Régularisations : une vingtaine à Lyon, Lussine attend son tour

Le préfet Jean-François Carenco a accepté de régulariser, ce mercredi, 17 personnes sans-papiers, dont 10 suivies par le Réseau Éducation Sans Frontières (RESF). Un 2e examen de dossiers aura lieu d'ici la rentrée, pour les autres familles concernées. Parmi elles, certaines sont sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français. C'est le cas de Lussine, une Arménienne, qui raconte son parcours à Lyon Capitale.

Alors que le préfet vient d'accepter de régulariser 17 sans-papiers, Lussine (photo, à droite) espère que son tour viendra, en août, après l'examen des autres dossiers déposés par RESF le 27 juin dernier (lire ici). Son dossier, c'est un passé qu'elle a fui avec sa famille. Quand Lussine l'Arménienne épouse Andrey, un informaticien Russe, elle ignore que la mixité de leur union sera à l'origine de leur départ. En Russie, la haine des Caucasiens est omniprésente, autorisant rackets et insultes au quotidien. ''On était tout le temps contrôlés par la police, on devait payer pour que je ne sois pas expulsée'' raconte Lussine, qui n'a jamais eu la nationalité de son mari.

Lussine accouche de sa fille dans un hôpital réservé aux maladies infectieuses. ''A la maternité, le médecin a dit qu'il ne voulait pas me regarder''. Autiste, son fils Samuel n'a pas droit aux soins. ''Un jour, les policiers ont pris l'argent de la caisse d'Andrey'' relate-t-elle, émue. ''Ils l'ont frappé, alors Andrey a frappé en retour...'' A la suite de l'altercation, leur domicile est incendié. Rejetés en Arménie, ils mettront 3 jours à traverser l'Europe, en camion. Un exil qui leur coûtera 26 000 €.

Pas de traces, pas d'asile

A leur arrivée à Lyon, en 2009, l'asile leur est refusé, pour absence de preuves. ''La violence psychologique, ça ne compte pas'' regrette Sandra Hyppolite, militante RESF. En France, les enfants sont scolarisés pour la première fois, et Samuel est enfin suivi pour son autisme. Mais un handicap n'est pas une maladie : le titre de séjour en qualité de parents d'enfant malade leur est refusé en 2010.

Légalement, Lussine et sa famille devraient partir, au plus tard, le 11 juillet 2012. Mais l'annonce récente d'une circulaire en préparation et les régularisations obtenues par RESF cette semaine permettent d'espérer. ''Karina est née en Russie et Samuel en Arménie. Une expulsion signifie la séparation de leur famille'' s'indigne Sandra. A ces mots, Lussine baisse les yeux. Elle aime la France, et sa ''solidarité'' qu'elle n'a jamais connue en Russie. Elle rêve que son diplôme de médecin soit un jour reconnu à l'université. Bénévole à Médecins du Monde, elle fait aussi la lecture à la bibliothèque du 2e. ''Lussine sublime sa misère'' admire Sandra. ''Elle fait beaucoup pour les autres et à mon sens, c'est ce qui fait d'elle une vraie citoyenne''.

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