© Patrick Martin-Genier

Tribune libre – “Presqu’île : les résidents maltraités”

“Vivre en centre-ville devient de plus en plus difficile”, dénonce l’ancien président du CIE Centre-Presqu’île dans cette tribune. “Loyers qui forcent les classes moyennes et les familles à partir, travaux accélérés avec la fin du mandat, insécurité qui perdure malgré les moyens sophistiqués de surveillance, maltraitance du piéton, tout cela se manifeste aussi en Presqu’île de Lyon.”


Des travaux anarchiques

“Ce qui choque lorsque l’on déambule en Presqu’île est la façon anarchique dont se déroulent les travaux. Dans la rue Victor-Hugo, qui donne l’impression d’être à l'abandon alors qu’il s’agit de l’artère la plus importante en arrivant de la gare Perrache, les travaux se déroulent dans des conditions inacceptables. Les piétons, les vélos sont souvent obligés de contourner les engins de chantier et les barrières de protection sont quasi inexistantes. À tout moment, un accident peut survenir.

De façon générale, les travaux se déroulent dans la plus parfaite anarchie en Presqu’île comme ceux qui se déroulent rue de la République.

Certes, l’enchevêtrement des compétences entre la métropole, propriétaire du domaine, et la ville qui dispose d’un pouvoir de police ne facilite pas les choses, mais tout de même l’impression est une impuissance des pouvoirs publics à réguler correctement le domaine public, lui aussi atteint par la fréquentation de très nombreuses trottinettes électriques qui fragilisent aussi les piétons, notamment les enfants et les personnes âgées. Les droits du piéton sont constamment bafoués.

Un patrimoine laissé à l’abandon

En ce qui concerne le patrimoine, là aussi, la façon dont il est censé être protégé est assez consternante alors que Raymond barre avait obtenu le classement de Lyon, notamment du Vieux-Lyon, au patrimoine mondial de l’humanité. Lorsque j’étais président du comité d’intérêt local Centre-Presqu’île, j’avais demandé, par exemple, que la statue Lemot de la place Bellecour, constamment taguée et agressée, soit protégée. Il nous a été répondu que cette statue devait rester un lieu d’expression des publics. Les marches de la statue place Gailleton sont toujours plus dégradées. Enfin, de façon générale, les travaux perdurent pendant des années, comme ceux du parking Saint-Antoine, malgré les raisons qui peuvent exister et la maison Rives-de-Saône, qui est vraiment une verrue, semble solidement implantée sur les quais de Saône alors qu’elle ne devait être que provisoire, et cela juste en face du Vieux-Lyon et à quelques encablures de la cathédrale Saint-Jean.

Lorsque les associations locales, comme Centre-Presqu’île et les Amis de Saint-Nizier, ont fait des propositions pertinentes et approuvées par tous pour la réalisation d’un parvis devant l’église Saint-Nizier, elles se sont vu opposer une cinglante fin de non-recevoir.

Un sentiment d’insécurité et des commerces en déshérence

S’agissant enfin de l’insécurité, il serait judicieux de faire un bilan sur ce que peut apporter la vidéosurveillance qui, heureusement, a permis d’identifier l’auteur de l’attentat terroriste devant une enseigne de la rue Victor-Hugo au mois de mai dernier.

Toutefois, la petite délinquance (vol de vélos par exemple, agressions de personnes) est constamment présente et cela renforce aussi le sentiment d’insécurité chez les usagers.

Enfin, une vaste réflexion doit également s’imposer sur l’action économique locale. La métropole et la ville de Lyon disposent d’instruments budgétaires très importants en matière d’économie locale ; pourquoi ne pas mobiliser ces moyens pour sauver les commerces locaux en voie de disparition, comme l’emblématique Pizzeria Carlino rue de l’Arbre-Sec ?

À l’approche des élections municipales et métropolitaines, il est urgent de parler de tous ces sujets.”

Patrick Martin-Genier, spécialiste des collectivités territoriales,
ancien collaborateur de Raymond Barre à la direction générale des services du Grand Lyon
et ancien président du comité d’intérêt local Centre-Presqu’île

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