Une balise pour éviter un Tchernobyl

L'inauguration a eu lieu jeudi 20 décembre, à Péage de Roussillon près de la centrale nucléaire de Saint-Alban. Lyon Capitale a interrogé Roland Desbordes, président de la CRIIRAD (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité).

Lyon Capitale : Comment marche le dispositif mis en place à Saint-Alban ?

Roland Desbordes : La balise de surveillance de la radioactivité de l'air est un appareil qui pompe l'air extérieur et le filtre pour analyser son taux de radioactivité. Elle est implantée à moins de 5 km de la centrale de Saint-Alban. Son rôle est de surveiller l'impact des rejets autorisés et d'alerter immédiatement la CRIIRAD en cas d'élévation anormale de la radioactivité de l'air. Si c'est sérieux, on transmet l'information aux élus locaux de Péage de Roussillon qui sollicitent eux-mêmes le préfet afin de prendre des mesures anti-accidents. De tels dispositifs existent déjà en France : cela nous permet de détecter de faibles pollutions, de les identifier selon la nature du radioélément et d'anticiper d'éventuels risques. Si un tel dispositif avait été mis en place en 1986, nous aurions pu détecter le passage du nuage de Tchernobyl et prendre des mesures préventives.

Lyon Capitale : Pourquoi avoir choisi le site de Saint-Alban ?

Roland Desbordes : Notre volonté est d'étendre le réseau CRIIRAD vers l'Isère, cette balise est un premier pas. Nous voulons en installer une également en Savoie, raccorder le réseau à la balise de Grenoble et nous avons des contacts pour en installer une dans l'agglomération lyonnaise. Il commence à avoir un maillage dans la région Rhône-Alpes. La CRIIRAD est le premier réseau de surveillance indépendant des exploitants et de l'Etat et nos balises fonctionnent en continu contrairement à leurs relevés ponctuels. Plus on aura de points de contrôle de ce genre, plus on pourra anticiper les accidents nucléaires.

Quels sont les risques d'incidents nucléaires dans la région?

Il y a beaucoup d'installations nucléaires en Rhône-Alpes : quatre centrales en fonctionnement et des infrastructures qui travaillent sur le cycle du combustible. La privatisation d'EDF qui entraîne des pressions sur le coût de l'entretien des centrales nucléaires et le vieillissement des centrales, augmente les risques d'accidents liés aux infrastructures. Un incident exactement comme Tchernobyl est peu probable : les centrales et les technologies sont différentes, mais l'explosion d'un réacteur est toujours possible.

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