ces dernières années en France.

La Normandie, par rapport à Paris, c’est un peu le Far West… Plus difficile d’émerger quand on vient de là-bas ?

On reste un groupe en développement, on a commencé un petit peu tard aussi. Les années comptent un peu double pour nous. On porte encore la mention de "surprise la mieux gardée du rock français". On n’a pas connu encore la déferlante, mais c’est quelque chose qui aide à avancer. On n’a pas voulu s’installer à Paris où il est plus facile de rencontrer des gens, de faire des concerts. Mais ce n’est pas avec aigreur que l’on est resté en Normandie. On a commencé nos vies ici et finalement, la musique est arrivée à un âge où ce n’est pas forcément facile de dire "on monte à Paris". S’amuser en jouant notre musique, reste la priorité. Et si un jour, ce n’est plus possible de faire des disques ou de trouver des dates et bien on retournera à nos vies d’avant.

La Maison Tellier. Le 27 novembre au Ninkasi Kao. Lyon 7e
www.lamaisontellier.com

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