Des coureurs dans la boue lors de la SaintéLyon
Des coureurs dans la boue lors de la SaintéLyon @Anne-Lise Béal

SaintéLyon : galop d'essai sur la boue

La 68e édition de la SaintéLyon, course mythique entre Saint-Etienne et Lyon, s'est tenue samedi 3 décembre dans des conditions quasi hivernales. Et une boue magistrale.

De la boue, de la boue, et encore de la boue, sur quasiment toute la ligne de crête des monts du Lyonnais. La colonne vertébrale de la SaintéLyon s'est transformée, dans la nuit de samedi 3 à dimanche 4 décembre, en véritable champ de bataille... pour amateurs éclairés.

Un bien joli slogan pour la légende du running raid nocturne (manquait presque l'unité d'élite de la police nationale devant une telle meute) mais qui n'en avait que le nom, vu qu'on y voyait comme à travers une pelle.

Pluie (fine) et brouillard (épais). "L'immense ballet de frontales" (dixit les organisateurs) tenait plus de l’échappée de bêtes sauvages et apeurées tentant de se frayer un passage dans les bois noirs, glacés et humides.
Il fallait en être au ravitaillement de Sainte Catherine (30e km) pour matérialiser la débâcle : deux immenses tentes dressées au milieu de nulle part, des coureurs ébouillantés par l'humidité locale, qui se bousculent, leur gobelet en plastique à la main, à la recherche désespérée d'un thé ou d'une soupe chaude, les yeux écarquillés par la dinguerie dans laquelle ils se sont fourrés... On aurait dit une fourmilière sans plus la moindre nuance d'organisation sociale.

La boue, champ expressif et humilité

Des chaussures de trail qui ont couru la SaintéLyon dans la boue
@Dossard139

Mais revenons à la boue. On pourrait la voir comme un champ expressif à part entière, une nouvelle expression esthétique, la voie vers d’insolites manières de se mouvoir. Car la boue demande du mouvement.

Glissante, collante, liquide, pâteuse, grasse, molasse, sirupeuse, à certains égards muctilagineuse... La boue modifie la topologie. Elle déforme aussi les corps. Il suffit de jeter un œil au coureur qui vous précède dans le légendaire bois d'Arfeuille, essayant d'éviter les racines des arbres, les pierres bien planquées sous les pelletées de boue : une sorte de pantin en version collant-pipette, avec bonnet sur la tête, qui court les jambes écartées, les pieds en "11h10".

La boue demande de l'humilité. Aussi. Beaucoup même.

Bref, comme on dit dans le Lyonnais : on a bien gadrouillé. En pays gaga, on parle de blauge ou de bleuge. Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l"ivresse

6 037 participants au départ, 5 303 à l'arrivée. Finalement, un taux d'abandon faible. Mais il fallait voir les démarches de canard boiteux dimanche matin, à l'arrivée, Halle Tony Garnier (qui n'avait rien d'un ballet à l'opéra)...

"Ici, c'est la SaintéLyon !" (comme la troupe chantait d'une seule voix la veille un peu avant minuit, sur la ligne de départ). SaintéLyon monument de la course à pied. Un mythe. Un mur. Et de la boue donc.

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